Côte d'Ivoire: Les raisons de l’échec de l’Ua

Publié le vendredi 11 mars 2011 | Le Temps - Rencontre de l’Union africaine sur la crise ivoirienne. L’on y attendait le dénouement du poker menteur ivoirien. Mais l’on en est plutôt sorti stoïque. Le consensus n’ayant pu être trouvé pour sortir

Les Présidents Déby Itno et Ould Abdel Aziz, membre du panel de l'UA.

Publié le vendredi 11 mars 2011 | Le Temps - Rencontre de l’Union africaine sur la crise ivoirienne. L’on y attendait le dénouement du poker menteur ivoirien. Mais l’on en est plutôt sorti stoïque. Le consensus n’ayant pu être trouvé pour sortir

définitivement la Côte d’Ivoire de l’ornière électorale, où elle s’est empêtrée depuis le 28 novembre 2010. Mais à bien y voir de près le problème ivoirien remonte à bien longtemps, depuis que le socialiste Laurent Gbagbo a accédé en octobre 2000, à la Magistrature suprême. Le chef d’Etat ivoirien prône un rééquilibrage de la répartition des immenses richesses de son pays. L’appétit de la France insatisfaite se voit alors douché face à un Gbagbo « récalcitrant incommode et réfractaire » à la bonne boulimie hexagonale. On a battu en brèche les suggestions du plus pondéré du Groupe de Haut niveau des chefs d’Etat de l’Union africaine, en l’occurrence le Mauritanien Ould Abdel Aziz. On a refusé de prêter une oreille attentive à la démarche constitutionnelle et donc légaliste du Sud-Africain Jacob Zuma. Que restait-il d’autre à part le Malawi dont la dette se voit «effacée » par la France corruptrice ? A quoi pouvait-on s’attendre du Burkinabé Blaise Compaoré fier de son statut de président à vie assuré par la France ? Le Tchadien Idriss Déby Itno qui doit une fière chandelle à la France qui lui a flanqué une rébellion de «surveillance », préfère ne pas prendre de risque. Le groupe de Haut niveau mis sur pied par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine souffre de trois péchés congénitaux.
Premièrement il est pris à son propre piège quand il dit que la solution doit être trouvée par « consensus » et ce n’est qu’à cette seule et unique condition qu’elle deviendra « contraignante à toutes les parties ivoiriennes ». Ce qui voudra dire que, tant qu’une des deux parties conteste la décision, il faudra attendre la saint glinglin. . « Nous avons estimé que c’est une proposition inacceptable … Malheureusement, nous avons constaté que le panel de Haut niveau s’est contenté de reprendre ce que nous savons déjà. Le panel est dans l’incapacité de nous donner les arguments qui fondent cette décision (le choix d’Alassane Dramane Ouattara comme président élu de Côte d’Ivoire, ndlr) ». S’est braqué l’ancien Premier ministre ivoirien Pascal Affi N’Guessan qui représentait le président Gbagbo à ces rencontres. Le porte-parole du candidat Gbagbo à la dernière élection a donné le ton.
Deuxièmement, la couardise de certains de ses membres face au chantage de la France.
Dès le départ, le panel a été noyauté par la France consciente de la faiblesse de la majorité de sa composante. Là où l’idéal voudrait en vue de s’assurer une majorité soviétique, qu’elle s’aliène l’Afrique du Sud de Jacob Zuma, la Mauritanie d’Ould Abdel Aziz et narguer le continent noir. La France pourra se contenter d’une majorité relative constituée du Burkina Faso, du Tchad et du Malawi. Mais ce n’est qu’un round de joué. Il faudra attendre. Car, la « contrainte » passe forcément par « le consensus » qu’il faudra nécessairement trouver entre le candidat de La majorité présidentielle (Lmp) et celui du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp).
Troisième couac et c’est là où la tâche devient âpre. L’Union africaine a fermé les yeux sur les résultats de ses propres missions en Côte d’Ivoire. Ni le chef de délégation de la mission d’observation du second tour de l’élection présidentielle l’ancien premier ministre Joseph Koku Koffigo, ni l’émissaire de l’Union africaine l’ancien président sud africain Thabo Mbeki, ni le Groupe des experts, encore moins le Groupe de grands niveau constitué de chefs d’Etat ; tout ce bataclan financé à grands frais pour des missions onéreuses en Côte d’Ivoire n’a été pris en compte, à entendre Affi N’Guessan. On a carrément botté en touche les considérations légalistes pour des considérations d’ordre émotionnel. Vous voulez une issue heureuse à la crise ivoirienne ? Veuillez passez demain !

Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr