Bernard Doza, journaliste et homme politique, crache encore du feu: "GBAGBO SERA LIBÉRÉ"."Ouattara est un criminel"."Je n’ai jamais pris l’argent de Ouattara"

Par Le Quotidien - Bernard Doza « Le PDCI veut utiliser le FPI pour chasser Ouattara».

Quotidien d’Abidjan: Bonjour M. DOZA, voici des mois que vous êtes porté disparu à Abidjan, que devenez-vous?

Bernard DOZA: J’ai quitté Abidjan le 26 mars 2012 pour Cotonou en vue de chercher des moyens financiers en Afrique noire, pour organiser la lutte politique contre le régime d’Alassane Ouattara.
C’est un népote tropical qui utilise les milices tribales (FRCI) dans le kidnapping des opposants, pour mieux gouverner avec le terrorisme d’état…
Car à l’heure où je parle, des tribunaux d’exception sont mis en place pour juger des pro-Gbagbo à Abidjan. Des personnalités politiques qui ont le seul tort d’avoir travaillé avec l’ancien président.
Quant à mon état personnel, je vais très bien, car je rentre d’un voyage à Paris, en direction de l’Afrique centrale.

Mais pourquoi vous ne rentrez pas à Abidjan, puisque officiellement, vous n’etes pas recherché ?

Bernard Doza: Ecoutez, quand j’étais à Abidjan en 2011, sous les bombes, les mauvaises langues disaient que je cautionnais la dictature Ouattara, par ma présence sur le terrain en critiquant l’imposture. Depuis que je suis sorti, les agents de Ouattara disent que je prépare un coup d’état.

Mais vous, vous dites quoi ?

Bernard DOZA : Moi, je dis que mon contentieux politique avec Alassane Ouattara reste intact.
Alassane Ouattara a fait arrêter et humilié (un jour du mois d’avril 2011), sur ordre de Nicolas Sarkozy, mon ami de lutte d’exil, Laurent Gbagbo.
Un président élu en l’an 2000 par le peuple de Côte-d’Ivoire, et trainé devant les caméras des médias internationaux le 11 avril 2011, comme un vulgaire bandit pour avoir dit non à la forfaiture néocoloniale.
Je ferais tout, avec mes amis politiques de gauche, pour laver l’affront et libérer la Côte d’Ivoire de l’occupation.

Des personnes nous on appelé pour dire que vous avez reçu une grosse somme d’argent pour quitter la Côte d’Ivoire ?

Bernard DOZA: Les nombreux africains et français qui me connaissent à la radio à Paris depuis 1983, savent que je suis très pauvre en argent, parce que je suis un militant de la cause du peuple ivoirien.
Pour un journaliste parisien spécialisé dans la politique africaine depuis 1986, je suis resté pauvre pour ne pas avoir pris de l’argent avec les chefs d’états.
Blaise Compaoré m’avait donné beaucoup d’argent en 1989 pour les travaux de sa communication, je le lui ai retourné et publié les photocopies des chèques dans mon Livre Liberté Confisquée, sorti à Paris en Novembre 1991.

Donc, vous n’avez pas perçu d’argent de la part du pouvoir pour quitter la Côte-d’Ivoire ?

Bernard Doza: De Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara, en passant par Konan Bédié, Robert Guéï, la rébellion de Soro Guillaume (qui m’a sollicité dès Novembre 2002 et Janvier 2011), je n’ai jamais touché à l’argent du pouvoir ivoirien, pour me taire.
En mars 2012, dans l’incapacité de payer le logement où j’avais été logé par Désiré Tagro (au nom de Laurent Gbagbo qui est mon ami), à la chute du président Gbagbo, c’est dans le bureau (au domicile) et en présence de M. Amani N’Guessan (ancien ministre de la Défense) et de mon ami Gbalé, que j’ai signé l’engagement de payer dès mon retour prochain à Abidjan, le loyer de 6millions 800 milles CFA que je dois encore au logeur, pour un an d’occupation de son appartement.

Et comment et avec quels moyens êtes-vous sorti de la Côte d’Ivoire, si vous n’aviez pas d’argent ?
J’ai dû emprunter 500.000CFA à un cohabitant de la résidence pour payer les billets d’avion de ma femme et de mon fils, en direction de Cotonou (au Benin).

Alors pourquoi ces fausses rumeurs qui ont inondé les rédactions d’Abidjan dès votre départ ?

Bernard DOZA : Dans la politique, il ya toujours des gens qui prêchent le faux pour chercher le vrai.
Or en politique, ce n’est pas tout qu’on dit sur la place publique, de peur de bouleverser certaines données.
Depuis 1990, je suis habitué aux rumeurs sur mes activités et sur mes positions politiques, à cause de mes relations avec certains chefs d’états, que j’ai accompagnés dans le pouvoir politique, pour comprendre les fondements des relations franco-africaines.
Mais ma force, c’est la constance de mon discours anticolonial, depuis 1983 et la droite PDCI qui est mon premier ennemi politique en Côte d’Ivoire, le sait trop bien, voilà pourquoi il me combat farouchement.
En Côte-d’Ivoire, les politiques avertis savent qu’Alassane Ouattara ne donne jamais de l’argent à un opposant sans lui demander une contrepartie immédiate. En plus, il faut savoir qu’Alassane Ouattara, qui est un dictateur authentique, n’est pas Laurent Gbagbo. Il ne finance pas un opposant pour le laisser ensuite combattre son pouvoir, en verbe où en arme sans réagir, par l’intermédiaire de ses suppôts.
Voilà pourquoi ceux qui ont perçu de l’argent du pouvoir Ouattara sont connus à Abidjan car, « s’ils ne sont pas en prison pour se couvrir » ils se taisent sur les actes quotidiens de la dictature, pour justifier l’argent de la trahison, ce qui n’est pas mon cas.

