Côte d'Ivoire : La libération de notre pays est un impératif parce que nous n'avons pas d'autres choix, Par Claude Koudou

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. La libération de notre pays est un impératif parce que nous n'avons pas d'autres choix, Par Claude Koudou.

Claude Koudou.

Dans notre pays, actuellement en proie à une dictature féroce, nous devons absolument poursuivre la lutte jusqu'à gagner le combat de sa libération et celui contre toutes formes d'injustices. Il arrive que la lutte titube. C'est normal car dans toutes luttes, il y a des aléas incompressibles et d'autres impondérables. Nous devons évidemment travailler à minimiser la portée de ces aléas. Les divergences qu'il y a sur telle ou telle approche ne auraient donc être des éléments de ralentissement ou d'extinction de la lutte. En fait, à juste titre, nous voulons la liberté ; nous voulons la démocratie, nous voulons l'épanouissement de notre jeunesse en particulier et celui du peuple tout entier en général. Il y a là des considérations nobles qui ne peuvent donc être négociables. Certains s'énervent ; d'autres sont déçus parce que désespérés, à la lecture d'atermoiements si ce ne sont pas des renoncements qui viennent saper leurs élans pratiquement résolus. Au-delà de tous les sentiments, de tous les ressentis, de tous les ressentiments et parfois des rancoeurs, il y a une contradiction principale que le peuple progressiste doit observer. Elle se présente comme une constante. Il s'agit de la libération de notre pays. elle ne peut se gagner que dans le rassemblement. Par ailleurs, l'environnement mondial dévoile chaque jour le délitement des puissances. Ces puissances qui se sont construites sur des modèles limitants ; le mensonge, la mystification, l'intoxication et l'intimidation qui en ont constitué le socle.

La bataille que nous menons et qui doit être amplifiée, n'est pas une bataille contre des personnes pour d'autres. Sauf aussi pour celui qui a sacrifié sa vie pour la liberté et pour la démocratie. Celui-là a ouvert les yeux au peuple de Côte d'Ivoire et à une grande partie de l'Afrique. Il a bravé les interdits et les codes de la gouvernance du parti unique. Il aurait aussi pu se taire devant des attitudes déviantes. Alors, quelle que soient les fortunes que les élections législatives auront réservées à ceux qui ont voulu y participer, il faudra poursuivre l'idée d'un rassemblement qui additionne les aspects positifs que chaque acteur progressiste a en lui. Il y a bien sûr des nuances sinon de grandes différences entre les différents protagonistes. Mais la réalité est qu'une lutte ne se gagne pas ni à la marge ni avec des incantations. Évidemment, on ne saurait s'allier à ceux qui nient nos souffrances ; à ceux qui tirent la lutte vers le bas. Mais une lutte ne peut pas avoir pour philosophie la logique de règlement de comptes. Il y a des priorités que chacun doit privilégier. Aussi, faut-il rappeler qu'il y a plus d'une dizaine d'années, certains par naïveté, par suivisme, ou par dépit se sont ralliés à la barbarie. Il y a six ans, les mêmes et d'autres ont cru bon de participer à l'affaissement de leur propre pays.

Aujourd'hui, en observant, nous constatons qu'il y en a de ces classes de compatriotes et/ou d'acteurs qui semblent s'être ravisés. Ont-ils véritablement changé ou font-ils semblant ? En tout cas, on ne saurait sérieusement mesurer ce qu'il en est réellement si nous restons dans un esprit de répulsion et de refus permanents. En tout état de cause, nous constatons que le peuple est prêt. Mais il lui manque une ligne claire. Dans un monde aussi ouvert que celui que nous habitons, on ne peut pas se taire quand des élites brisent les normes élémentaires de la démocratie. Être de gauche ou être progressiste suppose que l'on observe au moins des valeurs de solidarité et de tolérance. Aussi faut-il promouvoir des débats démocratiques, accepter la critique, l'autocritique et les différences. Si nous voulons construire un espace démocratique moderne, nous devons accepter l'innovation dans nos façons de pratiquer la chose publique. Ce qui veut dire que les responsables politiques doivent être disciplinés avant de demander aux autres d'observer la discipline. C'est à dire en respectant les règles qu'eux-mêmes ont décidées.

