COUP D’ETAT EN CENTRAFRIQUE: DÉCLARATION DE LA MINISTRE MARIE-REINE HASSEN

Le 25 mars 2013 par IVOIREBUSINES - Seule une femme pourra éteindre le brasier de la République Centrafricaine.

DÉCLARATION DE MARIE-REINE HASSEN, ÉCONOMISTE, ANCIENNE MINISTRE ET EX-CANDIDATE A L'ELECTION PRÉSIDENTIELLE EN CENTRAFRIQUE,

Le pays est à nouveau à feu et à sang, et doit endurer les souffrances dues aux violences armées, aux pillages des populations civiles, aux viols des Centrafricains et à la destruction du peu qui reste de la mauvaise gestion publique de l’équipe du président François Bozizé, au pouvoir depuis 2003.

Le Général François BOZIZE a été dans la totale incapacité de mobiliser l’armée nationale pour repousser les troupes rebelles et protéger la population.

Le peuple centrafricain vit aujourd’hui avec stupeur, inquiétude et profond désarroi le drame qui frappe le pays.

Les accords signés avec les mouvements rebelles sont de tout temps nés de négociations troubles et de compromis politiques médiocres. Ils ont permis d’encourager l’usage de la rébellion armée et la violence contre les civils comme la principale voie de revendication politique. Les engagements n’étant jamais respectés par aucune des parties, quelques unes des revendications de la coalition armée sont justifiées.

Le peuple Centrafricain ne veut plus d’hommes politiques aux desseins égoïstes qui ne poursuivent qu’un seul but, celui d’assouvir leurs ambitions personnelles. Ceux-ci se sont fourvoyés dans les négociations de Libreville, dont l’accord du 11 janvier 2013 avait déjà été dénoncé par de nombreux observateurs politiques internationaux comme étant non applicables.

En ma qualité de responsable politique, ancien ambassadeur, ancien ministre et candidate à la dernière élection présidentielle, j’avais déjà dénoncé cet accord qui, de toute évidence ne réglait pas les difficultés profondes de la République Centrafricaine. Les intérêts des différents partenaires de cet accord étaient radicalement divergents.

Aujourd’hui, d’autres groupes de rébellion plus puissants, bien entraînés et composés de véritables militaires disciplinés et bien encadrés, avec le respect du code militaire et maitrisant l’art de la guerre se tiennent prêts à intervenir et engager le pays dans une véritable guerre généralisée dont les principales victimes seront toujours les populations civiles centrafricaines qui ont déjà souffert de ces violences à répétition. Ces groupes ont le soutien des Forces Armées Centrafricaines.

Bien que je comprenne les revendications légitimes exprimées par la coalition Séléka, qui reprennent certaines des préoccupations des populations centrafricaines, j’écarte toute prise du pouvoir par la violence armée des troupes rebelles et toute conservation du pouvoir par un président contesté.

Désormais, il faut agir vite pour enrayer les conditions de l’émergence de nouvelles rébellions et mettre fin aux cycles de vengeance et de règlements de compte perpétuels. Pour arrêter le cataclysme, il convient de s’attaquer à ses causes structurelles. La saine gestion publique et le redressement économique de la République centrafricaine sont des sujets sérieux et un devoir de tous les Centrafricains. L’avenir de notre pays et de notre peuple ne peut être abandonné au bon vouloir des confrontations armées entre le pouvoir et les troupes rebelles, quelles qu’elles soient. L’enchaînement des violences actuelles ne peut que conduire à encore plus de violences, de destructions et de souffrances pour le peuple Centrafricain.

Mon devoir est de rétablir l’autorité de l’Etat Centrafricain, car si je n’interviens pas, le peuple centrafricain, épuisé et ramené à l’état de survie, finira par se soulever et provoquer un affrontement armé généralisé. Pire encore, des scénarii rappelant soit le «génocide rwandais», soit la «crise ivoirienne» plongeraient le pays dans l’abîme.
La voix du peuple doit être portée et entendue : nous rejetons toute forme d’insécurité, et décidons de prendre désormais notre destin en main. Il est donc urgent de mettre en œuvre un ensemble de réformes pour prévenir les causes profondes de l’instabilité.
Aujourd’hui, je suis la personne apte à reprendre le pays en main et à le conduire dans le bon sens. Je suis une femme d’Etat. Je suis le rassembleur qui vient restaurer l’unité et l’intégrité du pays.

J’incarne la diversité ethnique, culturelle et religieuse de la RCA. Je représente l’alternative crédible pour l’émergence d’une Nouvelle Centrafrique dont l’heure est au renouvellement de la classe politique. Il y va de la survie de la Centrafrique et de son peuple. Seul un véritable changement de gouvernance apportera une paix durable.

Conjuguons nos efforts pour trouver une solution définitive à la décadence de notre pays.

Seule une femme pourra éteindre définitivement le brasier de la République Centrafricaine.
Je demande aux centrafricains de tous bords de me prêter main forte pour la restauration de la confiance entre les centrafricains.

Paris le 24 Mars 2013

Marie-Reine HASSEN