"Conflits d'intérêts et connivences médiatiques": "Les économistes à gages!(première partie)

Le 29 mars 2012 par IVOIREBUSINESS - Editoriaux, matinales radiophoniques, plateaux de télévision: en pleine campagne présidentielle, une poignée d'économistes quadrillent l'espace médiatique et bornent celui des possibles. Présentés comme universitaires, ils

Le 29 mars 2012 par IVOIREBUSINESS - Editoriaux, matinales radiophoniques, plateaux de télévision: en pleine campagne présidentielle, une poignée d'économistes quadrillent l'espace médiatique et bornent celui des possibles. Présentés comme universitaires, ils

incarneraient la rigueur technique au cœur de la mêlée idéologique. Mais leurs diagnostics seraient-ils aussi crédibles si ces "experts" rendaient publiques leurs autres activités?( )On appelle cela l'effet "Dracula": à l'instar du célèbre vampire de Carpates, les arrangements illégitimes ne résisteraient pas à leur exposition au grand jour. Ainsi la révélation en 1998 de l'Accord multilatéral sur l'investissement(Ami), négocié secrètement pour accentuer la libéralisation économique, avait conduit à sa désintégration. C'est fois-ci, la controverse concerne la collusion entre économistes et institutions financières. Nombre d'universitaires invités par les médias pour éclairer le débat public, mais aussi de chercheurs appointés comme conseillers par les gouvernements, sont en effet rétribués par des banques et de grandes entreprises. Un expert peut-il, "en toute indépendance", prôner la dérégulation financière quand il occupe simultanément un poste d'administrateur d'un fonds d'investissement"? Ces liaisons dangereuses, sources de conflits d'intérêts, ne sont pas sécrètes. Mais leurs bénéficiaires se gardent bien d'en faire la publicité. Avant le cataclysme de 2008, chacun s'accommodait de l'équivoque: Les journalistes exhibaient leurs experts censément neutres, lesquels empochaient les dividendes de leur ubiquité sous forme de notoriété accrue et d'espèces sonnantes et trébuchantes. Mais depuis 2008, les accointances des économistes ne passent plus inaperçues. L'effet "Dracula" aura-t-il raison de cette forme intellectuelle de prévarication? Suffira-t-il de la rendre publique pour la vaincre? Tel est le pari de la prestigieuse association américaine d'économie (American economic association-AEA). Depuis le début de cette année, les articles publiés dans les revues scientifiques membres de l'association, sont tenus de dévoiler les éventuels conflits d'intérêts impliquant les auteurs. Les économistes devront ainsi mentionner "les parties intéressées, c.-à-d. "tout individu, groupe ou organisation concerné, financièrement, idéologiquement ou politiquement par le contenu de l'article, leur ayant versé une rémunération financière importante, d'un montant total supérieur ou égal à (10.000 Dollars) (environs 7600Euros), au cours des trois dernières années...(Communiqué du 5 Janvier 2012).La mesure s'appliquera également aux sommes perçues par les "proches". A la tête de certaines des plus prestigieuses revues de la discipline, la vénérable(AEA), s'apprête à fêter son cent trentième anniversaire, n'est guère sujette aux tocades. Sa décision a frappé les esprits !"Au bout du compte, l'on se rend à l'évidence que c'est une autre terminologie qui s'invite désormais dans le monde économique: économistes à gages, euphémisme subtile, au lieu de "tueurs à gages"...A bon entendeur, salut!

(Yves T BOUAZO-la conclusion est de la rédaction- "Sources": "le mensuel "le monde diplomatique" du mois de Mars 2012)