Côte d'Ivoire: Après la formation du premier gouvernement Ouattara.Le Rhdp se déchire déjà

Le 07 juin 2011 par Notre voie - On le sentait venir depuis les déclarations un peu désordonnées d’avant la formation du gouvernement. Mais la tempête qui se profilait à l’horizon du PDCI et du RHDP est en train de se

Le gouvernement d'Alassane Ouattara au grand complet.

Le 07 juin 2011 par Notre voie - On le sentait venir depuis les déclarations un peu désordonnées d’avant la formation du gouvernement. Mais la tempête qui se profilait à l’horizon du PDCI et du RHDP est en train de se

transformer en véritable cyclone.
« Après la publication du gouvernement, ça grogne fort au PDCI ! ». « Nouveau gouvernement : le PDCI humilié » ! Hier, comme s’il s’étaient passé le mot, nos confrères du « Nouveau Réveil » et du « Démocrate », deux journaux proches du PDCI-RDA, n’y sont pas allés de mains mortes pour rendre compte de l’ambiance qui prévaut en ce moment à l’intérieur du vieux parti. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que ça sent le roussi. Et, même si les confrères semblaient plus préoccupés à faire baisser la tension par des appels du pied en faveur d’une concertation urgente au sommet du parti pour sauver les meubles, il n’en demeure pas moins que la gravité de la situation n’échappe à personne. Comme le dit la réclame, l’affaire est grave. Très grave, même. En témoigne, en effet, la palette des griefs, de ceux qui ont décidé de ce faire désigner sous le vocable de « cadres frustrés ». Mais aussi et surtout la diversité des frondeurs. Mais que reprochent-ils exactement à leur parti et par ricochet à leur allié de chef de l’Etat ?
Beaucoup de griefs
Au PDCI et à son chef, les « cadres frustrés » reprochent essentiellement la trop grande tribalisation des postes de responsabilité au profit des Baoulé, l’ethnie du président du parti. Ils sont d’autant plus convaincus que cette « baouléisation » des portes feuilles ministériels, pour ne pas dire cette « Akanisation », n’est pas fortuite. Puisqu’elle a été précédée d’une justification, a priori, de la part de l’ancien député maire de Béoumi, Adolphe Saraka, sans que personne ne réagisse. « Pour des cadres, cette déclaration (ndlr : celle M. Saraka estimant que seuls les Baoulé avaient voté pour Ouattara suite à l’appel de Bédié) est très restrictive et sonne comme une gifle à leur engagement au sein du PDCI-RDA. Mieux, ils y voient une déclaration bien préparée pour leur couper l’herbe sous le pied, une manœuvre pour exclure les cadres des autres peuples et des autres régions de la gestion sous l’égide du RHDP » écrit notamment le « Nouveau Réveil ». Mais, même à ce niveau, tous les « Baoulé » ne semblent pas être logés à la même enseigne. Puisque ceux des départements de Sakassou, Béoumi, Bouakké, M’bahiakro et Dimbokro semblent s’être rangés du côté de ceux qui grincent les dents.
Mais au-delà de ces questions tribales, le gros lot des frustrés et des déçus du président du PDCI semble se recruter parmi les jeunes cadres. Ceux que le « Nouveau Réveil » appelle « les éternels jeunes ». Ceux qui ont cru naïvement que le seul départ de Gbagbo aurait suffit à leur bonheur. Et qui, pour les besoins de la cause, ont volontairement fermé les yeux sur les incohérences de leur chef et de la direction du parti qu’il incarne. Le journal lui-même parle de « milliers de cadres du parti qui pensaient qu’une fois la refondation dégagée, leur heure avait sonné, mais qui se disent désabusés de jour en jour et au fil des nominations ». Quelle désillusion !
Mais, s’ils sont durs avec Bédié, les frustrés du PDCI n’en sont pas moins furieux après leur allié. Le chef de l’Etat et son parti le RDR. « Nous ne sommes pas contents. C’est inadmissible. Comment le président Bédié peut-il accepter seulement huit postes ministériels sur trente-six ? Le PDCI ne mérite-t-il pas mieux ? Pour quoi ne pas avoir ajouté sur le quota du PDCI les deux postes initialement prévus pour le FPI » pèstent certains militants dont le quotidien « Le Démocrate » s’est fait le porte voix. Ceux-ci n’hésitant même pas à parler de trahison à mots couverts. Le journal allant jusqu’à préciser que « des militants mécontents menacent de boycotter le RHDP pour les plus modérés ». Les plus durs appelant ouvertement à la rupture d’une alliance qui, de leur point de vue, ne sert visiblement pas les intérêts de leur parti.
Peut-on dès lors déduire que le PDCI et le RHDP sont déjà à la croisée des chemins ! Certainement pas. Le chef de l’Etat et son allié du PDCI ayant encore de nombreux leviers sur lesquels ils pourront agir pour calmer la fronde.
Seulement, la multiplicité des foyers de mécontentement quelques jours après la formation du premier gouvernement, alors même qu’on n’a pas encore abordé les élections législatives et leurs lots de conflits inévitables, n’augure pas d’un avenir serein pour la coalition franco-ivoirienne au pouvoir depuis le 11 avril. Quand on y ajoute les moments de tensions prévisibles, comment le seront le congrès du PDCI pour désigner le successeur de Bédié, le congrès du RDR pour remplacer Ouattara et la place que voudront se donner les Forces Nouvelles dans l’avenir institutionnel du pays, il y a de quoi se faire du souci du côté du Golf. Mais sait-on jamais ! Peut-être que Paris saura ramener de l’ordre dans la maison. Attendons de voir, pour ne pas paraître comme des oiseaux de mauvais augure.
Guillaume T. Gbato
gtgbato@yahoo.fr