CPI Rebondissement - Affaire Laurent Gbagbo V La procureure: La proposition embarrassante de Bensouda à Ouattara

Par IvoireBusiness - La proposition embarrassante de Bensouda à Ouattara.

Photo: Image d'archives.
Mardi 3 avril 2012. Abidjan. Alassane Ouattara accorde une audience à la Procureur Adjointe de la Cour Pénale Internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda.

L’affaire n’est plus loin de tourner au vinaigre pour les adversaires du président Laurent Gbagbo qui ont cru avoir fait le plus dur en l’envoyant à la CPI. Aujourd’hui, si on en croit certaines indiscrétions, ils ne sauraient plus par quel bout tenir l’affaire qui semble leur filer, chaque jour un peu plus, entre les doigts. Révélations.

L’information émane de sources proches d’une représentation diplo - matique à Abidjan qui a joué un rôle déterminant dans la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara. Celle-ci rend compte d’un échange récent qu’a eu la procureure de la cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda avec le chef de l’Etat ivoirien. En effet, selon ces informations, la magistrate, dans le souci de donner plus de crédibilité à sa démarche et éventuellement, s’offrir des chances de l’emporter dans l’affaire qui l’oppose au président Laurent Gbagbo, s’est récemment ouverte à Alassane Ouattara pour lui faire part d’une préoccupation majeure. Celle de livrer maintenant à la CPI, au moins une grosse tête de son écurie impliquée dans le conflit ivoirien de peur de voir Laurent Gbagbo être libéré prochainement par les juges. En réponse, le chef de l’Etat proposera à la Gambienne de faire transférer Amadé Wrimi à la Haye. « Qui c’est ? », aurait interrogé Bensouda. Et Ouattara de présenter l’ex-seigneur du mont Péko comme celui qui a massacré plus de 1000 personnes à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Une carte de visite qui, confient nos sources, n’a pas séduit la procureure qui aurait rétorqué que le régime ivoirien a toujours soutenu que ces tueries sont l’œuvre des partisans de Laurent Gbagbo et soutenir aujourd’hui le contraire, avec Amadé Wrimi comme bourreau, la fragiliserait davantage devant la Cour. Et pour éviter d’en arriver là, il faudrait que le président ivoirien accepte de livrer Guillaume Soro ou à défaut, tous les principaux ex-‘com zones’ que sont les Martin Fofié Kouakou, Chérif Ousmane, Issiaka Ouattara dit ‘Wattao’, Koné Zakaria et Losséni Fofana dit ‘Loss’. Une proposition qui aurait eu l’effet d’un coup de massue porté au chef de l’Etat qui a préféré botter en touche sur le sujet, promettant à son interlocutrice d’en reparler plus tard. Commentant cet échange entre les deux personnali - tés, la source d’Aujourd’hui, fera observer que si Fatou Bensouda en est à présent, à réclamer aussi énergiquement la présence, dans le box des accusés, des gros bras de la garde rapprochée d’Alassane Ouattara, c’est qu’elle n’a pas confiance, elle-même, dans les preuves additionnelles qu’elle a récemment versées au dossier à la demande des juges. Sinon, « elle n’aurait pas demandé l‘impossible à Ouattara » conclura la source. Assurément, une situation qui vient donner du grain à moudre à tous ceux qui ont, de tout temps, soutenu que le dossier Gbagbo est vide et pue à mille lieues, le complot politique. Autrement, Luis Moreno Ocampo,- qui, le premier, s’est cassé les dents dans l’affaire-, et maintenant Bensouda, n’auraient pas eu au - tant de mal à convaincre la Cour de la culpabilité du président Laurent Gbagbo dans les faits qui lui sont reprochés et qui ont valu son transfèrement à la Haye. Une difficulté qui accroit, dans les milieux proches du dirigeant ivoirien, le sentiment d’une prochaine libération de leur champion. Un retour que tous attendent aujourd’hui avec impatience au regard de l’état de décrépitude des libertés individuelles et collectives dans le pays, de la misère croissante des ménages et d’une cartellisation en règle de la Côte d’Ivoire ainsi promise à la faillite, qu’ils notent. Mais aussi pour les besoins d’une réconciliation vraie et d’une paix durable à bâtir au lendemain d’une décennie de crise politico- militaire qui a profondément balafré le pays. Pour rappel, c’est le 03 juin dernier que les juges de la CPI ont estimé que les preuves de l’accusation n’étaient pas suffisantes pour aller à un procès. D’où l’invitation à enrichir la copie de l’élève Bensouda, pour la prochaine audience. Une échéance qu’aussi bien l’accusation que la défense, préparent minutieusement pour rafler la mise le jour ‘J’. ▄

Géraldine Diomandé
Source: Aujourd’hui / N°461 du Vendredi 20 Septembre 2013