Débats et Opinions: APRÈS SANKARA QUELLE SERA LA PROCHAINE VICTIME DE COMPAORÉ, OUATTARA, OU SORO ? Par Isaac Pierre Bangoret
Par Ivoirebusiness - Débats et Opinions. APRÈS SANKARA QUELLE SERA LA PROCHAINE VICTIME DE COMPAORÉ, OUATTARA, OU SORO ? Par Isaac Pierre Bangoret.
Le procès du président Laurent Gbagbo à la Haye ne doit pas nous amener à perdre de vue la politique de la terre brûlée que prépare Ouattara en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, conscient de sa défaite judiciaire, malgré les tours de magie que s’efforcent de réaliser les procureurs Mac Donald et Fatou Bensouda, dans le but de faire condamner des leaders politiques africains innocents, opposés à l’exploitation abusive des ressources de notre continent par la France. Blaise Compaoré est protégé par Ouattara, l’ami de la France, pour créer des conditions favorables à la guerre civile aussi bien au Burkina Faso qu’en Côte d’Ivoire. Déboussolée par la réaction imprévisible du peuple burkinabé, la classe dirigeante française lui a concédé la nationalité ivoirienne. Sa présence en Côte d’Ivoire n’est qu’un repli stratégique. Il est un vers dans le fruit ivoirien, un atout sur lequel pourrait compter l’Elysée, après le départ prématuré de Ouattara, avec pour souci de conserver leur mainmise sur les deux pays : le Burkina Faso qu’il connaît parfaitement et la Côte d’Ivoire qu’il découvre progressivement de l’intérieur. Compaoré est l’un des fidèles de la France puisqu’il n’a pas hésité à assassiner son frère-ami, « fougueux et passionné » Thomas Sankara, pour se bâtir un clan de bourgeois africains favorables à sa politique macabre. De la doctrine politique fondée sur l’amitié, sur la fraternité, prônée par le « fougueux et passionné » Guillaume Soro, selon les termes du présumé Djibril Bassolé, Compaoré n’en a donc cure. C’est un légionnaire français qui n’obéit qu’aux ordres de la métropole. Les Africains se doivent donc de comprendre deux choses. Premièrement : La France est, en réalité, incapable de donner aux Africains ce qu’elle ignore elle-même : la démocratie. Deuxièmement : Blaise Compaoré ne fait qu’instaurer en Afrique ce fascisme propre à la France. La démocratie n’existe pas en France parce qu’elle ne se limite pas qu’à la séparation des trois pouvoirs. A quoi rime cette séparation si tous les citoyens ne jouissent pas des mêmes droits, ne bénéficient pas des mêmes opportunités, si l’information est erronée, au service des intérêts d’une minorité et non du peuple, l’éducation réservée, en définitive, à une élite, si le citoyen doit, à chaque fois s’effacer devant l’État parce que tout ce qui est entrepris est couvert par le secret d’État ; le cas de la mort non élucidée des 8 soldats français à Bouaké. Observons le parcours des femmes françaises de la Renaissance à la Révolution française pour s’en convaincre. Au XVI ième siècle voici ce que l’humaniste François Rabelais disait de ses soeurs, filles, épouses et mères : «Quand je dis femme, je veux dire un sexe si fragile, si variable, si changeant, si inconstant et imparfait, que la Nature me semble, quand elle a bâti la femme s’être égarée de ce bon sens selon lequel elle avait créé et formé toutes choses. […] Il est certain que Platon ne sait pas à quel rang il doit les placer, celui des animaux raisonnables, ou celui des bêtes sauvages » (Le Tiers livre chap 32). Cette philosophie d’un autre âge inspire malheureusement les dirigeants français de notre époque, comme Sarkosy et même Hollande, dans les rapports qu’ils entretiennent avec les Africains. Il nous suffit d’analyser les faits pour s’en rendre compte ; doit-on, en effet, continuer ce procès de la honte, après avoir voulu assassiner le président Laurent Gbagbo et l’avoir déporté avec son ministre Blé Goudé à la Haye, pour avoir défendu l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire ? Les Africains ne sont-ils pas comparés dans leurs salons feutrés à des animaux raisonnables ? Les micros ouverts pour communiquer, à dessein, les noms des témoins à charge suivants: Sam l’Africain, les généraux Mangou et Kassaraté n’avait qu’un seul but ; commettre un crime parfait, en causant une attaque cardiaque au président Gbagbo. Mais Dieu l’a maintenu vivant et les a pris à leur propre piège, en amenant Sam l’Africain à disculper le président Gbagbo. La France ne peut, en effet, donner aux Africains ce qu’elle méconnaît : la démocratie. Avec Jean Paul Sartre, un intellectuel du vingtième siècle, nous découvrons, dans son oeuvre intitulée : « Les mains sales » le principe politique qui régit aussi bien la vie politique française que celle de leurs colonies. Dans la pièce
