BOURGI: Sarkozy n’a jamais rompu avec la Françafrique, il poursuit la besogne

Le 14 septembre 2011 par Notre voie - Que dire des révélations faites par l’avocat franco-libanais Robert Bourgi sur le financement de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en

Sarkozy et Chirac aux obsèques d'Omar Bongo.

Le 14 septembre 2011 par Notre voie - Que dire des révélations faites par l’avocat franco-libanais Robert Bourgi sur le financement de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en

2002 ? Beaucoup de choses et peu, à la fois. Beaucoup de choses parce qu’en tant que journaliste politique, nous n’ignorons pas certaines choses qui se sont passées en Côte d’Ivoire, au moins depuis 1990 jusqu’à ce jour. La Françafrique qui était attentiste et bénéficiaire automatique, dès que Paris lève le petit doigt, des mallettes d’argent sous les régimes ivoiriens qu’elle qualifiait « d’amis », était devenue menaçante voire adepte du chantage sous Laurent Gbagbo pour arracher, au forceps, des soutiens financiers. C’est le cas de l’épisode de 2002. La raison ? Le pouvoir Gbagbo n’était pas un régime « ami » de la France. Parce que Laurent Gbagbo abhorrait la Françafrique et ses pratiques. Il n’était pas Françafricain et ne l’a jamais été. Robert Bourgi le sait, Laurent Dona Fologo ne l’ignore pas. Mamadou Koulibaly dont Gbagbo était le mentor a été formé dans ce moule. Des deux célèbres frères Bourgi, c’est Albert Bourgi (frère cadet de Robert), professeur de droit et ex-journaliste, qui est l’ami de Laurent Gbagbo. L’attachement à la démocratie et aux relations franco-africaines dignes, les convictions socialistes, le respect des droits de l’Homme, l’amour pour le savoir, l’écriture…constituent autant de facteurs qui fondent leur amitié vieille d’une trentaine d’années. Gbagbo a toujours eu des rapports cordiaux avec Robert Bourgi, l’aîné de son ami Albert. Même s’ils n’appartiennent pas au magma politique identique. Robert Bourgi ne s’en cache pas, il est « l’héritier » politique de Jacques Foccart, le père de la Françafrique. Ayant subi « l’ingratitude » du clan Chirac, en dépit des services rendus, Robert Bourgi a posé les valises, il y a quelques années, chez Nicolas Sarkozy, « l’ennemi » du duo Chirac-De Villepin. A ce niveau, les « révélations » de Robert Bourgi confirment une seule chose : la Françafrique n’a jamais quitté l’Elysée, Matignon ni le Quai d’Orsay. Elle ne quittera d’ailleurs jamais la vie politique française, en général. Le socialiste Lionel Jospin le sait bien. A moins que par un véritable « printemps africain », différent du prétendu « printemps arabe » qu’actionnent la France, les Etats-Unis et certains pays occidentaux, les populations africaines mettent fin à la Françafrique en boutant hors de leurs pays respectifs, les chefs d’Etat imposés par la France ou pouponnés par Paris. Ancien poulain de Chirac, Sarkozy est un fils de la françafrique qui lui a d’ailleurs été utile pour accéder au pouvoir. Robert Bourgi peut-il démentir les révélations faites par Saïf Al-Islam sur le financement de la campagne électorale de Sarkozy par la Libye ? « Tout d'abord, il faut que Sarkozy rende l'argent qu'il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C'est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents, et les opérations de transfert », avait confié ce fils de Mouammar Kadhafi, le mercredi 16 mars dernier, au cours d’une interview exclusive à la chaîne de télévision Euronews. Sarkozy n’a jamais démenti alors que le clan Kadhafi attendait une réaction pour déballer tout comme l’a promis Saïf Al-Islam. Autre scandale, l’aide financière qu’aurait apporté feu Omar Bongo Ondimba à Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle précédente. Un film-do-cumentaire produit par France 2 fut très éloquent à propos de cette affaire. Omar Bongo Ondimba décédé, Sarkozy a pris son fils, Ali Bongo Ondimba, actuel chef d’Etat gabonais, sous son aisselle. Comme hier, l’Elysée continue aujourd’hui de diriger le Gabon. Dans la droite ligne de la Françafrique. L’image est la même en Côte d’Ivoire où Nicolas Sarkozy a installé au pouvoir, en violation des exigences démocratiques, son pion, Alassane Dramane Ouattara. Qu’il pouponne à l’instar d’Ali Bongo Ondimba. La Côte d’Ivoire est depuis avril dernier dirigé depuis l’Elysée. Des conseillers français choisis par l’Elysée sont affectés autour de Ouattara, la France accorde des prêts mirobolants aux allures suspectes à la Côte d’Ivoire (par exemple, Paris paie les fonctionnaires ivoiriens), des multinationales françaises raflent des contrats juteux dans des conditions peu transparentes, l’accord de défense façon 1961 est en activation etc. Il s’agit là de la Françafrique et rien d’autre. Comme tous les chefs d’Etat françafricains, Alassane Dramane Ouattara souffre en Côte d’Ivoire, d’une grave crise de légitimité. Parce qu’il n’est pas le vrai vainqueur du scrutin de novembre 2010. A preuve, depuis son installation suite au coup d’Etat français contre Laurent Gbagbo, le pays s’est arrêté de vivre.

Didier Depry didierdepri@yahoo.fr