La dictature d'un groupe d'individus qui foulent au pied les textes mêmes des organisations qu'ils sont sensées faire respecter, rend la démocratie malade s'ils n'émiettent pas les élans d'une dynamique d'ensemble. Quand des suggestions, des propositions et des interpellations en interne, n'ont jamais de réponses, et qu'on ne peut pas ou on ne doit pas non plus prendre des armes contre son propre parti, il faut provoquer le débat autrement. Car hier aussi, il a fallu qu'un camarade affiche ouvertement qu'il avait depuis dévié de la lutte pour que tout le monde s'en émeuve. Nous devons donc interpeller ceux qui, parmi nous, présente le même profil dans leur comportement.

Ensuite, il importe d'intégrer que le sort de Laurent Gbagbo, injustement détenu à La Haye, dépend de nos actions et de différents actes additionnels que les uns et les autres peuvent poser dans le sens de la construction. Nous sommes édifiés sur le fait que la situation intérieure de notre pays sera pour beaucoup dans la libération du Président Laurent Gbagbo. Et puisque personne n'a la solution linéaire qui vaille, il importe que chacun, en toute modestie s'ouvre à ce qui peut contribuer à la libération de notre peuple qui souffre. Ceux qui se tirent inopportunément la couverture, avec des pratiques qui nous ramènent toujours en arrière, deviennent chroniquement intempestifs. A l'évidence, la lutte doit être menée plus sérieusement. Ce qui suppose que l'on cultive des stratégies aussi nettes que lisibles.

C'est pourquoi, après avoir inlassablement travaillé pour que la cause ivoirienne soit comprise à travers le monde, il nous faut maintenant poser des actes et mener des actions qui peuvent s'avérer salutaires. Une vision unique doit donc nous rassembler au contraire d'une pensée unique qui n'est pas propice à rendre un combat efficient.

Au lendemain des élections législatives que monsieur Alassane Dramane Ouattara organise le 18 décembre 2016, nous devons rassembler tous ceux qui aspirent au changement. Sachant que dans toutes entreprises, il y a plusieurs étapes, il importe d'observer ensemble l'essentiel pour réussir collectivement. Sinon, c'est individuellement, - si les égos sont plus forts - que nous périrons. Mais croyant aux intelligences des uns et des autres et ayant tous identifié ce qui est bon pour le peuple, il me semble que chacun saura se ressaisir. Devant la conjoncture actuelle qui nous est favorable, il ne me semble pas que la déraison l'emportera sur le bon sens.

D'autre part, plutôt que de cultiver la logique d'un éternel recommencement on un perpétuel renoncement, il conviendrait de consolider la dynamique du rassemblement amorcé. La stratégie qui consiste à battre en retraite dès le premier écueil est un non-sens. Qui plus est, nous connaissons les différents acteurs en présence. On ne peut pas continuer de naviguer dans le tunnel d'un même plan qui ne donne pas de passerelle sur un plan B, lorsque la voie empruntée initialement se bouche.

Enfin, en se taisant devant les retournements, devant les atermoiements, devant les égos surdimensionnés de quelques uns qui nous conduisent sans réelles perspectives et prospectives, nous serons collectivement responsables. Et cela, il faudra le refuser. Hier, devant des positionnements très intéressés et désastreux, certains ont trouvé qu'il était bon de se taire. Aujourd'hui, tout en respectant l'esprit de la cohésion, il ne faut pas en même temps se taire devant ce qui apparaît désormais comme du sectarisme tout azimut. Nous savons tous que pour qu'il y ait cohésion et harmonie, il convient d'annihiler les sources, les motifs ou les causes de frustrations. Et comme nombre d'entre nous, j'aime Dieu et je l'adore. Mais il ne nous aidera pas, parce que simplement, nous aurons nos deux paumes serrées l'une contre l'autre, avec les doigts joints et tendus vers le ciel.

Une contribution de Claude Koudou,
Directeur de la Collection "Afrique Liberté" chez les Editions L'Harmattan ;
Enseignant-Ecrivain ;
DEA Centre scientifique d'Orsay ;
Docteur ès Sciences de l'Université Pierre et Marie Curie Paris VI Jussieu ;
Président de l'ONG "Convergences pour la Paix et le Développement de l'Afrique"