Côte d’Ivoire: Fatou Bensouda depuis hier à Abidjan, à la recherche de preuves "imaginaires" contre Gbagbo. Ouattara étrangement absent!

Par IvoireBusiness - Fatou Bensouda depuis hier à Abidjan pour faire le point de la recherche de preuves contre Gbagbo.

Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale, est depuis hier vendredi à Abidjan, sur les bords de la lagune ébrié. Dès son arrivée, elle a multiplié les rencontres avec les autorités locales. C'est le ministre ivoirien de la Justice, Gnénéma Coulibaly, qui le premier a reçu la procureure de la Cour pénale internationale. Après ce fut au tour de la ministre Anne Oulotto, ministre de la salubrité publique, de recevoir la procureure de la CPI.
C’est la deuxième fois que Fatou Ben Souda vient à Abidjan depuis qu’elle a remplacé Louis Moreno Ocampo à la tête de l'institution. Et le contexte de sa venue est très explosif puisqu'il y a seulement neuf jours, la justice ivoirienne par la chambre d’accusation du tribunal d’Abidjan a décidé de juger devant une cour d’assises, 84 partisans de Laurent Gbagbo dont son épouse Simone Ehivet Gbagbo, sur qui pèse un mandat d'arrêt international de la CPI, laquelle est en attente de son transfèrement. La semaine dernière, le porte-parole de la CPI Fadi Abdallah, a fait savoir que la Côte d'Ivoire avait l'obligation de coopération avec la Cour et de transferer Simone Gbagbo. Dans le cas contraire, la Cpi attendait une décision officielle de refus du régime Ouattara de transférer Simone Gbagbo. Selon les analystes, le régime agit ainsi pour ne pas avoir à transférer ses propres chefs de guerre comme Wattao, Fofié, Zacharia, Cherif Ousmane, Guillaume Soro, etc... Dans ce cas, la CPI prendra alors des sanctions contre le régime Ouattara pour non-coopération d'un état partie, selon son porte-parole.

A la presse, Fatou Bensouda a déclaré: « C’est une mission technique. » Une mission pour rencontrer notamment « ceux qui nous assistent pour trouver des informations additionnelles » dans l’affaire Laurent Gbagbo.
En d'autres termes, la procureure de la CPI est à Abidjan pour chercher des preuves contre le Président Laurent Gbagbo, preuves manquant cruellement au dossier d'accusation. Les juges de la Cour lui ont dit de revoir sa copie et d'apporter des preuves supplémentaires pouvant étayer ses accusations contre Laurent Gbagbo.

En effet le 3 juin dernier, les juges de la CPI n’ont pas voulu se prononcer sur la confirmation des charges contre l’ancien président ivoirien car ils avaient estimé que les preuves présentées par la procureure n’étaient pas suffisantes et lui ont demandé de les compléter. Fatou Ben Souda est donc venue à Abidjan pour vérifier où en est la recherche des preuves complémentaires.
Pour les détracteurs de Fatou Bensouda, elle est venue à Abidjan à la recherche de preuves imaginaires et fabriquées contre Laurent Gbagbo. Tâche très ardue car toute nouvelle preuve de Fatou Bensouda devra être assortie d'une enquête en bonne et due forme, et fera l'objet de suspicion légitime de la part de la Défense conduite par Me Emmanuel Altit, qui n'avait pas hésité en plein procès à accuser la procureure de faux et usage de faux dans l'affaire de fausses preuves provenant du Kenya et imputées à son client.
Fatou Bensouda avait dû présenter des excuses publiques et retirer ces preuves gênantes de l'acte d'accusation.
Selon nos informations, ces fameuses preuves supplémentaires n'ont pu être réunies, ce qui aurait provoqué la colère de la procureure vis à vis des autorités ivoiriennes.
Le chef de l'Etat Alassane Ouattara, grand ordonnateur des poursuites contre Gbagbo, aurait d'ores et déjà décidé de prendre ses distances avec la devenue génante Fatou Bensouda, d'où son absence du pays au moment où cette dernière foulait le sol ivoirien. Cette dernière ne l'entendrait pas de cette oreille, demande avec insistance à rencontrer Ouattara, et exige plus que jamais que ce dernier mouille le maillot et la sorte de ce bourbier. Auquel cas, elle pourrait brandir l'arme de non-coopération par le régime d'Abidjan, et prendre des mesures de rétorsion. Elle l'a d'ailleurs dit à notre confrère l'Express au micro de Vincent Hugueux: "Le cas Gbagbo est le premier dossier ivoirien de la CPI, et ne sera pas le dernier". Autrement dit, la CPI mènera des enquêtes contre le camp Ouattara, même si ce dernier fait tout pour l'éviter.

Une façon aussi pour elle de balayer les allégations et soupçons persistants d’une CPI partiale, raciste, et manipulée, accusations formulées par les chefs d'Etat de l'Union africaine au 50e anniversaire de la création de l'OUA, à Addis Abeba en Ethiopie.
Luis Moreno Ocampo, le précédent et controversé procureur de la CPI, avait dit l’année dernière que cette juridiction internationale poursuivrait trois à six responsables présumés des crimes commis en Côte d’Ivoire. On connaît aujourd’hui seulement deux personnes, le couple Gbagbo.
Affaire donc à suivre....

Patrice Lecomte