Convention du Fpi, le 29 avril / Miaka Ouretto : “Nous n’allons pas à la convention pour faire un putsch”

Publié le jeudi 12 avril 2012 | Notre Voie - C’est une sortie qui vient à point nommé pour lever toutes les équivoques, les suspicions et dégager le ciel de la convention que le Fpi prévoit d’organiser le 29 avril prochain. Prenant la parole, hier à

Miaka Ouretto.

Publié le jeudi 12 avril 2012 | Notre Voie - C’est une sortie qui vient à point nommé pour lever toutes les équivoques, les suspicions et dégager le ciel de la convention que le Fpi prévoit d’organiser le 29 avril prochain. Prenant la parole, hier à

l’occasion de la commémoration du 11 avril 2011, Miaka Ouretto a clairement indiqué que la convention ne sera pas une tribune pour faire un putsch contre des dirigeants du Fpi en prison ou en exil. « La convention n’est pas organisée pour faire un coup d’Etat. J’entends trop de choses. Ne nous affaiblissons pas. Nous devons lutter pour la libération du Président Laurent Gbagbo et de tous nos camardes. Il s’agira de marquer une étape, faire le bilan et voir comment relancer la machine », a précisé le président par intérim du Fpi. Miaka Ouretto invite, par conséquent, les militants à prendre part massivement à ces assises pour faire reculer les forces occultes et demander la libération de leurs camarades détenus.

Jean Khalil Sella

FPI-CNRD: VOICI COMMENT ET POURQUOI MIAKA COMPLOTE CONTRE AFFI

Dans leur grande majorité les militants FPI et LMP en Côte D'Ivoire comme à l'étranger l'on bien compris et n'hésitent plus à s'en plaindre ouvertement aujourd'hui : Miaka Ourétto, l'actuel Président par intérim du FPI, semble n'avoir qu'un seul objectif dans la gestion de ce parti. Celui de se positionner de manière officielle et définitive comme le nouveau patron du plus grand parti de l'opposition ivoirienne.

Le Président par intérim du Front Populaire Ivoirien, Miaka Ourétto, veut en effet passer désormais à la vitesse supérieure pour se débarrasser définitivement de Pascal Affi N'Guessan, Président statutaire de ce parti, actuellement détenu et isolé dans la prison de Bouna, au Nord du pays. Il veut effacer ses traces et même faire oublier son nom.
A Paris, lors de son récent séjour en France, on avait entendu Sylvain Miaka Ourétto clamer haut et fort qu'il prenait le pouvoir, tout le pouvoir, qu'il n'était plus un président par intérim, qu'il était dorénavant le président du FPI, le seul et l'unique, voulant de cette manière annoncer que Pascal Affi N'Guessan, c'était désormais du passé, une simple page de l'histoire du FPI qui s'est refermée avec les événements du 11 avril 2011.

C'est donc un Miaka Ourétto déchaîné et prêt à aller jusqu'au bout de son rêve et de ses ambitions qui, sûr de son coup, convoque maintenant et précipitamment une convention ordinaire du FPI pour le samedi 28 avril 2012 à Abidjan avec un programme flou et ambigu dont le seul but est de se faire acclamer et de profiter de l'occasion pour appeler à la tenue prochaine d'un congrès qui pourrait bien se transformer en une cérémonie cacophonique d'auto-intronisation et d'auto-célébration.

Si beaucoup de militants avouent qu'avec Miaka aux commandes du FPI l'on devait s'attendre à tout et que d'autres parlent de la grande complexité de la psychologie de l'homme, force est de reconnaître que Miaka a surtout perdu la tête en se retrouvant brusquement au devant de la scène après l'arrestation d'Affi N'Guessan et la démission de Mamadou Koulibaly.

Tout le monde sait que Ouattara autorise les visites aux détenus. Les gens viennent de Bongouanou pour aller voir Affi à Bouna et de Bonoua pour rendre visite à Simone Gbagbo à Odienné. Miaka n'a jamais rendu visite ni à l'un, ni à l'autre, ni même à aucun des nombreux détenus politiques et pourtant ce ne sont ni les occasions ni les moyens qui ont manqué.

Il faut pourtant savoir que dans les importantes fonctions qu'il occupe et dans le contexte socio-politique ivoirien qui prévaut depuis le 11 avril 2011, Miaka Ourétto devrait avoir une haute conscience de sa mission qui reste assez claire et précise : Eviter l'effondrement du FPI, négocier la libération des prisonniers politiques et obtenir des garanties fermes et sûres de sécurité pour le retour des exilés.

En réalité c'est à ces urgences fondamentales que devait s'attaquer en priorité la Direction intérimaire dirigée par Miaka Ourétto qui comme nous le savons se devait de gérer les affaires courantes et surtout de s'attaquer efficacement aux causes qui ont entraîné l'intérim.Malheureusement, sur ces différents axes, le bilan de Miaka Ourétto reste bien maigre. Aujourd'hui, il tente de faire croire que le FPI n'a pas disparu grâce à lui alors que l'on retiendra qu'en réalité l'existence du FPI en tant que parti politique n'a jamais été menacée réellement malgré certaines agitations des tenants du nouveau pouvoir.

D'ailleurs l'on comprend aujourd'hui que la mise en place d'une Direction intérimaire à Abidjan semble avoir été une grave erreur stratégique car agissant exclusivement à partir de l'exil, le FPI serait plus libre et plus efficace pour maintenir la pression sur le régime de Ouattara et l'obliger à un dialogue sincère pour le retour de la paix. Comme a tenté de le faire Mamadou Koulibaly avant sa démission, Miaka Ourétto donne aujourd'hui l'occasion à Ouattara de faire croire à l'opinion publique internationale que l'opposition politique existe en Côte D'Ivoire, que les droits de cette opposition sont respectés et que sur le plan général les choses sont en train de rentrer dans l'ordre en vue d'une réconciliation.

Mais comme on le voit, rien n'avance sur le terrain en dépit des discours optimistes et des nombreuses promesses, la situation des exilés et des prisonniers politiques restant toujours bloquée. Miaka semble même dépassé par les évènements et totalement incapable de faire efficacement face aux divers défis avec la détermination, la disponibilité, l'esprit d'ouverture, l'intelligence et la cohérence qu'il faut à un vrai leader en de telles circonstances.

La remobilisation des militants reste bien sûr une nécessité tout comme le sont la libre circulation des personnes et des biens, la liberté d'expression et de réunion, etc. Mais tout ceci ne peut nous empêcher de voir qu'il y a des urgences et ces urgences ce sont les problèmes liés au sort des prisonniers politiques et au retour des exilés. Il est clair que ce n'est pas parce que les militants sont démobilisés que Miaka Ourétto assure aujourd'hui l'intérim. Il y a intérim parce qu'il y a eu des arrestations et des emprisonnements.

C'est dire que vouloir se servir de la remobilisation comme prétexte pour organiser aujourd'hui une convention et demain un congrès relève simplement de la mauvaise foi et ressemble fort bien à une imposture de la part d'un président intérimaire qui pour des raisons de positionnement personnel est en train de faillir gravement à son devoir de solidarité envers des camarades emprisonnés et torturés depuis de longs mois.

Les urgences existent donc et sont connues de tous. Mais très curieusement Miaka Ourétto regarde ailleurs et lorgne le fauteuil de président statutaire du FPI qui continue de cristaliser toutes ses pensées et toutes ses initiatives. Une telle obsession a pourtant une histoire et l'explication la plus plausible viendra du cercle restreint de ceux qui ont cotoyé le président intérimaire du FPI durant son séjour parisien.

Ainsi, de bouche à oreille, l'on a appris que lors de la visite de Miaka Ourétto au président Laurent Gbagbo à la Haye, celui-ci lui aurait très discrètement confié qu'il envisageait de se retirer de la politique, s'il était libéré par la CPI. Le président Laurent Gbagbo aurait ainsi expliqué à Miaka Ourétto son projet de se retirer dans son village à Ouragahio pour se consacrer à la rédaction de ses Mémoires, une oeuvre attendue avec une réelle impatience par les démocrates du monde entier, au-délà même des patriotes et des résistants ivoiriens et africains.

