Côte d'Ivoire: KKB, ministre de la réconciliation ou ministre de la figuration? Par Dagbo Raphaël
Par Ivoirebusiness - M. Kouadio Konan Bertin, Ministre de la réconciliation ou ministre de la figuration ? Par Dagbo Raphaël.
Il semblerait que M. Dramane Ouattara ait dépêché M. Kouadio Konan Bertin
à Paris pour parler de réconciliation avec la diaspora ivoirienne. Voici
comment l’on transforme une nécessité vitale pour un pays meurtri où
l’on confond malhonnêtement un silence contraint en une paix heureuse
moyennant une opération de mauvaise communication politicienne éhontée.
Après plusieurs incitations au dialogue inclusif dont la vocation est de
mettre en place les réponses aux questions pendantes à l’origine de la
méfiance des Ivoiriens entre eux, l’Etat a consenti à rencontrer
l’opposition et la société civile. Ce faisant, il reconnaissait en creux
que ni la CDVR ni les autres instances créées pour faciliter le fameux
vivre ensemble n’y étaient parvenu. Il était pourtant évident
qu’après les crimes odieux de la rébellion de M Ouattara, quelques
gouttes de bitume par-ci, par-là ou quelques consciences achetées ici et
là ne suffiraient pas à régler la question d’une paix durable dans le
pays.
M. Ouattara, on le sait, n’a aucun intérêt à ce que les Ivoiriens
s’entendent pour restaurer le fonctionnement démocratique et transparent
des institutions. Il a toujours manœuvré pour saboter et ringardiser une
telle démarche. Je ne veux pour preuve que le classement sans suite des
recommandations de la CDVR seule démarche sérieuse en la matière. En
revanche, Il fait diversion en nommant un personnage sans poids politique
réel pour enterrer cette question. Plusieurs années après, il a le
résultat auquel il s’attendait, c’est-à-dire rien derrière
l’affichage trompeuse de ce ministre.
Le troisième mandat inconstitutionnel qu’il s’est octroyé au prix de
graves massacres de jeunes Ivoiriens et qui sont jusque-là impunis
l’oblige au moins psychologiquement à revenir à cette question restée
intacte.
Aujourd’hui, la réconciliation cesse d’être un simple concept pour se
décliner en quelques points précis à savoir :
- La vérification et l’actualisation de la liste électorale qui ne l’a
jamais sérieusement été.
- Le redimensionnement juste de la carte électorale pour que le nombre des
représentants de la Nation à l’assemblée nationale corresponde à la
densité démographique réelle des circonscriptions électorales
- La révision de la composition de la commission électorale de manière
consensuelle.
- La sanctuarisation consensuelle de la constitution pour éviter qu’elle
ne soit plus à interprétation variable selon les circonstances.
- Etc.
Voici ce qui peut rendre le vivre ensemble possible. C’est aussi cela le
cadre de la réconciliation. Il y a là à priori la possibilité pour les
Ivoiriens d’être gouvernés par des leaders qu’ils ont réellement
choisis et à qui ils peuvent demander des comptes sans risquer d’être
embastillés parfois sans être jugés de manière équitable.
Au lieu d’agir sans délai sur ces points pourtant simples et clairs, à
condition d’être sincère avec soi-même et en accord avec ce que l’on
proclame, M Ouattara dépêche M Kouadio Konan Bertin à Paris pour faire
diversion. En réalité, l’objectif de cette opération est purement et
simplement une adresse aux donneurs d’ordre parisiens de M Ouattara pour
leur dire qu’il travaille tellement bien à la réconciliation que personne
n’est oublié y compris la diaspora ivoirienne. Ce ministre de la
réconciliation est donc parfaitement dans son rôle de ministre de la
figuration.
Au PPA-CI nous ne sommes pas dupes de ce genre de pratiques hypocrites. Nous
savons parfaitement distinguer la sincérité du mépris. Nous disons donc
que ces points mentionnés plus haut n’ont en rien besoin d’une promenade
touristique estival d’un ministre en mal de visibilité à Paris ou
ailleurs.
Que M Kouadio Konan Bertin aille dire à son patron en économisant ce genre
de coup d’épée dans l’eau auquel il s’adonne que les Ivoiriennes et
les Ivoiriens se réconcilieront eux-mêmes naturellement le jour où les
institutions démocratiques seront restaurées et strictement respectées.
Raphaël DAGBO.
Enseignant et Chercheur en relations internationales
Etudes stratégiques et politique de défense.