Débats et Opinions: Les victimes de Duekoué écrivent à Blé Goudé et Jean Yves Dibopieu

Par Correspondance particulière - Les victimes de Duekoué écrivent à Blé Goudé et Jean Yves Dibopieu.

Deux semaines, un, deux ou trois ans que durent les supplices assortis d’humiliations à nos frères, sœurs, parents et compatriotes que vous êtes dans les prisons du pouvoir ivoirien et de la France.
Dans le dernier scénario qui consacre à jamais sa laideur dans son entièreté, sa cruauté qui n’a rien à envier au nazisme, le régime ivoirien, plus que jamais, remet à l’ordre du jour le contexte obligatoire et incontournable de sa légitimité même et de sa capacité face au respect de la légalité.
En effet, épiloguer ou tenter de distraire sans fin, comme ils savent toujours le faire, sur les conditions inhumaines de détention des grands et valeureux patriotes que sont BLE Goudé et DIBOPIEU nous instruit davantage et nous convainc que nos bourreaux n’ont jamais rien appris d’autre que causer gratuitement du tort à autrui. Ce régime au pouvoir, parrainé par une communauté internationale qui ne s’est point gênée pour bombarder patriotes et démocrates en notre pays, a pour l’instant beau jeu de se déculotter au fil de frasques de plus en plus grotesques.
A BLE Goudé, à DIBOPIEU, à tous ces autres patriotes, connus et anonymes, qui endurent des sévices sans nom dans les prisons françaises en plein territoire ivoirien, le collectif des victimes de Duékoué apporte soutiens indéfectibles, prières de force morale inébranlable ainsi que de santé. Les victimes de Duékoué n’oublieront jamais que c’est parce que BLE Goudé, DIBOPIEU (et même tous nos valeureux soldats aujourd’hui embastillés) ont toujours été en première ligne pour dévoiler et pour déjouer, dès Septembre 2002, tous les pièges d’embrigadement et de servitude de la France qui, masquée derrière une rébellion sauvage, s’est attaquée à la Côte d’Ivoire de Laurent GBAGBO. Quelles meilleures preuves de l’affirmation qui précède que ces Français morts sacrifiés et oubliés pour les intérêts de la France que sont Philippe REMOND, LAMBELIN et bien d’autres moins connus, tués ici par des rebelles sans que l’Etat français ne s’en inquiète à ce jour? Les traitements inhumains et dégradants infligés au Français Michel GBAGBO et encore impunis, à qui profitent-ils, si ce n’est à la même France ?
Chers frères BLE, DIBOPIEU et tous les autres, vous en prison et en pleine galère, c’est nous aussi, qui prions et parfois ne dormons même plus pour vous, qui sommes en prison. Prison d’une profonde amertume, prison d’une grande tristesse mais surtout d’une grande déception devant la méchanceté affichée de ceux qui se veulent être nos gouvernants. Des gouvernants qui rendent peut-être ainsi la monnaie de la magnanimité et de tous les égards que le Président GBAGBO a eus à leur endroit, à une époque où ils étaient déjà fichés comme des rebelles et auteurs de crimes de masse contre les Ivoiriens. Les victimes que nous sommes n’abdiqueront point pour autant : la flamme de la grande espérance pour nous est là, sous nos yeux, qui nous dit que nos bourreaux, plus que nous, sont de vrais grands prisonniers. Prisonniers de leurs interminables mensonges, prisonniers de leur haine et de leur extrémisme longtemps attribué avec calomnie aux dignes patriotes ivoiriens, prisonniers de leur violence aveugle qui a fini par leur donner des cauchemars traumatisants.
Aujourd’hui, les voici, là, comme ça, devant nous, profondément perturbés en train de balbutier : au lieu de nous proposer la vérité que BLE Goudé, DIBOPIEU et la quasi-totalité des prisonniers, hormis ‘’leur’’ Amadè Ouérémi, vivent dans des conditions décentes et sans maltraitance, en nous montrant des vidéos propres et claires, c’est-à-dire réalisées par des sources neutres et crédibles, nos bourreaux se fourvoient et s’accusent davantage. Où sont-ils emprisonnés au juste, BLE, DIBOPIEU et autres patriotes, pour qu’ils ne reçoivent point de visite ? Pour nous, patriotes et victimes, il est clair que BLE Goudé n’est pas et n’a jamais été un dozo pour prétendre au don d’ubiquité ou de dédoublement de sa personne. Ce n’est point insulter monsieur Ahmed BAKAYOKO en disant que ‘’ses’’ photos de BLE Goudé, «réalisées» le mardi 11Mars 2014 à 11h30’, dans sa cellule, sont une carte plus que ténébreuse de la transparence que ce ministre a voulu afficher. C’est même le journal crée par le ministre A. BAKAYOKO, ‘’le Patriote’’ qui le contredit aussi gravement, alors que ce mardi-là, BLE Goudé est déjà devant le juge depuis 10h30’ pour une audition de six longues heures. Grossier montage et mensonge d’Etat, encore une fois, comme si nous n’avions aucun ami, parent ou quelque mal heureux citoyen étranger qui a séjourné et subi des sévices dans leurs goulags d’acide et d’électricité, et se retrouvant aujourd’hui en liberté !
Comme on le voit, chers frères BLE, DIBOPIEU et tous les autres prisonniers de la haine, l’embrouille, la confusion et le balbutiement sont le propre du tortionnaire rattrapé, toujours rattrapé par ses tares ou ses vices qui ont pour noms le mensonge, la haine d’autrui, la violence gratuite, le refus de la vérité et de sa saine lumière qui affranchit les humains que nous sommes. Or s’agissant de mensonge, de haine, de violence et de cruauté, y a-t-il la moindre différence entre nos bourreaux et leurs indiscutables maîtres qui ont lancé l’armée française contre nos vies et nos institutions républicaines, ici en Côte d’Ivoire? Juste cette parenthèse pour nous rappeler à tous la révélation faite par le tristement célèbre PONCET , ex- Commandant français de la force LICORNE en Côte d’Ivoire : «pour voir DIEU, il faut se rendre en Côte d’Ivoire !». Mais alors question : parrains et bourreaux ont-ils au moins compris PONCET et accepté la vérité intangible qu’ils ne sont point des immortels ou que tout jet de salive dans les airs ne restera pas à jamais suspendu, autre vérité qui nous réconforte et nous fortifie contre toute épreuve voulue par nos bourreaux ?
Oh, honte ! Oh, déception ! En parlant de montage sur les photos de BLE et DIBOPIEU, le journal le Patriote d’Ahmed BAKAYOKO pense-t-il ou veut-il nous faire croire qu’en 1999, sous BEDIE, il a fait du montage en publiant la photo d’un BLE Goudé malade et le pied enchaîné à un lit d’hôpital ? A propos de montages, disons que les victimes que nous sommes en avons tant eus et en sommes arrivés, croyons-nous à notre dernière dose forcée de mensonge: ivoirité, xénophobie, charnier de Yopougon, crise identitaire, exclusion des Ivoiriens du Nord, crise ivoiro-ivoirienne, contentieux électoral ou crise postélectorale, … Tout et son contraire nous ont été imposés via des crimes de masse encore toujours impunis et des bombardements français. Le dernier montage que veut nous faire avaler le régime au pouvoir est aussi grossier, honteux et pitoyable que celui qu’un autre BAKAYOKO (Youssouf, celui-là) nous a sorti un jour de Décembre 2010, à l’Hôtel du Golf et qui nous a conduit à ce jour au triste et aigre paradis que nous vivons. Dire oui quand on pense non, ou vis-versa, dire et se dédire à la fois en un laps de temps, comme Youssouf BAKAYOKO l’a fait impunément, relève bien aussi d’une grande expertise en montage, n’est-ce pas ?
A toi BLE Goudé, à toi DIBOPIEU, à vous tous de partout et récemment de Grabo, de Taï et de Tabou qui endurez des peines sans nom, les victimes de Duékoué vous demandent de tenir bon, comme vous avez su le faire jusqu’ici. La montagne et les murs du mensonge, de démontage en démontage, sont en train de s’écrouler, à cause du fait qu’il y a longtemps, bien longtemps que le peuple ivoirien, en son âme et conscience collectives, a siégé : jamais l’imposture, toute imposture, fût-elle parrainée par la France, ne pourra nous arracher notre patrie, en dignes descendants de nos pères que nous sommes. Souvenez-vous toujours, BLE Goudé , DIBOPIEU et tous les autres, que votre refus et votre courage à vous opposer à tous les faux montages et clichés des ennemis de notre patrie, ont suscité partout des millions de BLE Goudé et de DIBOPIEU à travers le monde.
Charles BLE Goudé, Jean-Yves DIBOPIEU et tous les autres, prisonniers de l’ombre et du silence forcé, les patriotes ivoiriens, les résistants africains et l’Histoire ne désespéreront jamais de vous, au contraire d’individus peu recommandables qui se sont adossés à des forces impérialistes françaises pour permettre le viol et l’assassinat de notre chère mère-patrie, la Côte d’Ivoire. Qui, aujourd’hui, pourrait, avec fierté, se prévaloir d’un Jonas SAVIMBI ou d’un Sam BOCKARIE dont les seuls noms nous renvoient au sang humain, à la mort, à la désolation et à la tristesse ? Une image simple pour vous dire, BLE et DIBOPIEU, que vous avez mené le bon combat, soyez-en fiers avec nous, malgré les chaînes qui nous étreignent tous. Honneur, courage et gloire à vous, BLE, DIBOPIEU et tous les autres patriotes sous le feu de la répression qui ne pourra jamais nous réduire au silence !!!
Le peuple ivoirien, nous le répétons, ayant déjà siégé en son âme et conscience, nous restons tous convaincus que la vraie justice doit enfin voir le jour parce que nous sommes fatigués du faux, de sa persistance et de ses pernicieuses conséquences. Devons-nous, en tant que patriotes, en tant que victimes, continuer d’accepter les chaînes de l’oppression qui nous assassinent à petit feu ? La réponse est toute trouvée en nos cœurs et en nos consciences, sur l’autel même de la vérité qui doit éclater enfin pour nous libérer tous, bourreaux et victimes, y compris Konan BANNY lui-même, ci-devant président de l’amorphe commission de dialogue, vérité et réconciliation (C.D.V.R.).

Pour le collectif des victimes de Duékoué (Carrefour & Nahibly) : Emmanuel Caleb, le 15 Mars 2014.