existentialiste de Sartre, la lutte politique se déroule sur deux fronts ; sur le plan officiel et sur le plan officieux, dans la clandestinité. Un fasciste, allié des Allemands, à la tête d’un pays fictif appelé Illyrie est opposé sur son sol à des mouvements de résistance clandestins : le Pentagone (allié des Américains) et le Parti du Prolétariat (communiste) allié de l’Union Soviétique. Dans sa pièce, ces trois groupes idéologiquement opposés ; fascistes, communistes et démocrates, signent, dans la clandestinité, des accords pour se partager le pouvoir au détriment du peuple, qu’ils réussissent à manipuler à merveille, au moyen du mensonge, de la désinformation. Cette France d’hier assiégée symbolisée par l’Illyrie est identique à celle d’aujourd’hui, sans l’ennemi commun : l’Allemagne nazie. La politique française n’est que le fruit d’accords clandestins qui n’expriment pas réellement la volonté du peuple français. Ces accords officiels et officieux sont aussi instaurés aujourd’hui en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Congo… dans le but d’étouffer dans l’oeuf toute démocratie ; du PDCI-RDR nous sommes aujourd’hui au RHDP, à la veille des législatives. De l’avis des militants, les chefs des partis politiques n’en ont cure ; la France ne fait que nous transmettre sa politique exécrable dont le but est de défendre la « bourgeoise », les multinationales, les patronymes. Des terroristes sont combattus officiellement mais l’on se sert officieusement de ses âmes vulnérables pour déstabiliser l’adversaire politique, et surtout l’assassiner. C’est au nom de ces accords signés dans la clandestinité que le légionnaire-président Compaoré a créé les conditions de l’assassinat de Sankara et favorisera le meurtre d’un de ses proches jugés gênants en Côte d’Ivoire, au moment opportun, pour créer les conditions d’une guerre civile puisque le procès de la Haye du président Laurent Gbagbo est en train d’accoucher d’une souris. Si la France n’est plus dans un état de guerre et favorise des accords officieux à la veille de toute élection sur son territoire, en Côte d’Ivoire et au Burkina, Ouattara et Compaoré maintiennent les conditions d’une guerre permanente pour briser tout élan démocratique et gouverner au moyen de la terreur. La fin tragique de la révolutionnaire féministe et humaniste Olympe de Gouges (1748 – 1793), pour avoir osé défendre la voie qu’elle a cru juste est celle que réserve les sexistes et despotes français à tous les Africains qui refusent de plier l’échine : elle fut arrêtée et guillotinée. Son cri de coeur est celui de tous les Africains martyrisés : «Homme » écrit-elle, « es-tu capable d'être juste ? C'est une femme (un Africain) qui t'en fait la question; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe (les peuples africains)? Ta force? Tes talents? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique […] il veut commander en despote sur un sexe (un peuple) qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la Révolution et réclamer ses droits à l’égalité pour ne rien dire de plus » (Extrait du Préambule des droits de la femme et de la citoyenne 1792). Le combat avec Gbagbo est celui de la dignité et de l’unité des Africains, en vue d’une sincère et véritable réconciliation en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, car nos récriminations ne doivent pas mettre en péril la vie de nos nations respectives. C’est de cette manière que nous vaincrons la politique macabre de la France, de Ouattara et de Compaoré, qui se servent du droit pour gouverner comme des despotes. Servons-nous du droit pour affermir notre autorité dans la justice.
Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)