Côte d'Ivoire: "L'autorisation de la marche du 28 septembre était un gros piège tendu par Ouattara au peuple ivoirien", Par Isaac Pierre Bangoret

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. "L'autorisation de la marche du 28 septembre était un gros piège tendu par Ouattara au peuple ivoirien", Par Isaac Pierre Bangoret.

Un million de personnes marchent dans les rues d'Abidjan le 28 septembre 2015 à l'Appel de la CNC.

"L’AUTORISATION DE LA MARCHE DU 28 SEPTEMBRE DE BANNY ET DE SES ALLIÉS CANDIDATS À LA PRÉSIDENTIELLE, UN GROS PIÈGE POLITIQUE TENDU PAR OUATTARA AU PEUPLE IVOIRIEN", Par Isaac Pierre Bangoret

Cette marche constitue un piège politique, lorsque nous analysons objectivement l’attitude ambigüe adoptée par le régime de Ouattara face aux deux manifestations prévues par l’opposition ivoirienne : le rassemblement du 26 septembre à Yopougon et la marche du 28 septembre 2015. « Pourquoi, en effet, les forces de l’ordre acquises à la cause de Dramane Ouattara ont-elles réprimé le rassemblement pacifique des jeunes de la CNC à Yopougon (place Ficgayo) et toléré la marche du 28 septembre 2015 des candidats à l’élection présidentielle ?». Il nous faut, en fait, lever toute équivoque, en soulignant qu’au début de sa conférence de presse du 21 septembre 2015, le président de la CNC, Charles Banny, a tenu à faire une précision capitale que l’ont peut résumer en ces termes : « La marche du 28 septembre 2015 n’est pas organisée par la CNC mais par les 4 candidats à l’élection présidentielle du 25 octobre 2015 ». Le jour de la marche, nous voyons apparaître les 3 candidats : Banny KKB et Mamadou Koulibaly, sans Essy Amara, qui leur a opposé un refus poli. Aux côtés de ces derniers se tiennent leurs alliés du FPI, Sangaré Abdouramane et Laurent Akoun, qui refusent de s’engager dans l’aventure périlleuse de Dramane Ouattara « autoproclamé » candidat à l’élection présidentielle, en violation de la Constitution ivoirienne. La fraude électorale d’un homme politique qui refuse de se soumettre aux lois de notre pays est inéluctable, cela va de soi ; c’est une conséquence logique de son idéologie politique enracinée dans la violence, les assassinats. La stratégie du régime de Ouattara s’inscrit dans une logique politico-militaire adoptée dès son accession au pouvoir ; séparer le corps (le peuple) de la tête (des représentants). Il s’agit, en effet, de frapper les bergers (les leaders), dans le but de disperser le peuple (les militants). C’est conformément à cette logique que le président Gbagbo, Blé Goudé, Simone Ehivet, les leaders charismatiques du FPI sont, dans leur grande majorité, en prison. A Yopougon, une des principales bases du président Laurent Gbagbo, a été réprimé le rassemblement des jeunes de la CNC parce que, contrairement à la marche des candidats à la présidentielle, cette manifestation devait constituer, à la face du monde entier, une expression pacifique du peuple, soucieux de défendre sa Loi fondamentale, un objectif commun à tous les Ivoiriens attachés aux valeurs universelles de la République. Dramane Ouattara, inéligible, selon notre Constitution, est, évidemment, outré par cette opposition ivoirienne qui dénonce son inéligibilité. Il a toléré la marche des candidats à la présidentielle parce que ces derniers « sont appelés » à confirmer, indirectement, la légitimité de « son élection » truquée d’avance. Pour mieux cerner ce piège politique, transférons ces deux manifestations au jour de la proclamation des résultats où l’opposition ivoirienne contesterait la « victoire volée » de Dramane Ouattara capable de récidiver, après avoir pris à Bédié ses voix, au vu et au su de tous. Les 38.000 soldats de Dramane Ouattara chargés « de sécuriser » les élections présidentielles réprimeront violemment toute manifestation publique, comme à Ficgayo. « Les candidats malheureux » à cette présidentielle (Banny, KKB, et Mamadou Koulibaly), seront, selon le schéma du coup d’État de Diendéré au Burkina Faso, « mis en résidence surveillée » et nous verrons, certainement, arriver au grand galop les médiateurs de la CEDEAO, en compagnie de notre diplomate Essy Amara et des candidats dits « modérés », confirmer la victoire de Ouattara à la tête de notre pays. Si la situation s’envenime, il est possible qu’il soit demandé à Ouattara de se retirer comme Blaise Compaoré, afin que soit installé Essy Amara à la tête d’un gouvernement d’union nationale, d’où l’obstination de Essy à « rester au-dessus de la mêlée pour préserver sa virginité politique ». Prêtons un peu plus attention au slogan de la marche du 28 septembre 2015 suggéré par
