Coalition Nationale pour le changement : Comment dépasser les opportunismes de tous acabits pour construire une véritable culture de l'espérance pour le peuple ivoirien ?

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Coalition Nationale pour le changement. Comment dépasser les opportunismes de tous acabits pour construire une véritable culture de l'espérance pour le peuple ivoirien ?

Claude Koudou.

Claude KOUDOU, Analyste politique ; Secrétaire National Chargé de la Communication et du Marketing politique du Front populaire ivoirien Claude KOUDOU, Analyste politique ; Secrétaire National Chargé de la Communication et du Marketing politique du Front populaire ivoirien
Claude KOUDOU, Analyste politique ; Secrétaire National Chargé de la Communication et du Marketing politique du Front populaire ivoirien

Les élections présidentielles de 2010 n'ont pas réglé les problèmes posés par une rébellion qui a instauré la violence politique en Côte d'Ivoire. Le chef de cette rébellion – qui a donné un temps la procuration à Guillaume Soro, par manque de courage –, de fait chef de l'Etat actuel, est dans sa logique d'usurpation et d'imposture qui ne font plus de doute pour chaque observateur, pour peu que ce dernier veuille observer objectivement les faits. La Côte d'Ivoire est donc toujours dans la tourmente que celui dont l'épouse affirmait au plus fort de la crise : « Même s'il faut 100 000 morts, nous prendrons le pouvoir », trouve que l'autisme est mieux que l'écoute. Il refuse toute contradiction ; il refuse tout débat ; il est haineux ; il emprisonne tous ceux qui ne pensent pas comme lui ; il est donc le prototype même du dictateur qui reste convaincu que sa démarche politique est infuse. Comme Blaise Compaoré qui pouvait négocier hier une sortie vers le haut, le dictateur d'Abidjan s'enferme à l'image de son maître, dans la bulle de celui qui gagnera absolument par la force.

Alassane Dramane Ouattara a utilisé à refrain le terme « réconciliation nationale » pour gagner du temps vis à vis de ses alliés et parrains d'une part, et pour continuer de tromper la partie du peuple qui le croyait encore, d'autre part. En fait, le chef de l'Etat ivoirien est un manipulateur confirmé. En 1992, alors premier ministre, il a pris une loi « anti-casse » anti datée pour s'en servir comme un prétexte à arrêter les démocrates ivoiriens : Laurent Gbagbo et ses camarades ; y compris des responsables de la ligue des Droits de l'homme. Il voulait ainsi mettre un frein à la manifestation des libertés que ces démocrates avaient réussi à arracher de hautes luttes au Président Houphouët Boigny.

On conçoit tout à fait que des partisans de chaque obédience puissent promouvoir et soutenir leurs leaders. Mais doit-on rester dans la versatilité et l'altérité lorsqu'on aime vraiment ce pays ? Même si l'on veut reprocher des choses à Laurent Gbagbo, n'est-il pas normal que l'on soutienne « Gbagbo Kafissa » ? A la vérité, sous Laurent Gbagbo, la démocratie était en train de prendre corps après son accession au pouvoir en octobre 2000. Lui qui n'avait pas fait de chasse aux sorcières un pan – pour ne pas dire le socle – de sa gouvernance ; lui qui a une haute idée du pays ; lui qui a une vision noble de la conduite de ses compatriotes ; lui qui a organisé des tests de compétence au point que des Ivoiriens qui ne sont pas de son bord politique, dirigeassent de grandes régies de l'Etat ; lui qui avait organisé un forum de réconciliation nationale pour que les Ivoiriens se parlent, et pardonnent pour se réconcilier ; les ennemis du débat démocratique – qui ont profité de ses largesses et de sa générosité – trouvent systématiquement tous les maux à ce digne fils de la Côte d'Ivoire, devenu aujourd'hui une icône en Afrique nonobstant les élans de propagandistes de la haine, qui n'ont comme outils politiques que les armes, la violence et les contre-vérités.

Alassane Ouattara fait de l'ethnicisme ; du tribalisme ; de l'exclusion et de la haine un fond de commerce politique. En effet, Ouattara a instauré la carte de séjour en Côte d'Ivoire quand il était premier ministre que Laurent Gbagbo l'a supprimée à son accession au pouvoir. L'actuel chef de l'Etat ivoirien joue le chiffon rouge de la division des populations ivoiriennes. Il a soufflé et continue de souffler sur les braises de la haine entre les ressortissants du Nord et les autres Ivoiriens ; il est dans un activisme tous azimuts à opposer les allogènes aux autochtones. Un tel monsieur, qui fait de la vision apocalyptique du pays son allié pour garder le pouvoir, n'est pas digne des Ivoiriens ; ce peuple qui a bâti son socle de brassage sur la Fraternité ; l'Hospitalité et l'Espérance. Pour ramener la paix et réconcilier les Ivoiriens, les acteurs politiques ont tout intérêt à « réinitialiser » les choses. La réalité aujourd'hui est telle que les partisans de Laurent Gbagbo et des démocrates à travers le monde se sont battus et continuent la lutte, que ceux qui étaient alliés hier au dictateur se sont ravisés que ce dernier les a trompés. Comme le disait justement le Premier ministre Charles Konan Banny, « il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas ». Et c'est bien dit. Diabolisé ; ostracisé et marginalisé hier, Laurent Gbagbo est incontestablement la clé de voûte de la réconciliation ivoirienne. Les partisans et autres suiveurs du dictateur – malgré leur aveuglement et la fixation sur le pouvoir – peuvent reconnaître que le Président Gbagbo est tellement implanté dans le pays, que le chiffre qu'on lui a affecté arbitrairement, reste au seuil de la moitié du peuple ivoirien. Comment peut-on réaliser une réconciliation en l'absence d'un tel acteur si ce n'est pas pour exprimer une conformité au manque de sérieux ?

Dans un tel contexte, il importe que les acteurs de l'opposition, qui s'est constituée en CNC se montrent responsables. Etant considérée comme l'espoir des Ivoiriens, la CNC doit peser ses actes avant de les poser y compris dans les nominations de ses animateurs. A ce propos, la Diaspora est si édifiée dans la lutte et donc porteuses d'expériences qu'il convient de les associer quand il est question de confier des responsabilités à certains acteurs. Car les erreurs du passé sont suffisamment édifiantes pour chacun de nous, pour appeler à une vigilance constante. On ne peut plus sous quel que prétexte que ce soit promouvoir certains acteurs par complaisance et légèreté. La CNC s'est dotée d'un organigramme. C'était du bon sens pour donner plus de lisibilité à sa conduite. Mais il y a à accorder les violons.

En ce qui concerne les élections, l'opposition conteste à juste titre la commission électorale dans sa forme actuelle parce qu'inféodée à Alassane Ouattara. De plus, Youssouf Bakayoko qui est l'allumette de la déflagration qui a affecté le pays, en reste le président ; le listing électoral n'est pas consensuel parce qu'il porte des électeurs litigieux et omet de nombreux autres aspirants ; … Quelle sera la position de la CNC qu'Alassane Ouattara veut cantonner dans la défensive en le piégeant à poser avant le 26 août des candidatures devant une CEI combattue ? Cette question centrale appelle la vigilance de tous et amène parallèlement les différents acteurs et observateurs à mettre hors d'état de nuire les opportunistes qui ne regardent que leurs petits intérêts au détriment des besoins vitaux du peuple.

A propos des candidatures, certains pensent qu'il faut les déposer pour éviter un passage de Ouattara à la burundaise. Les mêmes soutiennent qu'il faudrait rester dans le jeu en déposant une candidature entre les mains d'une CEI même contestée et continuer de discuter de l'obtention des conditions d'élections crédibles et démocratiques. D'autres par contre, estiment qu'il faut absolument et instamment amener Ouattara à discuter. A défaut d'obtenir sa participation au dialogue, des élections ne pourront pas se tenir dans les conditions actuelles. Il ne nous échappe pas que Ouattara est dans le schéma de se choisir des concurrents à sa mesure aux fins de légitimer sa triche. C'est pourquoi la CNC doit faire monter la pression pour déjouer cette nouvelle imposture qui ne fera qu'aggraver le sort du pays.

Le Front populaire ivoirien en publiant pour la énième fois un rapport sur la situation des détenus, reste conforme à ses idéaux de solidarité ; de paix et de culture démocratique. Tous ceux qui, même non partisans de Laurent Gbagbo ou non militants du FPI mais défendant les institutions, la légalité et la patrie croulent sous la férocité d'une dictature - qui pousse son cynisme à privilégier l'usage des pratiques d'un autre âge - méritent d'avoir le soutien, la solidarité et la compassion du FPI. Par ailleurs, la nature ayant horreur du vide, Il est inconvenant de laisser les Ivoiriens assister à la danse des imposteurs de toutes races. Il faut identifier tous les « pions » - de bonne ou de mauvaise foi - de Ouattara et les frapper des mesures appropriées avec toute la rigueur qui s'impose. Les Ivoiriens comptent beaucoup sur la CNC pour relever les défis de ce pays. Cette coalition doit donc s'élever au-dessus de calculs secondaires pour se mettre à la hauteur des enjeux.

Une contribution de Claude KOUDOU,
Analyste politique
Secrétaire National Chargé de la Communication et du Marketing politique du Front populaire ivoirien