CÔTE D'IVOIRE: MA RENCONTRE AVEC SIMONE EHIVET GBAGBO, Par Dapa Donacien

Je ne peux expliquer l'affection si profonde de l'ex Première Dame Simone Ehivet Gbagbo, en me recevant juste au deuxième jour après sa libération. Merci mère de n'accueillir dans ton amour. Je me souviens que déjà en 2001, à la fin d'un speech très enflammé et très virulent vis-à-vis du régime Gbagbo et en sa présence à Laoudiba (Bondoukou) et en présence des sommités traditionnelles Koulango, elle m'a, au contraire, fait chercher pour me faire asseoir auprès d'elle en signe d'approbation de ces vérités amères, assénées sans gants et sans langue de bois.

Assorti d'une invitation à la présidence, séance tenante. Au moment où la foule exultait pour cette franchise exprimée sans peur et sans froid aux yeux, les autorités officielles locales se terraient par crainte des représailles de la première dame en réplique éventuellement à ce discours plein d'audace.

Pour la petite histoire, juste avant l'arrivée de la Première Dame sur les lieux, je me souviens de la farouche opposition du député de la circonscription, ayant jugé le projet de mon discours trop corsé et trop direct, qui ne caressait nulle part le régime dans le sens des poils.

Écrits par deux cadres ayant gros sur le cœur (Yéboua Nestor et moi) vis-à-vis du régime de la refondation, qui tardait à cette époque à mettre le paquet sur le zanzan.

Mais avec l'arbitrage de Sa Majesté Saye 1er, roi du peuple Koulango du Gontougo, un roi qui n'a pas sa langue dans la poche, au grand dam du député, j'ai eu le quitus du roi et de tout l'aeropage de chefs traditionnels et coutumiers, venus de partout la région du zanzan, avant le présent découpage, dissociant le Bounkani du Gontougo. En sommes, nous étions les portes parole de fait de tout un peuple, qui se sentait exclus de l'exercice du pouvoir d'Etat, sous tous les régimes.

Plutôt que de me sermonner, j'ai plutôt eu droit à des félicitations de sa part. Merci à celle qui respecte mes opinions politiques et ma LIBERTE D'OPINION sans jamais chercher à me caporaliser ni à me réduire au silence. Merci enfin à celle qui m'avait envoyé en stage au Port Autonome de San Pedro à l'issue duquel j'ai été embauché au bout d'un an, sans appartenance au FPI.

De grâce, ne comptez pas sur moi pour être ingrat vis-à-vis de cette dame qui s'était battue pour m'intégrer finalement à la direction générale du port autonome de San Pedro, après 2 ans de tentatives infructueuses, entreprises par elle, auprès de Marcel Gossio, alors tout puissant Dg du port autonome d'Abidjan. C'est valable pour tous ceux et celles qui, après Simone Gbagbo m'ont adopté au plan professionnel. Que personne ne compte sur moi pour manquer mon devoir de reconnaissance à toute personne qui m'aura donné un verre d'eau,à plus forte raison de l'emploi,assortie d'une formation d'expert en marchés publics,à Montréal,au Canada.

Sans tous les citer, mon infinie reconnaissance au gestionnaire hors paire des infrastructures portuaires et multimodales (sol,mer,air et ferroviaire).Ne m'en voulez pas si je ne peux jamais passer sous silence le nom de mes bienfaiteurs quelque soit leur parti politique. Ce n'est pas non plus l'affirmation d'une position politique.Le faisant, j’essaie de vivre ma foi chrétienne telle qu'il en ressort dans la conversation suivante dans la Bible extraite du récit de jean 9: 24-25. "Les pharisiens appelèrent une seconde fois l'homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent: nous savons que cet homme est un pécheur.

Il répondit: S'il est un pécheur, je ne sais; je sais une chose, c'est que j'étais aveugle et que maintenant je vois".
Pour ma part, politique d'accord, mais éthique et morale d'abord. C'est à prendre ou à laisser. Pour tout dire, c'est un principe non négociable. Je remercie enfin Dieu de ce que tous et toutes s'accommodent de mes opinions politiques : ACTEUR Indépendant et très engagé de la société civile.

Merci à ma maman Simone Ehivet Gbagbo pour ce privilège, la toute première audience accordée à un fils du zanzan, et ce, dès le deuxième jour de ta libération.Merci de ce que même en prison, tu as continué de prier pour moi. Merci de ta mémoire restée vive et intacte, malgré 7 ans de séparation de la mère et du fils. Ce n'est pas par hasard, que ce soit à la 7ème année.
Pour rappel, Dieu s'est reposé le 7ème jour de son oeuvre qu'il a achevée de bâtir en six jours. Le 7 est synonyme de repos et de paix.

Mère, entre dans ton repos afin de te requinquer pour marcher, en complicité avec le Président Ouattara et l'ensemble des acteurs politiques pour ramener la paix définitive dans ce pays, conformément à tes premiers mots prononcés le 8 août 2018."Pardonnons-nous". Tu dis juste parce qu'il n'ya pas d'alternative à la réconciliation.

En tant que mère, tu as certes le devoir de panser les plaies de tes enfants,mais garde-toi de t’attarder sur leurs ressentiments, en évitant de regarder trop leur visage.
Si l'objectif est de contribuer au rassemblement de la Nation, ouvre les bras pour accueillir aussi bien tes fils de l'écurie Sangaré que ceux de l'écurie Affi. Et au delà de ta famille politique, accueille aussi, à la Mandela, toutes les obédiences. C'est alors que le syndrome Winnie Mandela s'éloignera de toi.

Accueille partenaires et adversaires d'hier. Mets toi au-dessus de la mêlée. C'est une tautologie de rappeler qu'aucun sentiment de vengeance ne devrait avoir accès à ton cœur épuré par le renouvellement de l'Esprit. Shalom.

Dans ce nouvel état d'Esprit, mère, avec ta permission, je voudrais remercier le Président de la République SEM Alassane Ouattara pour avoir écouté celui qui se nomme "tout à coup,soudainement et brusquement", en prenant cette mesure salutaire pour la Nation. Les enjeux de cette libération transcendent les espérances du seul FPI pour revêtir une attente nationale.

Je ne doute pas un seul instant que dans votre adresse solennelle à la NATION ET A LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, vous trouverez les mots justes et sublimes pour lever le défit de la concorde nationale.

Le temps est peut être venu, afin que, chacun joue sa partition, afin de conférer à cette Nation, sa vocation de patrie de la vraie FRATERNITE.

Ton fils Dapa Donacien

Acteur de la société civile dans le zanzan,sans affiliation à un parti politique.