Mamadou Koulibaly : « La CNC n’acceptera pas d’aller aux élections avec Youssouf Bakayoko à la CEI ». Ce slogan résume la ligne politique de Mamadou Koulibaly favorable à la modification de l’article 35 de la Constitution ivoirienne, une position que ne peut que partager Dramane Ouattara. Posons à nos candidats les questions suivantes : « Êtes-vous certains, chers candidats, que le départ de Youssouf Bakayoko soit l’unique solution susceptible de garantir des élections transparentes dans notre pays ? » À quelques jours des élections, Ouattara pourrait, éventuellement, accéder à cette requête pour apparaître aux yeux du monde, comme un homme politique favorable au dialogue. Le temps qui vous sera imparti suffira-t-il à organiser des élections transparentes ? Sur France 24, Jean Karim Fall jette déjà les bases du complot français contre la démocratie ivoirienne, quand il « affirme » que Ouattara sera le grand vainqueur de ces élections puisque le FPI est divisé entre les deux dissidents ; Affi N’Guessan et Mamadou Koulibaly qui ne sont pas originaires de l’ouest. Il prend soin de taire le nom de Sangaré Abdouramane parce que la violation de la Constitution ivoirienne par Ouattara reste un sujet tabou sur les chaînes internationales. Les partisans du président Gbagbo sont, selon lui, localisés essentiellement à l’Ouest du pays. Un refrain de Mindaoudou Aïchatou qui a choisi de faire de la crise politique née de la violation de notre Loi fondamentale une crise communautaire. Le journaliste de RFI est l’un des précurseurs de cette vision politique dont le but est de falsifier les véritables revendications de la Révolution sociale ivoirienne. Qui dit crise communautaire dit guerre civile et on se retrouve dans le scénario de la Centrafrique où des agressions entre les communautés seront expressément planifiées avec la bénédiction de l’ONUCI, les pyromanes de l’Afrique, afin que soient confirmées leurs assertions. L’Union Européenne refuse d’envoyer des observateurs dans notre pays, durant ces élections, parce qu’elle ne veut pas officiellement cautionner la violation flagrante de la Constitution ivoirienne. Elle apporte, cependant, son soutien logistique et officieux à Dramane Ouattara, en fermant, volontairement, entre autres choses, les yeux sur toutes les exactions dont sont victimes les opposants ivoiriens, les partisans du président Gbagbo. Ouattara a officieusement carte blanche. S’il échoue et est chassé du pouvoir, vaincu par les populations ivoiriennes, la fameuse communauté internationale dira qu’elle a demandé aux dirigeants africains de respecter la Constitution de leurs nations respectives. Ces dernières questions méritent d’être posées aux candidats à la présidentielle de 2015 regroupés au sein de la CNC : « Participerez-vous à la présidentielle du 25 octobre 2015, si Ouattara ne crée pas les conditions d’une organisation transparente des élections qui ne se limite pas au départ de Youssouf Bakayoko, puisque nous avons 38 mille soldats acquis à sa cause, chargés de « sécuriser » les élections (de l’installer à la tête de notre pays)? » « Que ferez-vous quand vous serez en résidence surveillée, saurez-vous à l’instar de Gbagbo être fidèles à votre idéal : la défense des intérêts de tous les Ivoiriens ? » Mettez fin aux intrigues politiques inutiles de peur de conduire le peuple dans l’impasse. Partageons un objectif commun : la défense de notre Patrie, de nos lois. Il nous faut observer, avant tout, cette valeur universelle, fondamentale, de toute démocratie : « le droit de vote », et faire nôtre cette idée capitale, support de toute démocratie, évoquée par le président Obama à l’Assemblée Générale de l’ONU ; la lutte contre toute forme de pouvoir absolu. Ce pouvoir qu’incarne Dramane Ouattara en Côte d’Ivoire et Blaise Compaoré au Burkina Faso où Diendéré vient de prendre en otages des soldats… Que les Ivoiriens et leurs leaders fassent prévaloir les lois sur l’usage excessif des armes.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)