Côte d'Ivoire - Négociations avec l’opposition: "Voici ceux avec qui Ouattara doit discuter," Par Germain Séhoué

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire - Négociations avec l’opposition. Voici ceux avec qui Ouattara doit discuter, Par Germain Séhoué.

Conseil des Ministres du 02 septembre 2015.

Négociations. Dialogue avec l’opposition en vue de la présidentielle de 2015. Voilà l’éventualité qu’a enfin manifestée Alassane Ouattara, chef de l’Etat ivoirien. Ce, au cours du Conseil des ministres du mercredi 2 septembre 2015 après un mois de voyage hors du pays. Bien que Ouattara ait prévenu dans le même temps, paradoxalement, l’opinion que les points faisant l’objet des revendications de l’opposition ne sont pas négociables, il est bon de savoir qui est concerné par ces discussions ? On connait la méthode des régimes anti-démocratiques. A la faveur d’un dialogue longtemps sollicité par une opposition digne de ce nom, le pouvoir fait affluer dans le débat des patins. Ce, pour faire droit à leur accès aux douceurs circonstancielles. Une meute de partis politiques à sa solde, genre clubs de soutien, pour biaiser les résultats, à coups de vociférations sophistes dans le sens du statu quo ante. Donc des « mercenaires » verbeux qui inonderaient les salles de négociations de leur « non ! non ! », pour faire plaisir au pouvoir, en ramant ainsi à contre-courant des propositions sérieuses des demandeurs du dialogue. Un pouvoir qui ne veut en vérité rien voir bouger ou changer. Mais qui veut donner le change à l’opinion internationale qui, elle, exigerait que ces rencontres aient lieu avant la présidentielle. La vigilance doit donc être de mise. Si Ouattara consent à discuter avec l’opposition, il ne devra pas avoir en face une forêt de formations politiques. Les partis politiques qui ont lutté pour obtenir ce « asseyons-nous et discutons », sont ceux de la Coalition nationale pour le changement (Cnc) dont le parti de Laurent Gbagbo et des candidats à la présidentielle au nombre desquels Charles Konan Banny, Kouadio Konan Bertin et les partis tels le Pit, le Rpp, l’Urd et l’Usd. Ce sont ces forces, les interlocutrices indiquées de Ouattara, s’il doit rencontrer l’opposition. Car depuis qu’il a établi son pouvoir de rattrapage ethnique, ces forces ont été, individuellement ou dans un ensemble, celles qui expriment leur désir de changement, dénoncent les aberrations du régime et révèlent ses travers. Il ne serait donc pas juste et moralement correct que des intrus viennent à leur table de négociations. Ils ne peuvent pas laisser les gens abattre la besogne pendant qu’ils filaient le parfait amour avec le pouvoir. Et venir jouer les diablotins au moment où il va s’agir de débattre de l’avenir du pays. Lorsque l’opposition posait les problèmes du pays, faisait ses propositions de sortie de crise, les « clubs » partisans du Rhdp estimaient qu’elle gouvernait le subjonctif, plutôt que d’être « réaliste ». Si donc la force du subjonctif a finir par convoquer le futur proche et le présent, il n’y a pas de raison que ces « clubs » participent à l’assemblée des décideurs conscients. Parce qu’ils y feront exactement comme dans les conseils de l’aristocratie dont disait le Romain Jules César que : « Chaque sénateur est intelligent, mais le sénat est bête ». C’est que dans ces assemblées, ce qui est le plus visible se manifeste. Ce qui est plus visible ? C’est évidemment de gueuler, d’élever le plus haut la voix. Celui qui a la voix la plus forte sera entendu. Celui qui est intelligent, mais qui parle doucement, ne sera pas entendu. Ses aspirations ne seront pas prises en compte. Même si elles sont brillantes. Les régimes anti-démocratiques déversent ainsi leurs amis, faux opposants, dans les débats, pour les secourir quand les discussions ont tendance à leur échapper ou à basculer du côté de l’opposition. Alors, on impose un vote mécanique. Or, la personne qui est intelligente, objective et patriote, et qui analyse posément les choses, a la même puissance de voix dans l’urne que celle qui vote avec son émotion ou son idée qui est loin d’être le bien commun du peuple. Les vrais interlocuteurs de Ouattara sont connus. Ce sont ceux qui exigent des conditions claires, la reforme profonde de la Cei et non une réformette comme actuellement, le respect de l’article 35 de la Constitution, etc. Et non les supplétifs du Rdr, tels des Dozos de la politique.

Une contribution de Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr