Côte d'Ivoire/ Conflit à l’Ouest: Pourquoi ? Pourquoi et pourquoi ? Par Germain Sehoué

Par IvoireBusiness - Côte d'Ivoire/ Conflit à l’Ouest: Pourquoi ? Pourquoi et pourquoi ? Par Germain Sehoué.

Un jeune Wê assassiné dans son village par des populations allogènes.

LU POUR VOUS

Le conflit à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, précisément à Guiglo, pose un problème national. La pomme de discorde est désormais connue de tous. Il s’agit de la plantation de cacaoyers de Salam Yaméogo, un ressortissant burkinabé, offerte aux Wê, ses hôtes, alors qu’il purge une peine de 10 ans de prison et 5 ans d’interdiction de séjour. Cette plantation se trouve dans la forêt classée de Goin Débé. Mais il se trouve que les planteurs allochtones baoulé, voisins de l’autre côté de la rive, notamment Yao Koffi Prince et ses hommes dont il revient qu’ils sont armés, veulent cette plantation pourtant devenue un héritage pour les Wê. Malheureusement, le constat, c’est que la volonté des Baoulé est une volonté armée. D’où plusieurs jeunes Wê assassinés par coups de feu dans ce conflit, comme si les deux parties étaient vraiment en guerre. Et le drame continue, sans qu’on ne perçoive véritablement ce que font concrètement les autorités pour mettre fin à cette escalade. Notre démarche n’est pas de savoir qui a tort ou qui a raison. Les faits étant connus, chacun apprécie. Mais notre préoccupation, c’est pourquoi le gouvernement laisse en armes les allochtones baoulé en quête de mieux être chez leurs frères Wê, qui eux, ne sont pas armés ? Pourquoi ? Les différents comptes rendus des drames sur les lieux montrent que, même en présence des gendarmes que le Préfet de Région a dépêchés pour accompagner et protéger les jeunes wê dans leurs campements et champs, ces jeunes sont attaqués, fusillés ou tailladés. Et selon nos informations, la plupart des gendarmes en questions sont des Baoulés. Voilà qui pose problème déjà. On comprend donc que ces gendarmes ferment les yeux sur les actes de violence perpétrés par leurs frères ou au nom de ceux-ci. Mais ceux qui ont si facilement recours aux armes, s’ils étaient aussi forts, et qu’il y avait une part de leur bien dans la plantation querellée de Salam Yaméogo, pourquoi ne l’avaient-ils pas attaqué, combattu, pour récupérer leur dû ? Pourquoi c’est sur des populations désarmées qu’ils font leur démonstration de puissance ? De même, pourquoi des gens possèdent des armes à feu, terrorisent la population à Guiglo et les autorités ne les désarment pas ? Pourquoi ? Pourtant, à l’occasion de l’affaire « Soul To Soul », le 9 octobre 2017, dans un communiqué, le procureur de la République Adou Richard Christophe avait déclaré ceci : « les autorités civiles et militaires avaient enjoint en 2012, dans le cadre du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (Ddr), toute personne détentrice d’armes de guerre, de les déposer à l’Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration des ex-combattants (Addr). En outre, une décision du Conseil national de sécurité, en date du 2 octobre 2013, avait expressément exigé que toute arme détenue de manière illégale soit mise à la disposition de l’Etat-Major Général des Armées. » A la lumière de ce qui se passe à Guiglo, on est tenté de croire qu’il y a en Côte d’Ivoire, des personnes ou des communautés qui ne sont pas concernées par les décisions du Conseil national de sécurité. Ou qui sont au-dessus de la loi, notamment des articles 3 et 5 de la loi N°98-749 du 23 décembre 1998 portant répression des infractions à la réglementation sur les armes et substances explosives, et l’article 159 du Code pénal. Quel objectif vise le gouvernement en laissant le conflit de plus en plus ensanglanté ? Y aurait-il des armes à feu qu’il convient de retirer des mains de ceux qui ne doivent pas les détenir et celles qui peuvent rester entre les mains des gens qui n’ont pas le droit de les porter ? Que veut le pouvoir en jouant avec le conflit à l’Ouest ?

Par Germain Séhoué
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