Bruxelles : Les sacrifices de Gbagbo et Bédié, comme ceux consentis par De Gaulle et le Chancelier allemand K. Adenauer après la seconde guerre… ! Par T. Briga
Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Bruxelles. Les sacrifices de Gbagbo et Bédié, comme ceux consentis par De Gaulle et le Chancelier allemand K. Adenauer après la seconde guerre… ! Par T. Briga.
Les présidents ivoiriens Konan Bédié et Koudou Gbagbo ont décidé de s'unir. D'unir leurs forces pour combattre et éradiquer les maux insidieux qui rongent le pays. Et le réconcilier.
Les maux
D'abord la division. En d'autres termes l'absence de réconciliation. Les détenteurs du pouvoir né du coup d'Etat de 2010 ne songent pas à tout ce qui pourrait réconcilier le pays. Ils craignent l'unité du pays. Car plus le chaos s'installe, croît et envahit l'espace, l'anarchie qui en résulte autorise toutes sortes de digressions pour la prospérité de leurs petites et minables affaires, notamment le pillage des fonds publics, le bradage des matières premières avec des contrats qui lèsent toujours et inévitablement la Côte d'Ivoire.
Ensuite la corruption. Elle sévit à tous les échelons de l'État. Pas de justice ou une justice sélective et surtout aux ordres. La violence gangrène le pays. Ici et là des "coupeurs dits de routes", de fait de grands bandits de chemins. Le citoyen vit dans une hantise permanente de perdre la vie à tout moment.
Des individus recrutés au moment où Dramane Ouattara cherchait à usurper le pouvoir d'Etat par la violence et qui l'ont aidé sont dorénavant désoeuvrés. Ces derniers pour la plupart des incultes, des médiocres, sans formation spécifique ont été exclus du partage des avantages que procure le pouvoir.
Les résidus de ces voyous, qui hier, ont attaqué le pays et à qui leur commanditaire n'a pu offrir les biens matériels qu'ils espéraient, ont décidé pour survivre, de se payer en nature en se convertissant en braqueurs, en hors la loi. Ils endeuillent le pays. Mais ils bénéficient d'une impunité totale, peut-être que le régime, pour se faire pardonner de les avoir abandonnés, en guise de récompense n'ose pas les arrêter pour les juger.
Et enfin la manipulation des institutions, un Sénat dépourvu de ses prérogatives, quant à l'Assemblée nationale, elle ne sert que de chambre d'enregistrement. Les nominations de complaisance, influencées par un népotisme outrancier, ont placé à la tête des sociétés, naguère considérées comme des fleurons de l'industrie ivoirienne; des incompétents.
Les sociétés PETROCI ou la SIR sont devenues aujourd'hui des caisses au service du clan, qui y puise à volonté pour assouvir les besoins pécuniaires personnels de ses membres.
La division Gbagbo-Bédié ne saurait cependant être totalement étrangère aux malheurs actuels de la Côte d'Ivoire.
Les conséquences néfastes de l'opposition Bédie-Gbagbo. Pour eux-mêmes et pour le pays.
Depuis l'avènement de Dramane Ouattara, le pays s'est installé dans un cycle de violence systémique et chronique. Les Présidents Konan Bédié et Koudou Gbagbo ont fait les frais des manigances déstabilisatrices de ce dernier pour saper leurs régimes respectifs. Ces épisodes douloureux ont été mal vécus par les deux leaders ivoiriens, Bédié et Gbagbo.
Ils se sont sans doute reprochés de ne s'être pas associés dans ces moments pénibles et difficiles, d'où l'origine de l'animosité née entre ces deux enfants de la Côte d'Ivoire. Cet antagonisme a vécu. Le dépasser a dû exiger des sacrifices énormes pour chacun d'eux. Hier protagonistes farouchement opposés, ils ont fini par comprendre où leur opposition avait conduit le pays.
Cette opposition a engendré des conséquences dévastatrices et catastrophiques.
D'abord pour eux-mêmes, contrariant leur destin politique. L'un et l'autre n'a pu conserver le pouvoir pour l'exercer jusqu'au terme des mandats que le peuple leur avait confiés. Bédié a été renversé par un coup d'Etat six ans après son accession au pouvoir, tandis que Gbagbo a été contraint de partager, deux ans après son élection, le pouvoir sous la menace des baïonnettes, avec d'authentiques brigands manipulés, qui, dans leur ignorance criaient haut et fort," lutter pour instaurer un État de droit" comme s'ils savaient les éléments constitutifs qui fondent un État de droit.
