Côte d'Ivoire: Comment le régime Ouattara a perdu le contrôle de l'université ivoirienne? Par Lou Ernestine
Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Comment le régime Ouattara a perdu le contrôle de l'université ivoirienne? Par Lou Ernestine.
COMMENT LE REGIME OUATTARA A-T-IL PERDU LE CONTROLE DE L’UNIVERSITE IVOIRIENNE
Depuis la nomination de l’universitaire Bakayoko Ly Ramata à la tête du Ministère de l’Enseignement Supérieur de Côte d’Ivoire, les crises y sont légions; on peut évoquer la longue grève des enseignants de l’Université Lorougnon Guédé de Daloa, les arrêts de cours intempestifs à l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro, la mort subite de l’Etudiant Allaba percuté par un véhicule de la police sur le campus universitaire de Cocody. Il faut relever aussi la récente grève de la CNEC (principal syndicat enseignant du supérieur) qui visait à réclamer le payement des primes de recherches et des Heures Complémentaires (HC) de l’année précédente. En outre, la descente musclée de la police sur les campus de l’Université Houphouët-Boigny dans la nuit du 13 au 14 avril 2016 et les cas d’accusations de viol d’étudiantes, le lynchage manqué de la ministre de tutelle, les récentes casses et course-poursuites entre policiers et étudiants consécutives à un mot d’ordre de grève de la FESCI qui refuse de libérer les résidences universitaires pour les athlètes des VIIIe Jeux de la Francophonie … sont entre autres des preuves tangibles qui indiquent combien l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire est en combat sans merci avec le diable en personne .
Aujourd’hui encore, les policiers continuent d’arpenter les couloirs et ruelles du campus, les étudiants s’adonnent à des exercices de types militaires sur le campus tandis que les enseignants désertent de plus en plus les facultés pour d’autres structures sans que les autorités compétentes ne disent stop. Ce sont entre autres des raisons suffisantes pour qu’aucune université ivoirienne ne figure parmi les 100 meilleures du continent africain. Là où l’université d’Ouagadougou (Burkina Faso) se situe parmi les tops 20.
En Côte d’Ivoire, nos universités ne bougent plus. Lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire de la Coordination Nationale des Enseignants et Chercheurs du supérieur de Côte d’Ivoire (CNEC) tenue le 23 juin 2016 à l’amphi B de l’Université FHB, M. KOUASSI Johnson qui dénonçait la permanence de plusieurs Doyens retraités aux postes administratifs de l’Université a fait le constat que « l’université traverse une léthargie jamais égalée en Côte d’Ivoire ».
C’est donc un secret de polichinelle; plus rien ne va dans les universités ivoiriennes. C’est pourquoi, tous les acteurs doivent redoubler d’effort. Mais pendant que madame la ministre se bât pour changer les choses, on note un vaste mouvement de dénigrement et de diabolisation de la première responsable de l’enseignement supérieur et de son équipe.
Au cœur de ces propos diffamatoires, un ex compagnon de madame la ministre qui se présente comme le doyen des Doyens d’UFR de l’Université FHB de Cocody. Cet ex collaborateur de Madame la ministre a mis un point d’honneur à souffler à ses proches et collègues que « madame la ministre est incompétente pour gérer le ministère ». Il soutient également que la ministre Bakayoko Ly Ramata aurait un Directeur de cabinet « non expérimenté ». Les griefs contre la ministre et ses collaborateurs ne s’arrêtent pas là. Le principal détracteur estime que « le Professeur Abou Karamoko doit sa nomination au poste de président de l’Université FHB de Cocody grâce au « rattrapage» (système de nomination du Régime Ouattara qui fait la part belle aux ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire, ndlr).
Face à ces nombreuses affabulations, il convient de faire des mises au point d’abord sur la question des violences universitaires ensuite sur le pyromane qui tente de salir les autorités universitaires actuelles.
