CPI – Verdict imminent: Laurent GBAGBO « ZEN » et confiant. Les juges vont-ils dire le droit ?

Par IvoireBusiness – La CPI défiera-t-elle l’UA qui exige la libération de Gbagbo?

En principe et selon les informations en notre possession, l’audience de confirmation ou d'infirmation des charges de la chambre préliminaire 1 de la CPI, dans l’affaire GBAGBO contre la procureure Bensouda devrait se tenir aujourd’hui lundi 03 ou mardi 04 juin 2013. Ira-t-on vers un Procès ou vers un abandon des charges ? On se perd en conjectures et les supputations vont bon train. Quelque soit le cas de figure, le Président Gbagbo reste égal à lui-même.
Il a fait passer des messages à l’endroit de ses partisans. Il est « ZEN » et confiant en ce que la vérité triomphera. Selon ses proches et ses conseillers dont Guy Labertit et Bernard Houdin, son moral est au Zénith.
Selon son avocat Me Emmanuel Altit, le président Gbagbo affiche une grande sérénité et sa stature d’homme d’Etat s’est même renforcée. Il est plus inquiet pour les ivoiriens que pour lui-même. Il pense beaucoup plus à l’Afrique qu’à son propre sort.
Mais les analystes se posent avec acuité la question suivante : La CPI dira-t-elle le droit le lundi 03 ou mardi 04 juin 2013 dans le procès qui oppose Laurent GBAGBO à Fatou Bensouda?
Cette dernière, on se rappelle, avait fait du « FAUX » en accusant Laurent Gbagbo de crimes commis au Kenya, avant de le reconnaître et de s’excuser publiquement.
A quoi le monde entier devra-t-il s’attendre? A un procès politique ou à ce que le droit soit dit à la lumière des faits, eu égard à la faiblesse du dossier ?
Les heures qui viennent nous le diront.
Deux cas de figure peuvent s’offrir à nous. Soit les juges de la CPI, vu les preuves fantaisistes et insuffisantes de la procureure Fatou Bensouda, décident de dire le droit et mettent fin à la mascarade qui se déroule contre GBAGBO, ou alors elle passe en force en ouvrant un procès, confirmant que la CPI est une juridiction avant tout politique où le droit est un leurre.

A cet effet, maître Norbert Tricaud, spécialiste des procès à la CPI et membre du collectif des avocats du Congolais Jean Pierre Bemba s’est penché sur les enjeux de la détention du président Laurent GBAGBO à la CPI.

LAURENT GBAGBO DEVRAIT EN PRINCIPE ÊTRE LIBERE S’IL S’AGISSAIT DE DIRE LE DROIT

Pour cet éminent juriste, après les premières audiences, les observateurs avisés ont compris que s’il s’agissait de dire le droit dans cette affaire, la cour pénale internationale devrait derechef libérer Laurent GBAGBO le 04 juin et lui présenter même des excuses pour l’avoir détenu deux ans. "Les charges de l’accusation sont fantaisistes. L’accusation s’est ridiculisée. La nullité des preuves montre bien qu’il n’y a rien de sérieux contre GBAGBO… dira t-il avant de reconnaître que telles que se présentent les choses, on comprend aisément que " La CPI veut absolument garder le plus longtemps possible Laurent GBAGBO, pour l’éloigner de la Côte d’Ivoire. L’appel à recruter des traducteurs en langue vernaculaire de Côte d’Ivoire présage que la CPI pourrait être tentée de prolonger la détention de Laurent GBAGBO. Nous connaissons les méthodes des hommes et femmes de ce tribunal. Ils ne savent pas cacher les choses. On l’a déjà vécu dans le procès du Sénateur Jean Pierre Bemba. " En d’autres termes, on pourrait être embarqué pour une confirmation partielle des charges qui devrait aboutir à d’autres enquêtes insidieuses pour mettre, c’est le cas de le dire, Laurent GBAGBO sous l’éteignoir.
Mais cette approche était valable avant que l’Union africaine ne s’invite au festin.
En effet, lors de la célébration du cinquantenaire de l’OUA à Addis Abeba, le président en exercice de l’UA, le Premier ministre Haïlé Mariam Desaleign, a publiquement accusé la CPI d’être une Cour raciste, manipulée, partiale, aux ordres des grandes puissances. Les cas des présidents Gbagbo, Omar El-Bechir, et Uhuru Kenyatta ont été abordés par les chefs d’Etat durant le sommet.
Une résolution officielle a même été prise en faveur du Président du Kenyan Uhuru Kenyatta, exigeant que la CPI abandonne les charges portées contre lui et son vice-président Rutto, et que la justice kenyane se saisisse de ce dossier.
L’UA serait même prête à porter cette affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU, si elle n’obtenait pas gain de cause.
La CPI, qui dépend du Conseil de sécurité, peut-être ignorer cette défiance de l’UA à son égard ?
Selon plusieurs analystes, ce serait suicidaire. Elle serait à terme amené à disparaître, car privée de son principal fonds de commerce, à savoir l’Afrique. Car selon ces mêmes analystes, l’UA pourrait à terme ne plus reconnaître la CPI comme juridiction internationale.
La solution résiderait dans le cas Gbagbo à sortir par le haut en faisant trainer le dossier, pour ensuite le libérer le moment venu.

Michèle Laffont,
Correspondante permanente aux Pays Bas