Côte d'Ivoire: Lettre ouverte au professeur Mamadou Koulibaly, Président de l'assemblée nationale

Le 13 juin 2011 par Correspondance particulière - Excellence, Permettez que je brûle les étapes du “savoir-vivre” et que j’aborde tout de suite ce pour quoi, j’ai décidé de m’adresser à

Mamadou Koulibaly, président de l'assemblée nationale.

Le 13 juin 2011 par Correspondance particulière - Excellence, Permettez que je brûle les étapes du “savoir-vivre” et que j’aborde tout de suite ce pour quoi, j’ai décidé de m’adresser à

vous au moment où l’état des choses dans notre pays, la Côte d’Ivoire, demeure encore très flou.
Excellence, au lendemain de la rebellion armée par la France contre notre pays (2002), vous avez écrit (“La guerre de la France contre la Côte d’Ivoire”), vous avez crié au diable (de nombreuses conférences sur place et partout dans le monde) et vous avez observé des grêves constitionnelles (réfus de sièger au Parlement). En plus, vous avez même risqué votre vie en disant “NON” à monsieur Jacques Chirac à Marcoussis. Ce “NON” avait, en son temps, retenti comme celui de Hamed Sékou Touré. Ce lion des temps des indépendances “construites et fortuites” avait aussi risqué tout en repoussant les propositions dégradantes du géant général français, de Gaulle.
Avec tout ce qui précède, vous avez créé une totale symbiose entre la nation et vous. En vous, juraient les Ivoiriennes et les Ivoiriens amoureux de leur terre, de paix, de justice, de respect et de la légalité reconnue à toute nation (fût-elle grande ou petite; forte ou faible; riche ou pauvre). “L’après Gbagbo est assuré”, se disaient vos grands supporters en se référant à vous. Et, la tornade française continua de planer sur la nation ivoirienne jusqu’en 2011.
Les élections présidentielles, leur organisation et tous les dessous qui l’ont accompagnée, je préfère me taire là-dessus et sans tarder, je viens au fait clé qui sanctionne tout ce tra-la-la qui, en fait, n’était qu’une mise en scène dilligentée de main de maître par la France et l’O.N.U pour arriver à leur but essentiel: soumettre toute l’Afrique en décapitant la Côte d’Ivoire. Cette nation sert donc de “tube à essai” à la France et à ses alliés pour dire à tous les Africains: “Méfiez-vous, vous restez notre possession, alors pas de gaffe”.
Le fait est que, le 11 mars 2011, en plein âge mûr de la communication et “des Droits de l’Homme*”, monsieur Dramane Ouattara, aidé par les tireurs d’élite de la France et de l’O.N.U, kidnappent le Président Laurent Gbagbo dont vous êtes l’héritier direct, selon notre constitution et cela en cas de vacance. Vous êtes aussi, il faut le signaler, l’un des vice-présidents du FPI qui est le parti du président kidnappé par la France et remis aux barbus de monsieur Dramane. Les crimes commis avant, pendant et après l’enlèvement du président Gbagbo, Excellence, vous en savez la magnitude et donc je vous laisse la lattitude d’en tirer les conséquences sur les familles, dans le psychique individuel et encore sur le développement de notre patrie. Vous êtes un économiste, vous savez ce qu’un génocide ou une simple guerre a comme conséquences sur l’économie d’une nation.
Devant tous les abus commis par monsieur Dramane, le chef des rebelles; vous avez opté pour la politique de “la chaise occupée”, car le contraire ne payerait pas. A ce niveau, je ne saurai vous condamner ni vous juger. Mais, le hic qui me conduit à vous adresser mon mot, est votre démarche qui, selon mon entendement, me place devant “un désordre de personnalité” à votre niveau, pour parler un peu comme les psychologues. Cette démarche crée depuis un moment, une ambiguïté telle que’ il est très difficile de savoir si vous êtes la même personne qui, hier condamnait la France et réfusait de parler à la rebellion armée ou si ce que vous faisiez n’était pas un métier de joker pour s’attirer l’amour du peuple que l’on poignarde dans le dos après s’être installé confortablement dans la conscience de celui-ci ou encore, on se demanderait si réellement vous avez été avec le président Gbagbo depuis le début. Votre démarche prête à une telle confusion que certains parlent même de vengeance contre le couple Gbagbo.
De quoi s’agit-il? Après l’enlèvement du président Gbagbo, hormis le réfus du FPI de faire part du gouvernement du tyran Dramane, dans vos interventions, vous parlez à peine de la mise en liberté des dirigeants du FPI dont le président Gbagbo. Dans l’une de vos sorties, publiée à grandes pompes par le journal Jeune Afrique et la presse pro-Dramane, vous dites que le président Gbagbo a reconnu sa défaite, sic. Devant cette sortie, Excellence, je ne saurai pratiquer la politique de l’autruche ou encore je refuse la loi de “qui ne dit rien consent” parce que, je suis très convaincu que vous ne vous rendez pas compte de la gravité de vos propos ou alors en parlant, vous avez d’autres ambitions que je ne saurai cautioner par un silence coupable.
Pour une question de travail, admettons que le président Gbagbo ait reconnu sa défaite face “au candidat de l’étranger”, monsieur Dramane. Mais, Excellence, en venant publiquement dire cela, vous croyez sans doute vous laver les mais comme Ponce Pilate qui a fui ses responsabilités devant les assassins de Jesus (je ne suis pas un chrétien ou praticant d’une quelconque réligion au sens occidental) ou vous vous vengez ou encore vous voulez devenir le chef de votre parti, le FPI. Mais, vous semblez oublier le concept de “la responsabilité collective” en matière de droit local ou international. Vous dites que vous avez parlé de ladite défaite avec votre chef, le président Gbagbo. Avec qui d’autre avez-vous discute de cela et d’un eventual depart du pouvoir du president Gbagbo? Vous avez, par exemple, le professeur Paul Yao N’Dre, le president de la Cour Constitutionnelle; vous avez le president de votre parti monsieur Affi N’Guessan ou monsieur Sylvain Oureto, le secrétaire du FPI et bien d’autres. Le peuple voudrait bien vous entendre sur ce point précis. Car les personnalites capables de convaincre le président Gbagbo pour quitter le pouvoir, afin d’éviter les rivières de sang dans lesquelles la France et ses alliés continuent de noyer les Ivoiriens ne manquent pas.
Ensuite, en vous lavant les mains comme Ponce Pilate, si le président Gbagbo doit passer devant une quelconque cour de justice, logiquement et au nom “de la responsabilté collective”, vous ne devriez pas y échapper. Excellence, je veux bien croire que ce qui fait l’objet de ma note, ne vienne pas de vous. Cependant, en attendant votre réaction, je m’adresse a vous pour que l’histoire sache que la République de Côte d’Ivoire, comme toutes les nations, réfuse la pensée unique et “Le silence, on développe” (Jean-Marie Adiaffi).
Enfin, Excellence, je ne saurai finir ma lettre sans vous faire des suggestions. Ainsi, je vous demanderai de ne plus exposer comme vous l’avez fait. Vous êtes un chef, voire une boussole pour beaucoup d’Ivoiriens, alors respectez cette image. Veuillez bien vous batter pour le retour des journaux de l’opposition chez les marchands du coin de la rue. En plus, voudriez-vous bien mettre tout en oeuvre pour la mise en liberté des militants LMP et du départ des assassins de monsieur Dramane des villes et villages dits pro-Gbagbo. Car, c’est à partir de cet instant seulement, que l’on pourra envisager un semblant de réconciliation.

Sylvain De Bogou.