Côte d’Ivoire: Le ministre Hamed Bakayoko invente un coup d’Etat mettant scène le Colonel Abehi, puis demande le limogeage du ministre Jean Louis Billon
Par IvoireBusiness – Pour qui se prend Hamed Bakayoko ?
Les mauvaises langues pensent qu’il se prend pour le chérif censé protéger la ville ou le régime, c’est selon.
D’autres langues le prennent pour un cinéaste, metteur en scène de coups d’Etat imaginaires par des opposants contre le régime de son maître Alassane Dramane Ouattara.
Toujours est-il que l’homme ne se prend pas pour du beurre. Il s’arroge tous les pouvoirs, même les plus inimaginables comme celui d’exiger en pleine émission télévisée (PARLONS FRANCHEMENT de Brou Aka Pascal), la démission de son collègue ministre du commerce Jean Louis Billon, lequel a eu le malheur de dire que le régime qu’il sert est corrompu, et de s’opposer à l’attribution du deuxième terminal à conteneur à Bolloré. La raison: C’était un marché flou, attribué dans une espèce d’appel d’offres truqué, et qui met Bolloré en situation de position dominante en Côte d’Ivoire, portant un coup de grâce à la concurrence.
De quoi s’agit-il avec le golden Boy Hamed Bakayoko?
Acte 1 : L’Affaire Abehi.
Jeudi 27 juin sur la RTI1, la chaîne exclusive du régime où les opposants n’apparaissent jamais, Hamed Bakayoko, ministre d’Etat chargé de l’intérieur dévoile pince sans rire, un imaginaire complot fomenté par le Colonel de gendarmerie Jean Noël Abehi, ex-patron de l’escadron blindé d’Agban, récemment extradé du Ghana et qui croupit dans les geôles du régime.
Dans la vidéo diffusée par la RTI1 pendant l’émission Parlons-En, on voit Abehi étrangement seul et l’air presque souriant, annoncer sa prise du pouvoir par les armes et la fin du régime Ouattara.
Puis, obéissant visiblement aux consignes du metteur en scène du studio du régime où s’est fait l’enregistrement, et vraisemblablement sous la supervision d’Hamed Bakayoko, Abehi se met à taper du poing sur la table pour apparaître autoritaire et se donner de la contenance.
Vient ensuite la séquence du repentir d’Abehi, visiblement bien nourri pour faire mentir les allégations d’extorsion d’aveux sous la torture, où il fait allégeance au pouvoir Ouattara, demande pardon pour s’être égaré, et implore la mansuétude du régime.
Le ministre Hamed Bakayoko, en vrai cinéaste, réapparait sur les écrans de la RTI1, et aux questions du journaliste Brou Aka Pascal - un ancien du Golf hôtel ex-Dg de la RTI1 passé en disgrâce et revenu en grâce – décrit comment Abehi après son extradition du Ghana le suppliait « ne me tuez pas », rappelant les mêmes supposées paroles prononcées par le Président Laurent Gbagbo lors de son kidnapping le 11 avril 2011 par La Licorne et la horde de Frci. Le téléspectateur pouvait alors boire du petit lait devant tant de synchronisation machiavélique.
Puis c’est la sentence du ministre: « Ce n’est pas parce que Abehi a demandé pardon qu’il ne va pas payer pour ses crimes. La justice doit suivre son cours normal ».
Acte 2: Jean Louis Billon
Hamed Bakayoko abat ses cartes dans l’émission et décapite son collègue Jean Louis Billon qui a eu l’outrecuidance de dénoncer la corruption de son propre gouvernement: « …Je pense que mon collègue ami très mal placé. Parce que d’abord il est membre du gouvernement, il est ministre du commerce, sa famille est impliquée dans l’appel d’offres à travers MOVIS parce que tout le monde sait que c’est le groupe SIVOM, mais ils ont inversé et ça fait Movis. C’est son frère qui est le Dg. Je trouve que de ce point de vue ça me gêne. D’autant plus qu’il a la responsabilité de nous aider à régler ces questions de cherté de la vie. Parce que le groupe familial de monsieur Billon a des positions dominantes dans bien de secteurs. Vous prenez le sucre, vous prenez l’huile, mais qu’il fasse quelque chose ».
Le journaliste : Vous irez jusqu’à dire qu’un ministre ça ferme sa gueule et ça démissionne ?
Hamed Bakayoko : « Je ne dirai pas ça. Mais un peu de cohérence.
Vous ne pouvez pas être ministre du gouvernement et opposant au gouvernement. Vous ne pouvez pas être membre de l’équipe et jouer contre l’équipe. Ça ne fait pas bien. Ensuite vous ne pouvez pas, dans son cas parce qu’il porte beaucoup de contradictions à être candidat militant du Pdci, candidat du Rdr aux régionales, après revenir au Pdci ! Je pense que, c’est un conseil hein, il devrait lui-même tirer les conséquences de toutes ces contradictions. Ça donnerait plus de lisibilité à ce qu’il veut faire, à son action, à son agenda. Ça simplifierait les choses. Ca donnerait plus de cohérences… ».
Ambiance !
Les ministres de Ouattara, comme on le voit se tirent dessus. Nous sommes en pleine crise de régime où des ministres s’arrogent des compétences exceptionnelles, et se tirent dessus.
Le chef de l’Etat doit tout simplement en tirer les conséquences, car la machine du régime est lourdement grippée. A bon entendeur salut.
Patrice Lecomte