Climat : le monde file vers « une catastrophe mondiale », alerte l'ONU
Par Les Echos- Climat. Le monde file vers « une catastrophe mondiale », alerte l'ONU.
Un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement estime que les engagements internationaux laissent la Terre sur la trajectoire d'un réchauffement de 2,6 °C. Cela du fait « d'engagements pitoyables », dénonce António Guterres, le directeur de l'ONU.

C'est un pavé dans la mare jeté par l'ONU à 10 jours de la COP27. Un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) estime que les engagements internationaux laissent la Terre sur la trajectoire d'un réchauffement de 2,6°C. Bien loin de l'Accord de Paris de 2015 qui vise +2°C maximum, et dans l'idéal +1,5°C.
Pire, les politiques de réductions telles qu'actuellement menées par les Etats, incapables de tenir leurs propres engagements , nous conduisent vers un réchauffement de 2,8 °C, alors que l'année 2022 a déjà vu se multiplier les impacts du changement climatique : inondations dramatiques, sécheresses , canicules ou feux de forêts. Le réchauffement a d'ores et déjà atteint 1,2 °C par rapport à l'air préindustriel.
Des engagements très insuffisants
La dernière COP26 avait appelé les quelque 200 pays signataires de l'accord à renforcer leurs lettres d'engagement détaillant leurs plans de réduction des émissions , appelées techniquement les « contributions déterminées au niveau national » (NDC). Mais à fin septembre, seuls 24 pays avaient déposé des NDC nouvelles ou révisées, qui ne contribueraient à réduire les émissions en 2030 que d'un petit point de pourcentage supplémentaire, selon les calculs du PNUE.
Les engagements des Etats ne sont « pitoyablement pas à la hauteur », a lancé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un message vidéo cinglant. « Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale », a-t-il une nouvelle fois alerté.
Le monde se précipite vers une augmentation de la température bien au-dessus de l'objectif de l'accord de Paris.
Programme des Nations unies pour l'environnement
La mise en oeuvre effective des engagements actuels se traduirait par une baisse des émissions mondiales de 5 % (NDC sans condition) ou 10 % (NDC conditionnelles) en 2030 par rapport à aujourd'hui. Là où il faudrait qu'elles chutent de 30 % pour tenir l'objectif de 2°C, et de 45 % pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Soit de trois à neuf fois plus !
Passer aux actes sur la neutralité carbone
Le rapport calcule qu'à fin septembre, le cumul des engagements sans condition (d'actions ou de financements extérieurs) « donne 66 % de chances de limiter le réchauffement à environ 2,6 °C à la fin du siècle ». En comptant les engagements nationaux de « neutralité carbone » qui se sont récemment multipliés, souvent à horizon 2050, la hausse pourrait même être contenue à 1,8 °C, revenant dans les clous l'Accord de Paris.
Mais « ce scénario n'est actuellement pas crédible », tempère immédiatement le rapport. « Les engagements à la neutralité carbone ne valent rien sans des plans, des politiques et des actions pour les soutenir », a dénoncé le patron de l'ONU. « Notre monde ne peut plus se permettre de faire du greenwashing, d'avoir des faux-semblants, des retardataires ».
Des politiques de rupture
Un autre rapport, publié mercredi par l'agence ONU-Climat, avait aussi pointé des engagements « très insuffisants », tout en relevant que les émissions pourraient baisser à partir de 2030. Mais 2022 aura été « une nouvelle année gâchée », a commenté à l'AFP Anne Olhoff, auteure principale du rapport du PNUE. « Ce qui ne veut pas dire que tous les pays ne prennent pas les choses au sérieux. Mais globalement, c'est très loin d'être satisfaisant ».
Car pour atteindre les « coupes massives » nécessaires, soit autour de 7 % de réduction mondiale des émissions par an, l'ONU souligne qu'il n'est plus temps d'adopter une stratégie du « pas à pas ». Au contraire, « une transformation de grande envergure, à grande échelle, rapide et systémique est désormais essentielle ».
Dans l'énergie, cette transformation est en route, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), dont le directeur Fatih Birol entrevoit désormais « la fin de l'âge d'or du gaz ». Un effet paradoxal de la crise déclenchée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui force l'Europe à se passer du gaz russe.
AFP