Côte d`Ivoire: Ouattara doit enquêter sur les massacres des deux camps, notamment ceux de Duekoué, la mort de Tagro, et l’épuration ethnique des forces nouvelles

Le 18 avril 2011 | IVOIREBUSINESS ABIDJAN - Ouattara doit enquêter sur les massacres des deux camps, notamment ceux de Duekoué, la mort de Tagro, et l’épuration ethnique des forces nouvelles

Le ministre Tagro, affreusement défiguré par les hommes de Ouattara, avant d'être assassiné par ces derniers.

Le président ivoirien Alassane Ouattara n’affermit pas son pouvoir moins d`une semaine après la chute de Laurent Gbagbo dont le parti a appelé à la fin des

tueries après l`allégeance des chefs militaires. Il va saisir la justice du pays des "crimes" présumés commis par l`ancien régime.
Là où le bât blesse, c’est qu’une épuration ethnique a actuellement lieu par ses hommes des forces nouvelles et leurs mercenaires, qui pillent, tuent, tous ceux qui sont proches où supposés de Laurent Gbagbo. Les cadres de son parti sont en fuite ou tués.
Le ministre de l’intérieur de Gbagbo, Désiré Tagro, a été assassiné à l’hôtel du Golf, le cœur de son pouvoir.

Le ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, a déclaré dimanche à l`AFP qu`il allait saisir le procureur d`Abidjan pour ouvrir des enquêtes contre les membres de l`ancien régime "susceptibles" d`avoir commis des "crimes de sang", "des achats d`armes" ou des "détournements d`argent", sans mentionner les crimes commis par les Forces nouvelles à l’Ouest, notamment à Duekoué où 800 civils ont été massacrés par ces derniers. Tous les villages de l’Ouest sont détruits et pillés.
Ces enquêtes devraient donc concerner tous les crimes commis de part et d’autre et non seulement "les membres du gouvernement"
de M. Gbagbo, arrêté lundi dans sa résidence, mais aussi des journalistes de la Radio-télévision ivoirienne (RTI), qui a été un puissant intrument de propagande du pouvoir en place de 2000 à 2011, comme il le précise.
Dans les rues d`Abidjan dimanche, jour des Rameaux, les habitants étaient
peu nombreux à sortir de chez eux.
Ils étaient restés cloîtrés pendant dix jours d`une guerre conclue lundi par l`arrestation de l`ex-président Laurent Gbagbo par les Forces
républicaines (FRCI) de M. Ouattara, appuyées par la France et l`ONU.
"Il y a peu de personnes dans les rues et dans les églises, notamment des enfants. Il y a peu de circulation, de petits commerces sont ouverts. La journée de lundi devrait être cruciale pour le nouveau pouvoir qui a appelé les fonctionnaires à reprendre "impérativement" le travail ce jour-là.
Les enseignants devront par exemple préparer la rentrée des classes prévue officiellement le 26 avril.
Samedi soir, le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de M. Gbagbo, a pris acte de la nouvelle donne et appelé à "arrêter la guerre" et "l`escalade de la violence", notamment à Yopougon (ouest). Ce quartier pro-Gbagbo n`est pas encore totalement maîtrisé par les FRCI, qui y affrontent toujours des milices.
"Nous devons arrêter l`escalade de la violence et de la déchéance", a déclaré le président du FPI Pascal Affi N`Guessan, accompagné de l`ex-ministre des Affaires étrangères de M. Gbagbo, Alcide Djédjé.
M. Affi a prôné la "réconciliation" avec le camp Ouattara et appelé le nouveau régime à mettre fin à la «arrestation arbitraire" et à libérer les personnes arrêtées, dont M. Gbagbo afin qu`il prenne "part à la réconciliation nationale".
Près de cinq mois de crise postélectorale ont fait près de 900 morts selon les Nations unies.
Ce chiffre est largement au dessous de la réalité, note une autre source. Le chiffre de 50 à 100.000 morts peut être le bon dira la source, si on tient compte des villages pillés, de l’épuration ethnique en cours, et de la guerre qui sévit encore à Abidjan, notamment à Yopougon.

Patrice Lecomte