Biens mal acquis : l'enquête empêchée

LeMonde.fr 10 juin 2011 - Le printemps arabe en a amplement témoigné : l'enrichissement illicite et les frasques des dirigeants politiques ne sont plus acceptés par les peuples, en particulier ceux qui, dans des pays

Ali Bongo et Nicolas Sarkozy: Une certaine idée de la Centrafrique. De lemonde.fr par Alila.

LeMonde.fr 10 juin 2011 - Le printemps arabe en a amplement témoigné : l'enrichissement illicite et les frasques des dirigeants politiques ne sont plus acceptés par les peuples, en particulier ceux qui, dans des pays

potentiellement riches, croupissent dans la misère.
Les détournements d'argent opérés par les familles Ben Ali, Moubarak et Kadhafi ont alimenté les révoltes au nord de l'Afrique, et une colère similaire se développe sur le reste du continent - comme Le Monde le rapporte dans cette édition. Ces réflexes légitimes sont encouragés par les discours occidentaux prônant la 'bonne gouvernance'.
C'est pourquoi le refus que vient d'opposer le parquet de Paris, soumis statutairement au pouvoir exécutif, à la demande de deux juges d'instruction d'élargir leurs investigations dans l'affaire des 'biens mal acquis' par les familles de trois chefs d'Etat africains est incompréhensible. Saisis d'une plainte déposée en 2008 pour 'recel de détournement de fonds publics' à l'initiative des organisations non gouvernementales Transparence internationale et Sherpa, les deux magistrats possèdent déjà un inventaire des achats suspects, notamment immobiliers, effectués en France par les familles des présidents du Congo-Brazzaville, du Gabon et de la Guinée équatoriale avant le dépôt de la plainte.
Leurs investigations viennent de révéler que ces transactions s'étaient poursuivies depuis lors. Les juges d'instruction avaient besoin du feu vert du parquet pour enquêter sur ces opérations récentes et déterminer l'origine des fonds utilisés. Le refus du parquet est sans appel. Or policiers et douaniers ont établi de nombreux faits troublants. Ali Bongo, peu avant de succéder à son père à la présidence du Gabon, en 2009, a acquis une Bentley de 200 000 euros, tandis que le neveu du président congolais Sassou-Nguesso, chargé par son oncle de prélever les taxes sur les tankers de pétrole, a jeté son dévolu sur une Porsche de 137.
LeMonde – jeu. 9 juin 2011