Ensuite pour le pays tout entier. Un chômage endémique dément la croissance économique dont on saoule le peuple, une distribution de produits frelatés tel le riz avarié, des hôpitaux mouroirs dans lesquels manquent les matériels de base, thermomètres, stéthoscopes, tensiomètres (...) Cf. vidéos de Soumaila Doumbia "Major", un très proche du pouvoir.
L'Éducation nationale se trouve en déconfiture avec des situations comiques genre importer des bancs d'école dans un pays forestier et à des prix qui dissimulent mal les surfacturations pour des détournements, attestent de la décadence dans laquelle le pays se vautre.
Le dépassement des Egos.
Gbagbo et Bédié se souviennent certainement des actes qu'ils ont posés en 1999 et en 2010, peut-être les regrettent-ils ? Le premier aurait approuvé le coup d'Etat de 1999 alors que le second en 2010 s'est allié à Dramane dans la crise post-électorale pour envoyer Gbagbo à la Haye.
Les stigmates de ces deux positions marqueront à jamais la conscience collective et constitueront un point triste de la jeune histoire du pays. Il faut rappeler ces faits aussi cruels soient-ils, afin de les conjurer, et surtout pour que les ivoiriens puissent à l'avenir être solidaires dans les périodes de crise.
Les Présidents Ivoiriens Bédié et Gbagbo Présidents d'une Côte d'Ivoire alors prospère et démocratique, locomotive de la sous région, assistent aujourd'hui, impuissants comme témoins à la descente du pays dans les abîmes. Fallait-il ressasser la rancune passée et ne pas réagir ?
Après sûrement beaucoup de tourments personnels, d'intenses réflexions, ils ont décidé de mettre de côté leurs orgueils, leurs ressentiments. Ils ont choisi de mettre en veilleuse leur fierté, de sacrifier leurs Egos, d'unir leurs forces afin de combattre. D'accepter de s'asseoir sur la même table pour discuter. C'était le prix à payer. Le peuple le leur saura gré.
La grandeur historique de l'acte de Bruxelles.
La rencontre des Présidents Ivoiriens Konan Bédié et Koudou Gbagbo à Bruxelles, revêt la même dimension que celle du Général de Gaulle et du chancelier allemand Konrad Adenauer à Colombey les deux églises en 1958 après la seconde guerre mondiale.
Ces deux êtres ont dépassé les atrocités de la deuxième guerre mondiale pour poser les jalons d'une entente et un socle solide sur lequel s'est bâtie depuis, une amitié durable entre les peuples Français et Allemand malgré leurs meurtrissures.
Cette rencontre de Bruxelles peut également s'apparenter au compromis historique voulu et prôné par Enrico Berlinguer, qui malgré son appartenance au parti communiste dont il gérait la destinée, a voulu s'allier au démocrate chrétien Aldo Moro pour la paix et la stabilité de l'Italie qui à l'époque dans les années 1970, traversait de profonds remous.
Ce processus désigné et connu sous le vocable de "Compromis historique" aurait inspiré la naissance en 2007 du parti démocrate italien.
Merci Messieurs les Présidents K. Gbagbo et K. Bédié !
L'intérêt supérieur du pays a contraint Gbagbo et Bédié à un rapprochement pour sauver la Côte d'Ivoire, tant qu'il est encore temps. Nul ne peut donc douter de l'importance et de l'ampleur des sacrifices qu'il a fallu qu'ils consentent. Qu'ils en soient remerciés.
Néanmoins, pour que l'oeuvre soit complète, le Président Gbagbo doit sortir des liens qui le maintiennent loin de son pays pour que la RÉCONCILIATION tant recherchée et dont il demeure le pivot, puisse effectivement se réaliser.
Ce rapprochement qui selon beaucoup, à tarder à naître, mieux vaut tard que jamais, mérite la bénédiction de tous et le soutien des ivoiriens quelle que soit leur obédience politique. Bravo chers Présidents Konan Bédié et Koudou Gbagbo.
Les ivoiriens qui n'ignorent pas les coûts de vos sacrifices vous saluent et vos ancêtres accompagnent et rendent grâce à cette sage décision pour sauver l'État d'Eburnie. Merci et courage. Persévérez dans cette voie car elle représente la seule issue possible.
Une contribution de T. Briga