I .De l’exacerbation des actes de violence sur les campus universitaires
Il ne faut pas se leurrer, l’enseignement supérieur ivoirien a connu d’énormes difficultés pendant ces derniers mois mais celles-ci ne traduisent pas une quelconque idée d’incompétence de la ministre de tutelle. Bien au contraire, les crises universitaires actuelles sont à mettre sur le compte de la mauvaise foi de certains directeurs d’UFR, de Départements et d’Instituts nommés par et sous l’ancien régime et qui manipulent les jeunes.
En effet, au cours de ces deux dernières décennies, chaque régime politique a géré l’Université avec ses hommes; sous le PDCI par exemple, l’Université a été gérée par le Professeur Hauhouot Asseypo et ses meilleurs lieutenants. Puis sous le Président Laurent Gbagbo, les Professeurs Tea Gokou Célestin et Gilbert Aké N’Gbo (des hauts cadres du FPI) ont respectivement gérés l’université avec leurs hommes. Même les simulacres d’élections à l’Université ne donnèrent aucune chance à un quelconque candidat non appuyé par la Refondation ivoirienne tant les personnalités extérieures, qui participent au vote sont nombreuses et généralement au service des institutions publiques et par ricochet du candidat du parti au pouvoir.
Mais sous Alassane Ouattara la gestion de l’Université n’est pas le fait des cadres du Parti au pouvoir. Seule l’Ecole Normale Supérieure (ENS) d’Abidjan est gérée par le Professeur Sidibé Valy, cadre du parti. L’Université FHB qui est la plus importante du pays est gérée par des personnes sans passé militant au parti de la case verte.
Chose inédite, la majorité des Doyens d’UFR et des Directeurs de Départements sont des cadres de l’opposition politique ivoirienne dont certains créent à dessein des crises artificielles, poussent les étudiants à la révolte et participent à la diabolisation de la ministre de tutelle et partant du Gouvernement.
Rappelons que récemment madame la ministre de tutelle a falli perdre la vie au Campus de Cocody dans un guet-apens de la FESCI. Auparavant, un autre ministre de l’Enseignement Supérieur du Président Ouattara (Ibrahim Cissé Bacongo) avait également frôlé la mort presque dans les mêmes circonstances. Selon les sources présentes sur les lieux lors de ces tentatives d’assassinats manqués, un haut cadre de la présidence de l’Université FHB a été aperçu en conciliabule, en complicité avec les agresseurs.
D’autres comploteurs encagoulés sous les titres de Doyens d’UFR et de Chefs de Département ont pris des mesures injustes, anormales et impopulaires (contre les étudiants) afin de créer des crises sectorielles pour embraser à la longue toute l’Université. C’est le cas à la faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques (SJAP) et à l’UFR des Langues, Littératures et Civilisations (LLC) de l’Université FHB de Cocody, deux facultés manifestement mal gérées et qui ont fait parler d’elles au cours de ces dernières semaines. Les étudiants appuyés par la majorité des enseignants ont compris l’incompétence et la mauvaise foi de ces Doyens d’UFR et de ces Chefs de Département qu’ils contestent par des grèves intempestives. Heureusement que des mesures urgentes ont été prises grâce au Conseil avisé de madame la présidente de l’Université. Les choses se sont calmées mais le serpent n’est pas encore mort. D’où la récente campagne de proximité en cours pour tenter de discréditer les nominations du Directeur de cabinet du ministère et celle du nouveau président de l’Université de Cocody qu’il nous plaît à présent d’analyser :
- De la nomination de M. Thiam Essane au poste de Dircab de l’Enseignement Supérieur
L’actuel directeur de cabinet du Ministère de l’Enseignement Supérieur est un professeur de renom qui a fait ses classes étant Secrétaire Général Adjoint de l’Université FHB pendant quatre ans (2012-2016). Il est discret mais très travailleur. En outre, il bénéficie de la confiance de la ministre. Autant d’arguments qui militent en faveur de sa nomination et qui augure de la réussite de sa nouvelle mission.
