Côte d'Ivoire: Le rattrapage ethnique est plus conflictuel que l'article 35 de la Constitution
Par Civox.net - Côte d'Ivoire. Le rattrapage ethnique est plus conflictuel que l'article 35 de la Constitution.
Les élections présidentielles se sont déroulées le 25 octobre 2015, avec à la clé la victoire sans surprise de M. Alassane Ouattara. Il ne pouvait en être autrement quand on sait que le président sortant détient la machine électorale, les moyens puissants de l’Etat et avait le soutien de Nicolas Sarkozy qui avait manipulé en son temps la communauté internationale. En plus, en face de lui, il n’y avait pas de candidat de poids. Le FPI de Laurent Gbagbo, divisé par le pouvoir en place et ses leaders en prison pour leur appartenance politique, n’a pu participer à ces élections non transparentes et crédibles.
C’est donc en roue libre que le candidat « dérivé » du RDR a été proclamé vainqueur avec un pourcentage (83,66%) qui frise le ridicule dans une démocratie moderne. Comme le dirait l’adage, à vaincre sans périr on triomphe sans gloire. Lorsqu’on n’éprouve pas de difficulté pour conquérir une femme tant convoitée, il y a de quoi à ne pas pavoiser. Car on ne sait pas pourquoi cette dernière a cédé aussi facilement. Comme un mari qui triche avec la femme de son voisin et de peur d’être surpris, M. Ouattara, au pas de course, a accéléré les choses pour prêter serment et être investi. Ainsi, il se donne une légalité bâtie sur du sable mouvant.
Sa majesté « l’empereur » Ouattara 2 auréolé de ses 83,66% se croit en territoire conquis. Rien ne lui résiste. Il s’apprête à faire des reformes en modifiant la constitution. Selon lui, l’article 35 de la constitution ivoirienne contient des germes de conflit. Koné Mamadou, président du conseil constitutionnel, celui là même, censé être le gardien de la loi fondamentale, soutient le président Ouattara dans son aventure périlleuse de modification de cet article. Qu’est ce qui peut surprendre les ivoiriens ? Le sieur Koné Mamadou est dans sa logique. C’est un pion de la rébellion conduit par Soro Guillaume.
L’objectif de cette équipe dirigée par M. Alassane Ouattara et Nicolas Sarkozy est de refonder la Côte d’Ivoire autrement et d’amener l’ivoirien à être étranger dans son propre pays. Devant l’inexistence d’une opposition responsable, du moins muselée, Ouattara « Dioulatise» la Côte d’Ivoire. Le rattrapage ethnique est la loi qui domine dans ce pays. Tous les hauts postes de l’administration et de l’armée sont tenus par nos frères du nord(Dioula). On fait semblant en nommant quelques responsables du PDCI mais en réalité ils jouent les seconds rôles.
Il faut être du « nord » ou dioula ou RDR pour voir son nom sur la liste des admis aux différents concours de police, gendarmerie, CAFOP, INFAS, INFS, DOUANE et les concours organisés par la fonction publique. En procédant ainsi, le régime Ouattara ne crée t-il pas les germes d’une révolution future ? Les frustrés des autres ethnies attendent le moment propice pour sonner la révolte. M. Ouattara devrait plutôt se pencher sur ce côté que de vouloir s’attaquer à l’article 35 qui est un article bien rédigé et qui nous protège contre des aventuriers et des prédateurs des temps modernes.
Le silence des ivoiriens ne veut pas dire que tout va bien. On entend dire que les ivoiriens sont des peureux. Il suffit de les terroriser et ils se taisent. C’est mal connaître les ivoiriens. Pendant qu’il est encore temps, il faut ressouder le tissu social déchiré et empêcher le rattrapage ethnique qui a des conséquences funestes. L’émergence ne fait pas bon ménage avec le favoritisme d’une ethnie. La Côte-d’Ivoire est une mosaïque ethnique. Cette spécificité ne s’accommode pas avec la pratique des dirigeants actuels qui sont favorables à l’exclusion.
L’élection présidentielle étant derrière nous, il faudra mettre fin à l’air condescendant des vainqueurs qui seront des vaincus de demain. Il faut noter que la majorité n’a pas le monopole de l’intérêt général, mais le monopole de la décision. Pour éviter une seconde crise à la Côte-d’Ivoire, ne touche pas à ma constitution. Mets plutôt fin au rattrapage ethnique qui gangrène la société ivoirienne.
Une contribution de G.OURA Kouakou
ourandrin@yahoo.fr