Côte d’Ivoire: Les 100 millions aux candidats constituent une offense aux millions de compatriotes désœuvrés

Par IvoireBusiness - Côte d’Ivoire. Les 100 millions aux candidats constituent une offense aux millions de compatriotes désœuvrés, par Séraphin Prao.

Prao Yao Séraphin.

La distribution des 100 millions de FCFA aux candidats constitue une offense aux millions d’Ivoiriens désœuvrés

Décidément, le régime OUATTARA n’arrêtera pas de nous étonner. Les scandales s’enchaînent pendant que les fautes s’accumulent. Le Président sortant vient de montrer au monde entier qu’il gère les deniers publics comme si ces derniers étaient ses ressources propres. Il vient de distribuer 100 millions de franc CFA aux candidats en lice pour la présidentielle. Dans une posture d’aumônier, le Président sortant s’est comporté comme un monarque habité par une gentillesse légendaire. Certains candidats ont remercié Dieu, d’avoir eu cette somme. D’autres ont refusé cette somme incestueuse. Nous n’allons pas épiloguer sur la moralité de ceux qui ont utilisé cette somme car la conscience de l’homme est son juge suprême. Mais ce qui nous fatigue l’esprit, c’est bien cette façon désastreuse et indigne de gérer les ressources publiques qui dérange. Comme on le dit chez nous, ce qui est arrivé au cadavre, c’est bien à cause de la mort. C’est pourquoi, nous nous bornerons à mettre en lumière la gestion néo-patrimoniale sous le régime sortant pendant que les Ivoiriens souffrent.

Ouattara et sa gestion néo-patrimoniale des ressources de l’Etat

Le président Ouattara s’inscrit dans un système politique patrimonial, avec un pouvoir patriarcal très centralisé, exercé par un chef charismatique qui gouverne par le canal de sa famille, de ses fidèles, de ses serviteurs et d’une clientèle captive. La gestion institutionnelle est assimilée à celle d’un «gourou» amalgamant les affaires personnelles et les affaires publiques, politiques, administratives et judiciaires.

Il est bon, pour la démocratie, de financer les partis politiques. Mais la distribution des 100 millions à chacun des candidats, constitue un geste de trop du Président sortant. Ce financement a été décidé dans une opacité totale et dans le dos des députés. Ailleurs, lorsque l’Etat finance les partis politiques, il leur exige de rendre compte de l’utilisation des ressources. Or, concernant le milliard distribué, les candidats pourront les jeter à la mer s’ils veulent selon le Président sortant. Le geste du président sortant témoigne bien de sa façon de gérer l’Etat, avec des manigances et des arrangements contre-nature. Ici, il s’agissait pour lui, d’appâter des candidats qui s’opposaient à son éligibilité. Pauvre Cote d’Ivoire !

Sous Ouattara, c’est la pauvreté pour tous et les millions pour certains

La décennie de crise a profondément logé les Ivoiriens dans l’ornière de la misère. Et le gouvernement a dit que son principal objectif était de ramener l’incidence de la pauvreté de 48.9 % en 2008 à 33.6 % en 2013 pour tomber à 16.0 % à l’horizon 2015. Pour ce faire, les dépenses en faveur des pauvres sont passées de 7.8 % du PIB en 2010 à 10.0 % en 2011 et 7.9 % en 2012 (contre une prévision de 7.8 % du PIB dans le PEF). Mais ces belles phrases et ces beaux chiffres n’embellissent point le quotidien des Ivoiriens. Le chômage des jeunes vient rappeler au gouvernement la dure réalité que vivent les Ivoiriens. Selon ministre Koné Bruno, le taux de chômage se situe à 25%. Selon, l’Agence d’études et de promotion de l’emploi (AGEPE) qui a publié un rapport en 2012, le taux d’emploi informel est de 91,2% avec un taux d’emploi salarié à 18,1% et le taux d’emploi vulnérable à 70,4%.

Aujourd’hui, dans notre pays, les Ivoiriens s’appauvrissent à un rythme inquiétant. La dégradation des conditions de vie est globale et aiguë. Le taux de couverture en eau potable est de 82% à Abidjan et 75% sur l’ensemble du territoire national. Le taux d’accès à l’électricité est faible, de l’ordre de 28% dans notre pays. Selon la CIE, pour atteindre la couverture de 100% avant 2030, il faudra mobiliser chaque année 30 milliards de FCFA. Dans notre pays, seulement 15% de la population a une couverture sociale. Alors que tous les chiffres trahissent les mélopées quotidiennes, le Président sortant, se moque d’eux en distribuant l’argent aux candidats. C’est simplement une honte car le milliard pouvait alimenter un fonds pour aider les jeunes et les femmes à financer au moins un modeste projet. L’avenir des jeunes et des femmes n’intéresse point le grand aumônier Ouattara, c’est le pouvoir à tout prix, qui occupe ses pensées.

Par Prao Yao Séraphin
Président des Jeunes Démocrates Ivoiriens