- De la nomination d’Abou Karamoko au poste de Président de l’Université FHB de Cocody.
Parmi les enseignants de l’Université FHB encore en poste combien ont-ils un CV aussi riche et intéressant pour occuper le poste de président de ladite Université ? M. Abou Karamoko a connu plus qu’une carrière. Avant sa nomination à la présidence de l’Université FHB, il a été le Directeur de Cabinet Adjoint du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, de mars 2006 à février 2014. Bien avant, il a occupé le poste de premier Conseiller Technique du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, de décembre 2004 à mars 2006. Il a été le Conseiller Technique à la Vice-présidence de l’Université de Cocody, Chargée de l’Enseignement, de la Recherche, de la Vie universitaire et de l’Insertion professionnelle, de 1998 à 2009. C’est encore lui Abou Karamoko, diplômé de Paris-Sorbonne qui a présidé le Comité Scientifique des Journées du « Départ Nouveau » de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire, 2011 à 2012.
Il est aussi membre du Comité de Suivi et de Pilotage du Plan de Développement Stratégique du CAMES (CSP / PDSC), 2015-2020.
Il a été le Président du Comité de pilotage du Programme « Silhouette » du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), de 2011 à ce jour.
Rédacteur en Chef de « La Revue Ivoirienne de Philosophie et de Culture » (Le Korè), depuis 1993 jusqu’à ce jour… Il a présidé plusieurs fois le Comité de Gestion de diverses universités publiques du pays. En matière d’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire, à vrai dire ce Professeur Titulaire de philosophie a fait ses preuves et mérite bien son tout nouveau poste.
A ce poste, Abou Karamoko pourra mieux aider Madame Bakayoko Ly Ramata, la première femme présidente d’Université publique en Côte d’Ivoire et également première femme ministre de l’Enseignement Supérieur dans notre pays.
II. Mais qui est ce pyromane qui critique les faits et gestes de madame la ministre de l’Enseignement Supérieur ?
Il revient de sources concordantes que l’auteur de ces diatribes à l’égard de la ministre et de ses collaborateurs, le pyromane des Universités ivoiriennes du moment est le doyen des Doyens d’UFR de l’Université FHB de Cocody. Porte-parole des directeurs d’UFR depuis des années, cet homme avait rêvé sa nomination au ministère de l’Enseignement Supérieur puis à la présidence de l’Université FHB en vain. En fait, madame la ministre est très avisée et elle se méfie des opportunistes et des personnes dont le nom rime avec les scandales. C’est pourquoi, ce rêveur perçoit la nomination du Professeur Abou Karamoko comme une trahison, un coup dur. Pourtant, lui ne fait plus parti des actifs du pays car frappé par la limite d’âge de départ à la retraite. Retraité et répudié par les enseignants de sa faculté qui l’accusent régulièrement de corruption et d’injustices conçues sur les prismes politiques, ethniques et régionaux, le délateur de l’Université FHB est également vice-président du Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT tendance Ahizi). Il peut compter sur plusieurs responsables de ce parti de l’opposition radicale, qu’il a fait nommer à des postes sensibles au sein des Départements de la faculté qu’il dirige.
Il se raconte qu’il est en mission commandée disons politique. Dans tous les cas, toutes les propositions de nominations ou nomination faites par ses soins sont des piliers de l’opposition politique ivoirienne. Ce qui lui permet aujourd’hui de paralyser des filières de formation de son UFR pendant des mois par le biais des soulèvements d’étudiants savamment orchestrés pour mettre en péril les efforts de l’Etat.
S’il est vrai que le régime Ouattara a fait mieux dans la prévention et la gestion des grèves intempestives dans l’éducation nationale il convient de reconnaître les nombreuses difficultés qu’il rencontre quant à la gestion de l’Enseignement Supérieur ivoirien.
C’est pourquoi, il appartient aux autorités compétentes de mettre de l’ordre pendant qu’il est encore temps.
Une contribution de Lou Ernestine
tralouernestine123@gmail.com