Cour pénale internationale : Gbagbo-Taylor, de grands complices à La Haye
Publié le jeudi 12 avril 2012 | L'Inter - On les savait ennemis, mais ils se sont, par la force du destin, liés d’amitié. Co-détenus à la prison de Scheveningen à La Haye, les ex-chefs
Publié le jeudi 12 avril 2012 | L'Inter - On les savait ennemis, mais ils se sont, par la force du destin, liés d’amitié. Co-détenus à la prison de Scheveningen à La Haye, les ex-chefs
d’Etat libérien Charles Ghankay Taylor et ivoirien Laurent Koudou Gbagbo, ont fini par se rapprocher, oubliant leur inimitié d’hier. Selon des sources citées par RFI, l’ancien N°1 ivoirien rend de fréquentes visites à son homologue libérien Charles Taylor, avec qui il échange des informations, notamment sur l’évolution de la vie politique en Côte d’Ivoire, au Libéria et dans le reste du monde. « En dehors de ses visiteurs, Laurent Gbagbo fréquente ses codétenus, y compris Charles Taylor, l'ex-président du Libéria. Selon ses proches, l'entente est cordiale, alors que ça n'était pas gagné d'avance tant le passif est lourd entre les deux hommes », a rapporté Radio France Internationale dans l’une de ses éditions matinales d’hier mercredi 11 avril 2012, jour de commémoration de la chute de l’ex-chef de l’Etat ivoirien en 2011. Une amitié que ne laissait aucunement présager les relations entre les deux hommes, du temps où ils étaient aux commandes de leurs pays respectifs. Taylor et Gbagbo n’avaient en effet pas les atomes crochus. A la tête de deux pays frontaliers secoués par des guerres, leurs rapports étaient plutôt conflictuels. Laurent Gbagbo soupçonnait son voisin Charles Taylor, véritable chef de guerre à la tête d’un pays déchiré par plusieurs années de conflit armé, de compromettre la stabilité dans la partie ouest de son pays. « J’ai dit à Taylor de ne pas attaquer l’Ouest, mais il ne m’a pas écouté (…) », avait déclaré Laurent Gbagbo au cours d’un de ses discours, quand il était encore en fonction. La partie ouest de la Côte d’Ivoire était en effet en proie à de fréquents épisodes de violences très souvent imputés à des mercenaires libériens en manque d’activité. Les positions des forces impartiales en faction à l’Ouest étaient bien souvent les cibles d’attaques de ces mercenaires libériens. Un communiqué de la force française en Côte d’Ivoire publié en 2003 précisait à cet effet que « (…) des bandes importantes d’incontrôlés venant du Libéria ont fait intrusion en territoire ivoirien dans la région de Toulépleu (…). Ces bandes font régner un climat de violence grave sur les populations ivoiriennes frontalières et leurs exactions sont à même de remettre en cause le statu quo issu de la signature de cessation des hostilités entre le gouvernement ivoirien et les rebelles de l’Ouest ». Les rebelles du MPIGO (Mouvement populaire ivoirien du grand ouest) qui avaient investi l’Ouest, et qui étaient dirigés par feu Félix Doh, démentaient toute implication dans ces attaques. En revanche, le chef de guerre Doh Félix expliquait qu’il s’agissait d’une affaire entre Gbagbo et Taylor. « Le gouvernement d’Abidjan avait cautionné des mercenaires qui ont attaqué le Libéria, et aujourd’hui subit une réaction des Libériens. Cela ne nous regarde pas. C’est une affaire entre Gbagbo et Taylor », avait-il dit à cette époque. Signe que ça n’allait pas entre Gbagbo et l’ex-président libérien. Qui lui également soupçonnait la Côte d’Ivoire d’agir contre ses intérêts dans le conflit au Libéria, en introduisant des mercenaires ivoiriens au côté de son adversaire. Gbagbo et Taylor se regardaient donc en chiens de faïence. Ils étaient cependant loin de s’imaginer que le sort les réunirait comme co-détenus dans les geôles de la prison de Scheveningen, où ils se parleraient sans acrimonie. Passées les périodes de tension, les deux hommes ont désormais des relations cordiales depuis qu’ils se sont retrouvés dans les couloirs de la prison de Scheveningen.
Hamadou ZIAO