Côte d'Ivoire: Mise en cause dans les massacres de Duékoué. L’Onuci disqualifiée pour faire des enquêtes crédibles
Le 30 mai 2011 par Notre voie - L’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire a rendu public, jeudi, à Abidjan, les résultats de ses investigations sur les tueries qui ont eu lieu au cours de la crise postélectorale dans l’ouest de la
Le 30 mai 2011 par Notre voie - L’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire a rendu public, jeudi, à Abidjan, les résultats de ses investigations sur les tueries qui ont eu lieu au cours de la crise postélectorale dans l’ouest de la
Côte d’Ivoire. Selon elle, il y a eu au total 1012 morts dans les deux régions des 18 montagnes qui a pour capitale Man et du Moyen Cavally (capitale : Guiglo et comprenant Duékoué, Blolequin, Toulépleu). Concernant Duékoué, l’ONUCI a dénombré 500 morts dont 341 Guérés, 100 Malinkés, 159 Burkinabé, 68 Maliens, 32 Yacoubas, 6 Guinéens, 5 Béninois, 1 Sénégalais, 11 Nigériens, 1 Ghanéen. Les chiffres et leur répartition sociologique font ressortir un non-dit dont l’objectif semble être de minimiser le massacre des Guéré dont s’est rendu coupable l’armée de M. Ouattara Le comité international de la Croix rouge (Cicr) qui a sonné l’alerte a parlé de plus de 800 morts occasionnés au bas mot. En parlant de 1012 morts à la fois pour la zone de Man et la zone qui inclue Duékoué, l’ONUCI tente de discréditer les autres organisations et d’évacuer le caractère génocidaire des massacres de Duékoué qui, selon d’autres enquêtes, mettent à nu la cruauté des soldats pro-Ouattara. Même le délai de ces tueries que donne l’ONUCI participe de la même logique de diluer la cruauté. Les enquêteurs de Choi, représentant de Ban Ki-Moon en Côte d’Ivoire, disent que les tueries ont eu lieu entre le 1er décembre et le 24 avril. Pourtant, le Cicr est catégorique. « Le CICR ne fait pas ce genre de communiqué à la légère, il est très rare que nous donnions des chiffres. Si l'on parle d'au moins 800 victimes, c'est parce que nous étions à Duékoué le 31 mars et le 1er avril, et que ce sont nos équipes qui ont ramassé les corps, soit dans les maisons, soit à l'extérieur, pour les enterrer dans la dignité. Donc nous les avons comptés », avait précisé Steven Anderson, un porte-parole du CICR pour mettre fin à la polémique. « Nous sommes devant un cas exceptionnel et une situation particulièrement choquante », avait ajouté. M. Steven Anderson a indiqué que « s'il s'agit bien, comme c'est en train de se préciser, d'exécutions sommaires en masse commises en seulement deux jours, mardi 29 et mercredi 30 mars, on est vraiment devant un massacre de grande ampleur. Nos différentes sources sur le terrain ont dénombré à ce jour 816 morts. Mais on continue à découvrir des corps ».
Minimiser l’ampleur des massacres
En inscrivant faisant remonter le début des tueries au premier décembre, L’Onuci tente d’en diluer la charge émotionnelle. Certes, il y a eu des tueries même le jour du second tour des élections mais Amnesty international insiste sur le fait que la massacre s’est déroulé sur deux jours. Quand l’opération des Nations unies parle des circonstances et causes des tueries, elle évoque 74 décès dus aux effets collatéraux et de morts par malnutrition et noyade. Juste pour faire remarquer que tous les tués ne l’ont pas été volontairement. C’est vrai des balles perdues ont fauché des innocents partout où la guerre a été très vive. Néanmoins, ces chiffres et autres détails donnent l’impression que l’ONUCI tente encore ici de voler au secours d’Alassane Dramane Ouattara dont les hommes sont essentiellement mis en cause. Or le nouveau Chef d’Etat se sent très mal à l’aise face à ce dossier de Duékoué qui sonne comme un petit Rwanda.
Une pièce de tragédie
Et puis, Ouatarra-ONU, c’est comme, dans une pièce de tragédie, le héros et l’adjuvant. Autant dire que les résultats de l’enquête menée ne peuvent pas être pris au sérieux tout simplement parce que l’ONUCI était non seulement un acteur du conflit mais un acteur allié de Ouattra. L’opération onusienne était elle-même sur le terrain des opérations aux côtés des Forces d’Alassane Ouattara. L’ONUCI était au combat sur tous les fronts face à l’armée régulière avant et pendant l’offensive dont l’aboutissement a été l’arrestation du président Laurent Gbagbo le 11 avril. L’ONUCI est entrée en scène dès l’annonce controversée des résultats de la présidentielle du 28 novembre 2010 par le président de la Commission électorale. Dès que son patron Y.J. Choi a certifié les résultats, pourtant provisoires, donnant vainqueur Alassane Dramane Ouattara et que le Conseil constitutionnel a dit le contraire, les soldats de l’ONU ont débuté leur appui logistique aux combattants d’Alassane Ouattara. C’est elle qui les convoyai, depuis les zones sous leur contrôle jusqu’à Abidjan. Le commando invisible d’Ibrahim Coulibaly qui a engagé les hostilités dans la commune d’Abobo a été activement appuyé par l’ONUCI.
Soutien actif aux forces pro-Ouattara
De plus, plusieurs témoignages font état de ce que, le 28 mars 2011, les forces pro-Ouattara ont lancé leur offensive guerrière sur l’ensemble du territoire avec le soutien actif des soldats de l’ONU et de la force Licorne. Ce sont ces deux forces qui pilonnaient d’abord les positions des forces loyales au président Gbagbo avant l’entrée en scène des ex-rebelles. Avec leurs hélicoptères, elles survolaient les positions des militaires ivoiriens et les communiquaient aux hommes de Ouattara. Un ami se trouvait à Duékoué pendant l’attaque de la ville le 28 mars. Des témoins présents dans le camp de l’Onuci de Duékoué rapportent que les soldats Onusiens ont aidé les forces pro-Ouattara à conquérir la ville.
Organisation manipulée
Acteur du conflit et ayant montré beaucoup de partialité et de passivité, c’est à juste titre que l’ONUCI a été aussi épinglée par Amnesty international dans les tueries de Duékoué. Elle s’en défend comme toujours, partout dans le monde où les forfaitures de l’ONU ont été révélées. Il y a quelques jours, M. Djinnit, un responsable de l’Onu à Dakar se disait surpris par les accusations d’Amnesty International. Parce que, selon lui, l’Onu avait déployé tous les moyens pour protéger les populations civiles dans l’ouest. Hier, c’est au tour de M. Choi de déclarer que l’Onuci ne peut pas protéger tout le monde parce qu’elle serait en sous-effectif.
En tout état de cause, on voit bien que les massacres de Duékoué mettent l’Onuci dans un embarras terrible. Dès lors, tous les rapports qu’ils publieront seront taxés de partisans.
Lagô Sahawa