CPI : Sortir de la politique pour rendre la justice, Par Dagbo Raphaël

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - CPI. Sortir de la politique pour rendre la justice, Par Dagbo Raphaël.

Dagbo Raphaël.

Le 19 Juillet dernier, sur requête de la défense, la chambre d’appel de la CPI demande à la chambre de première instance de réexaminer son refus de mettre en liberté le Président Laurent GBAGBO. Le 25 Septembre 2017, la décision de cette chambre de première Instance a été rendue publique.
Elle est conforme au précédent refus. Cette attitude nous pose encore une fois question quant à la philosophie de cette cour pénale. Par delà l’habillage juridique que constituent sa structure formelle et son fonctionnement apparent, sommes-nous véritablement face à une cour de justice ? Sommes-nous vraiment dans une démarche judiciaire qui identifie des faits et les éclaire par des preuves pour statuer et décider en toute indépendance ? La question peut paraître naïve. Elle permet cependant à ceux qui avaient encore quelques illusions à se faire une opinion.
La nôtre était déjà établie. Il suffit de se reporter aux conditions dans lesquelles le Président Laurent GBAGBO a été déportée à la Haye ; le temps anormalement long qui s’est écoulé avant que ce « procès » démarre ; la légèreté des raisons alléguées pour justifier de manière sempiternelle le refus de le mettre en liberté alors que le délai raisonnable est largement dépassé… En regardant ce fonctionnement absolument tendancieux, le Monde s’interroge aujourd’hui légitimement sur la capacité de cette institution à dire librement le droit. Cette
interrogation s’est clairement exprimée à travers la décision ou l’intention de certains pays à reprendre leur signature quant au traité de Rome qui a institué la CPI. La crédibilité de cette institution est objectivement posée et cela est inquiétant au regard de l’importance de l’intention qui l’avait fait naitre.
En rendant sa liberté au Président Laurent GBAGBO et à Charles Blé GOUDE détenus abusivement à la Haye, la CPI a l’occasion de se re-crédibiliser
et de redevenir l’espoir des peuples et non de Présidents criminels installés et soutenus. Il s’agit pour la CPI de retrouver un peu de dignité en agissant en institution judicaire plutôt qu’en instance supplétive de soutien à des gouvernants à la tête de petites dictatures douces ou tièdes à l’ombre de puissances étrangères ouvertement intéressées. Maître Robert Badinter disait au Président François Mitterrand qui venait de le nommer Garde des sceaux Ministre de la justice :
« Monsieur le Président, je vous remercie de m’avoir distingué, mais j’ai désormais envers vous un devoir de désobéissance ».
Ce qu’attendent les peuples de la CPI, ce n’est pas de rentrer dans des calculs politiciens liés aux calendriers électoraux comme elle semble le
faire en Côte d’Ivoire en retardant sans raison valable la libération du Président Laurent GBAGBO et de Charles Blé GOUDE. Les peuples du Monde
attendent que cette cour dise le droit en éclairant les faits avec des preuves convaincantes parce qu’irréfutables.
En la matière, quasiment tous les témoins à charge ont montré que le Président Laurent GBAGBO n’est ni partenaire d’un quelconque plan commun, il n’a ni violé ni maltraité personne… Ils ont montré à satiété qu’ils souhaitaient que le Président soit libre pour participer à mettre en œuvre la priorité que constitue la nécessité de retisser les fils du tissu social ivoirien qui s’est gravement délité. Ils ont montré librement que le Président Laurent GBAGBO avait évité l’implosion de son pays en s’évertuant à tendre la main voire sa poitrine à ceux qui le tenaient en joue. Ils ont montré abondamment que le Président a fait du mieux qu’il a pu pour honorer le serment de protéger les Ivoiriens et défendre l’intégrité du territoire avec les caisses vides de l’Etat dont il a hérité.
Laurent GBAGBO sait qu’il est trop tard pour les Ivoiriens d’avoir cette haine qui conduit à la vengeance que lui-même n’a jamais eue. Ils ont montré que Laurent GBAGBO est le chainon manquant pour orchestrer cette réconciliation sans laquelle tous les progrès supposés ou réels ne concernent que fort peu les Ivoiriens…
Il reste à la CPI d’entendre ces témoins, pourtant à charge, pour sauver son honneur en sortant de la politique pour rendre enfin la justice.

Par Raphaël DAGBO
Président de l’Association des Amis de Laurent GBAGBO.