Brésil : 50 000 manifestants à Sao Paulo, Dilma Rousseff "à l'écoute de la rue"

Le Monde.fr avec AFP - 50 000 manifestants à Sao Paulo, Dilma Rousseff "à l'écoute de la rue".

Quelque 50 000 Brésiliens ont de nouveau manifesté mardi 17 juin à Sao Paulo, où la présidente Dilma Rousseff s'est entretenue lors d'un voyage éclair avec son mentor politique, l'ex-président Lula, au lendemain de manifestations historiques dans tout le pays. Le gros des manifestants a défilé pacifiquement sur l'Avenue Paulista, tandis qu'un groupe de manifestants a tenté de forcer l'entrée de la mairie, avant d'être repoussé par la police, qui a fait usage de gaz lacrymogènes. Ils ont ensuite mis le feu à un camion de transmission de la chaîne de TV Record, à une cabine de police et à une agence bancaire situés près de la mairie. Des boutiques ont été saccagées et pillées et la façade récemment restaurée de l'Opéra a été taguée.
Dans une trentaine de villes plus petites, des manifestations ont également eu lieu, comme à Sao Gonçalo près de Rio avec 5 000 personnes, ou à Juazeiro do Norte, où 8 000 manifestants empêchaient le maire de la ville de sortir d'une agence bancaire, mais aussi à Manaus et Florianopolis.

PRÉSIDENTE "À L'ÉCOUTE"
Mme Rousseff avait promis le matin à Brasilia qu'elle prêterait une "écoute" attentive aux aspirations légitimes des 250 000 manifestants qui ont envahi lundi les grandes villes du pays, en pleine Coupe des Confédérations et à un an du Mondial-2014. Rien n'a filtré de l'entretien de Mme Rousseff avec l'ancien président Lula auquel, selon le site de la Folha de Sao Paulo, aurait également participé le maire Fernando Haddad, lui aussi membre du Parti des travailleurs (PT au pouvoir). La réunion portait sur les moyens de faire marche arrière en abaissant le prix des transports publics, selon la Folha.
Porto Alegre, Recife et d'autres villes brésiliennes ont déjà annoncé mardi des réductions des prix des transports publics, dont la hausse est à l'origine de la fronde actuelle, née à Sao Paulo et qui s'est étendue comme une traînée de poudre à l'ensemble du pays. Outre le prix du billet d'autobus ou de métro, les manifestants s'insurgent contre les dépenses colossales (11 milliards d'euros) engagées par le pays pour le Mondial dans un an, alors que certains services publics comme la santé sont sinistrés.
Avec l'essor économique et social du pays qui s'est hissé aux rang de septième puissance économique mondiale au cours de la dernière décennie, "ont surgi des citoyens qui réclament plus et ont droit à plus", avait affirmé dans la matinée Dilma Rousseff, jouant la carte de l'apaisement. Il est normal que "les exigences de la population changent au fur et à mesure que nous transformons le Brésil, que nous augmentons la richesse, l'accès à l'emploi et à l'éducation", avait-elle souligné.

LES JOUEURS DE LA "SELEÇAO" SOLIDAIRES
La journée de jeudi s'annonce d'ores et déjà sensible, avec des marches prévues dans plusieurs villes du pays, notamment à Rio, où elle coïncidera avec le match Espagne-Tahïti comptant pour la Coupe des Confédérations qui se dispute jusqu'au 30 juin. Des joueurs de la "Seleçao" brésilienne, Dani Alves, Hulk et David Luiz, ont exprimé leur solidarité avec "le peuple". "Moi qui viens du bas de l'échelle et qui ai maintenant une bonne position, je vois ces manifestations et je sais qu'ils ont parfaitement raison", a déclaré l'attaquant Hulk lors d'une conférence de presse à Fortaleza. Ces manifestations ne sont en revanche visiblement pas du goût du président de la Fédération internationale de football (FIFA), Joseph Blatter : "le Brésil nous a demandé d'organiser le Mondial. Nous ne leur avons pas imposé le Mondial. Il y a des routes, des hôtels, des aéroports et beaucoup d'autres choses qui resteront", a-t-il déclaré à Rio, dans des propos rapportés par le site G1 de Globo.

Le Monde.fr avec AFP