Côte d'Ivoire / Pr Bruno Gnaoulé Oupoh, Professeur Titulaire des Universités: Autopsie du pouvoir Ouattara (Partie 1)

Par IvoireBusiness - Côte d'Ivoire / Pr Bruno Gnaoulé Oupoh, Professeur Titulaire des Universités. Autopsie du pouvoir Ouattara (Partie 1).

Pr Bruno Gnaoulé Oupoh, Professeur Titulaire des Universités.

Le Pr Bruno Gnaoulé Oupoh est Professeur Titulaire des Universités, vice-président du Front populaire Ivoirien (FPI) et analyste politique. Dans un document inédit, il fait le tour de la gestion politique du pouvoir Ouattara. Nous vous proposons en deux diffusions ce document du professeur Gnaoulé Oupoh. Dans cette première partie, il donne son analyse sur les perspectives de la démocratie ivoirienne.

Quelles perspectives pour la démocratie en Côte d’Ivoire ?

Propos liminaires sur la démocratie

C’est bien connu, et il n’est plus besoin d’en faire la démonstration, c’est le Président Laurent Gbagbo qui est le père de la démocratie en Côte d’ivoire. Outre le fait d’avoir donné toute sa vie par des prises de position courageuses, ponctuées d’arrestations, humiliations et emprisonnement multiples qui en ont favorisé l’éclosion et le murissement dans les consciences citoyennes de notre pays, ce sont bien Laurent Gbagbo, et le Front Populaire Ivoirien qui se sont battus pour que soient instaurés, dans notre pays un cadre électif consensuel, inclusif et des instruments de vote appropriés.

En effet, c’est par son combat que Laurent Gbagbo a obtenu le vote des jeunes à 18 ans. Sous le régime du parti unique, dans un pays comme la Côte d’Ivoire dont ils constituaient pourtant plus de la moitié de la population, les jeunes n’avaient pas droit au vote. Ils en étaient exclus.

C’est Laurent Gbagbo qui les y a inclus en même temps qu’il a créé les conditions matérielles qui ont rendu les élections transparentes donc démocratiques et par conséquent crédibles : urnes transparentes, bulletin de vote unique, listing et découpage électoraux consensuels.

En lieu et place du ministère de l’intérieur sous le parti unique, la Commission Electorale Indépendante est dans sa conception le fruit du combat du Président Laurent Gbagbo.

Fonctionnant totalement à l’envers du Président Gbagbo dans un discours démagogique qui le discrédite chaque jour Alassane Ouattara a fini par devenir le plus grand repère de valorisation des idéaux et du combat du Président Laurent Gbagbo.

1- Ouattara le plus grand propagandiste du Président Laurent Gbagbo

C’est fait, le verdict est définitivement tombé. Les dernières élections locales couplées, violentes, truquées et meurtrières du 13 octobre 2018, ont fini par révéler que le mentor du RDR est devenu le plus grand propagandiste du Président Laurent Gbagbo.

Plagiaire du projet de société et du programme de gouvernement du Front Populaire ivoirien, Alassane Ouattara et sa clique d’hommes d’affaires fonctionnent depuis huit ans, dans l’exact opposé des acquis sociaux du régime Gbagbo :

- Ecole et fournitures gratuites abandonnées au profit de sa truculente et analphabète ministre de l’éducation nationale qui se rassasie chaque année des frais d’inscription de plus en plus exorbitants.

- Assurance maladie universelle dévoyée dans une CMU morte en couches ;

- Produits agricoles (Hévéa) payé à plus de 1 000 frs le Kg par le régime Gbagbo et qui n’a jamais depuis 8 ans pu franchir le cap de 500 frs le Kg sous Ouattara au profit de multinationales et hommes d’affaires - Les 500 milliards perdus par la filière Café – Cacao, au profit de Ouattara et de son clan, au détriment du monde paysan que le Président Gbagbo avait en son temps comblé par l’achat du Kg de cacao bord champ à 1 200 frs / Kg.

Le 12 mars 2018, un rapport d’audit a été remis au gouvernement par le cabinet KPMG et on y retrouve des informations ahurissantes sur le népotisme et le clientélisme qui ont plombé cette filière si précieuse pour notre pays. C’est un document de 152 pages accablant pour M. Ouattara qui avait promis redonner ses lettres de noblesse à ce secteur afin que les paysans qui produisent la richesse de ce pays ne soient plus des laissés pour compte. Encore une déception.

Que révèle cet audit ?

Deux tares du pouvoir Ouattara. Un contrôle insuffisant, et le clientélisme.

Le rapport évoque une "gestion approximative" du Conseil café-cacao (CCC), structure publique encadrant les deux filières, dans l'attribution de ses agréments. Aucun contrôle méthodique ou rappel à l'ordre de l'État n'est venu stopper cette dynamique.

Pour ce qui est du clientélisme, le rapport fait observer que de nombreuses sociétés exportatrices appartenant à des proches du régime ont bénéficié d’autorisations non justifiées alors même qu’elles n’avaient pas la taille, les compétences, ni la surface financière requises pour assurer ce type de contrats.

Conséquence :

En 2016-2017, le volume de contrats en défaut (impossibilité pour l’exportateur de livrer sa cargaison ou pour l’importateur de la réceptionner) ont porté sur 220.000 tonnes de cacao équivalent à 400 milliards de Fcfa (608 millions d’€). Et la revente partielle de ces contrats a couté 185 milliards de Fcfa (282 millions d’€).

Selon KPMG, les pertes globales pour les planteurs et l’Etat dues aux manquements de cette campagne ont atteint la somme astronomique de 500 milliards de FCFA (762 millions d’€). Aussi, la majorité des membres du service de l'audit interne ne dispose pas d'un diplôme professionnel d'auditeur. Les pertes sèches de ces dernières années ont poussé le gouvernement à se séparer de Massandjé Touré-Litsé pour la remplacer par Yves Brahima Koné. Ce baron de la case caféinée appartient au premier cercle de Amadou Gon Coulibaly.

Ces dysfonctionnements ont par ailleurs incité le chef du gouvernement à négocier un prêt de 300 millions $ auprès de la Banque mondiale pour relancer le secteur.

RESUMÉ :

On crée une structure, on embauche ses parents et amis incompétents, on distribue des agréments à ses proches qui n’ont pas la surface financière nécessaire pour assumer. Tout cela engendre un trou de 500 milliards. Ouattara va en notre nom emprunter 300 millions $ pour régler le problème de 500 milliards qu’il a créé.

Il est à noter que le Président Laurent Gbagbo, avait pour sécuriser les gains des paysans dans cette filière, créé un fonds de garantie que le pouvoir Ouattara a vite fait d’assécher en le dilapidant. Soulignons en outre relativement à la gestion de la filière cacao, quand le Président Laurent Gbagbo a constaté des prévarications dans ce secteur il a laissé le soin à la justice d’en sanctionner les auteurs qui ont écopé de peines de prisons. Là où Ouattara n’a fait que remplacer les fautifs.

En agissant ainsi Ouattara fait dans la conscience du peuple sans le vouloir, une très forte publicité au Président Laurent Gbagbo.
Il en est de même pour les scrutins électoraux organisés par Alassane Ouattara qui sont aussi très révélateurs de sa très grande aversion pour la justice et la démocratie.

En décembre 2011 les législatives, même organisées en pleine idylle entre alliés du RHDP ont été émaillés de violences.

Prof Bruno GNAOULE Oupoh
Professeur Titulaire des Universités
Analyste politique

Source: 2cminfo.net