Cette information aurait aussitôt fait germer une idée dans la tête de Miaka Ourétto et il entendait bien l'exploiter, à son avantage bien sûr. Il s'est alors dit que si Laurent Gbagbo part, la lutte interne au FPI pourrait bien s'avérer très rude pour assumer le leadership et porter le flambeau de la refondation. D'où l'urgente nécessité de se positionner bien avant les autres pour s'assurer de l'emporter en s'appuyant sur l'appareil du parti. Il lui fallait donc transformer rapidement l'intérim en acquis statutaire. Il s'évertue ainsi à le faire et il le fait mal, comme un nageur dont tout le monde voit le dos. Mais Miaka Ourétto n'en a cure. Le plus important pour lui c'est de renforcer ses plans pour se débarrasser rapidement d'Affi.

On le sait, Miaka Ourétto n'a d'ailleurs jamais apprécié la présence d'Affi N'Guessan à la tête du FPI. Avec Marie-Odette Lorougnon, Sébastien Danon Djédjé et quelques autres cadres du FPI, il a toujours manoeuvré pour l'éjection du Président du FPI. Ainsi, on les a vus se réjouir de voir Affi perdre la primature suite à l'Accord politique de Marcoussis. De cette même manière, ils seraient aujourd'hui très heureux de faire en sorte qu'Affi perde définitivement la présidence du FPI suite aux évènements du 11 avril 2011.

Déjà et dans leurs différents entretiens avec les membres du clan Ouattara, ils présentent Affi, Sangaré, Simone, Kadet Bertin, Ahoua Don Mello et certains autres comme les radicaux et extrémistes ayant donné à Laurent Gbagbo de mauvais conseils qui ont conduit à la guerre, aux massacres des populations et aux nombreuses arrestations. Pour Miaka Ourétto et son clan donc, Affi et les autres détenus seraient en train de récolter ce qu'ils ont semé et devraient se débrouiller seuls pour sortir des griffes de Ouattara.

Il se dit même qu'au cours de cette convention insolite qu'il organise le samedi 28 avril 2012 à Abidjan, Miaka Ourétto envisage de faire adopter une résolution fixant à 18 mois la durée de l'intérim qu'il assure actuellement.
S'agirait-il d'un ultimatum qu'il donne au prisonnier politique Pascal Affi N'Guessan et à tous les détenus et exilés membres de l'ex-Direction du FPI pour réapparaître afin d'éviter d'être définitivement considérés comme démissionnaires? Pourquoi, parallèlement à cet ultimatum, Miaka Ourétto balise-t-il le terrain en déclarant que le retour des anciens Responsables n'implique pas forcément leur réintégration aux postes politiques qu'ils occupaient avant leur arrestation ou leur départ en exil?

C'est en effet à ne rien y comprendre ! Miaka veut-il faire croire que les détenus se sont volontairement constitués prisonniers et que les exilés sont des touristes politiques? Où irait le FPI, si Miaka Ourétto était lui-même arrêté d'ici peu et que le nouveau président par intérim organisait lui aussi à son tour une autre convention et un autre congrès pour s'autoproclamer président statutaire? La base laissera-t-elle Miaka réussir son putsch?

Il serait important que Miaka Ourétto descende de son petit nuage pour s'attaquer aux vrais problèmes de l'heure. C'est avec la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés que les militants et les populations vont sentir que la situation se normalise en Côte D'Ivoire et que la réconciliation devient possible. Le Front Populaire Ivoirien n'a pas besoin de division et de putsch en ces temps difficiles où l'union et la solidarité sont plus que jamais nécessaires pour redonner l'espoir au peuple .

Correspondance particulière

Charles Zezé dit Opadjéré
Militant FPI
charleszez@yahoo.fr