Cpi / Acquittement de Gbagbo et Blé Goudé: Me Zokou livre des confidences

Par Linfodrome - Cpi / Acquittement de Gbagbo et Blé Goudé. Me Zokou livre des confidences « Nous sommes très heureux et très fiers au terme du travail de démonstration et de démontage de la stratégie du procureur ».

Me Seri Zokou, avocat de Charles Blé Goudé, lors d'une audience à la CPI. Image d'archives.

Invité de l'édition du soir du journal Afrique de Tv5 Monde du jeudi 07 juin 2018, Me Seri Zokou, membre de l’équipe de défense de Charles Blé Goudé, dont le procès est en cours à la Cour pénale internationale, a livré des secrets sur l’état d’esprit de son client et dévoilé son optimisme quant à l’issue de cette affaire.

Est-ce que vous avez des nouvelles de votre client ?

J’ai, quotidiennement, des nouvelles de M. Charles Blé Goudé que j’ai vu il y a quelques jours. Et il se porte aussi bien que possible dans ce centre de détention qui n’est pas facile. Il est fidèle à lui-même, c’est-à-dire quelqu’un qui a foi en la justice, en la liberté et qui pense que, comme il le dit souvent, bientôt, il fera jour et que son innocence sera établie. Il reçoit amis, adversaires, partenaires et admirateurs du monde entier dans le seul but de travailler à la réconciliation et à la paix en Côte d’Ivoire.

Et le fait qu’aujourd’hui, vous puissiez plaider l’acquittement, en quoi cela va-t-il influer sur votre stratégie de défense ?

Ce moment est très important, parce que cela fait 7 ans que le procureur avait lancé les accusations que vous connaissez. Et dans le procès pénal particulièrement devant la Cour pénale internationale, la charge de la preuve incombe à l’accusation et donc au procureur. 7 ans, deux ans de procès effectif, le procureur a fini de présenter ses preuves et nous constatons, pour notre part qu’il est face à une impossibilité insurmontable, celle de démontrer une quelconque responsabilité de M. Charles Blé Goudé.

Et qu’est-ce que vous reprochez essentiellement au dossier de l’accusation ?

Le dossier de l’accusation n’a pas plus de prise, en fait sur la réalité ivoirienne. « L’accusation » s’est focalisée sur un dossier monté vraisemblablement par les autorités ivoiriennes actuelles et donnée des rapports visant à présenter M. Charles Blé Goudé comme celui qu’il n’était pas. Alors nous avons démontré face au défilé des témoins du procureur qu’aucun d’entre eux et aucune des preuves du procureur était de nature à établir cette responsabilité de Charles Blé Goudé. Il est très important de dire qu’à partir de ce moment, nous avons estimé qu’il fallait demander l’autorisation aux juges de nous accorder le droit d’introduire une requête en vue d’obtenir l’acquittement complet de notre client. Et j’insiste là-dessus pour dire qu'en réalité, ce n’est pas une mesure qui est prévue formellement. C’est assez exceptionnel que des juges, en cours de procès accordent ce droit et nous sommes très heureux et très fiers au terme du travail de démonstration et de démontage de la stratégie du procureur, d’aller vers cette issue.

En tant qu’avocat de Charles Blé Goudé, est ce que vous avez la même stratégie de défense, les mêmes arguments que les avocats de Laurent Gbagbo ?

Le procès est joint et en tout état de cause, nous nous sentons liés par les charges. En ce qui concerne les stratégies, elles seront vues au moment opportun. Il ne faut pas oublier que nous avons l’obligation de rendre notre ‘’requête en demande d’acquittement’’, pour le 20 juillet. Ce qui est intéressant et ce qui est aussi exceptionnel est que nous allons devoir plaider devant la face du monde le 10 septembre prochain et dans les jours qui suivent.

Et vous aurez la même stratégie que les avocats de Laurent Gbagbo ou pas ?

Notre stratégie sera fonction des circonstances et elle sera connue en ce moment-là. Mais en tout état de cause, les équipes travaillent en bonne intelligence et c’est le plus important parce que nous sommes tous unis par la quête d’une vérité qu’on a trop longtemps camouflée et dont finalement l’éclosion est en train d’approcher et apparaît comme inévitable au regard de ce que nous avons constaté sur ces deux dernières années.

Jean Kelly Kouassi (Stg)