D’autres personnes par contre soutiennent que vous avez fui pour éviter vôtre arrestation par les hommes de Ouattara ? Que faites-vous exactement, à l’extérieur ?

Bernard DOZA: Oui! Cela est vrai. Parce que dans une grande dictature comme celle d’Alassane Ouattara, quand on travaille concrètement pour le changement du système, on ne cherche pas à aller en prison.
Car la prison dans la Côte d’Ivoire de l’après 11 avril 2011, c’est Pinochet au Chili en 1975, au lendemain du coup d’état pro-américain contre Salvador Allende. Le stade de football de Santiago avait été transformé en une prison à ciel ouvert pour contenir les pro-Allende, dans l’espoir de tuer la volonté populaire du changement.
Je suis sorti rapidement d’Abidjan en mars 2012 parce que les médias du PDCI (à travers le Nouveau Réveil du 22 mars 2012), poussaient Alassane Ouattara à m’arrêter « pour préparation au renversement des institutions de la république. » En fait, le PDCI m’accusait de préparer un coup d’état.
Et cela n’a pas cessé…
Car dans son édition du 23-24 Janvier 2013, un journal pro-Soro (Abidjan24), en demandant mon arrestation, m’a mis à la Une (avec photo à l’appui) en disant m’avoir vu en Israël en compagnie de l’ambassadeur Koudou késsié, dans l’achat d’armes pour renverser le pouvoir d’Abidjan.
En réalité, ce que je fais à l’extérieur, c’est réorganiser toutes les forces progressistes de la Côte-d’Ivoire, surtout les plus déterminées.

Etes-vous réellement allé en Israêl dans un rendez-vous de complot (à la recherche de financements), avec l’ambassadeur Koudou Késsié pour l’achat d’armes, comme l’écrivent les médias pro-Ouattara ?

DOZA : Demandez-le à Ouattara car ce sont les médias du pouvoir qui l’affirment.
Avec une telle conviction, qu’ils demandent mon interpellation à l’aéroport d’Abidjan par les renseignements généraux ivoiriens. Qui, selon eux, doivent ouvrir les yeux et les oreilles.
Moi, je ne confirme rien et je ne démens rien, car je n’ai pas à me justifier face à une dictature criminelle.

Vous êtes donc réellement allé en Israël.
Bernard DOZA : Une information n’est ni rouge, ni blanche, elle n’est ni de gauche ni de droite. Une information, soit elle est fausse, soit elle est vraie. Et si elle est vraie, on apporte la preuve (document à l’appui) qu’elle est vraie.
On ne donne pas une information d’une telle gravité, comme un pécheur qui jette son filet dans une rivière, en espérant y attraper un gros poisson…
Parce que sur les moyens à utiliser contre le régime tribal d’Abidjan qui prend un malin plaisir à ordonner la souffrance des ivoiriens réfugiés au Libéria, à Lomé, et à Accra, aux mains de geôliers de « camps de concentration » dit camps de réfugiés, je ne me laisserai pas distraire. . .

Quel est vôtre position sur les différentes sorties ces derniers temps de Soro Guillaume, qui a félicité Alpha Blondy pour avoir traité Laurent Gbagbo de malade mental ?

Bernard DOZA: Je ne m’attarderai pas sur les dérives d’un fou de la république, car la grande question, c’est à Guillaume Soro qu’il faut la poser pour éclairer les ivoiriens.
A quel niveau se situe le contentieux personnel qui l’oppose à Laurent Gbagbo ? Car dans la civilisation de la politique moderne, on ne tire jamais sur un adversaire qui est déjà à terre. Aujourd’hui, Laurent Gbagbo est déporté à la Haye par la volonté de son mentor Alassane Ouattara.
De quoi Guillaume Soro a-t-il encore peur ? S’il est convaincu d’être dans la bonne voie, il n’a rien à craindre.
Attendons le crépuscule de la révolution orange qu’il a conduit contre le peuple ivoirien, et qui a frappé l’ouest dans le génocide ... ».

Et qu’avez-vous à dire à propos de Mamadou Coulibaly sur la gestion de Gbagbo et de ses rapports avec lui, pendant sa gestion du pouvoir ?

Bernard Doza: Je ne m’interrese jamais à ce qu’un homme politique de droite, qui surfe sur les ignorances du peuple dans un pays colonisé comme la Côte d’Ivoire, peut penser et dire...
Mamadou coulibaly est un petit bourgeois de droite, qui s’est perdu dans les arcanes de la gauche FPI, à la recherche d’une étiquette politique nationale, pour mieux se positionner comme un futur sous-préfet de la France dans l’après Ouattara.
Il n’est pas dans le combat pour la liberté du peuple ivoirien occupé, depuis avril 2011. Donc, il n’intéresse que ses amis de droite et de centre droit.

Que pensez-vous d’Alassane Ouattara concernant sa candidature à la présidentielle de 2015, déclaration faite au Japon.

Doza: Alassane Ouattara est libre de spéculer sur son destin présidentiel qu’il a conquis au bout du fusil. Moi je cherche une voie nouvelle pour le peuple ivoirien, prisonnier de la violence dans son propre pays.

Le FPI a appelé le PDCI à s’unir contre le RDR. L’appel du FPI au PDCI est-il opportun ?

Bernard Doza: Le FPI force le jeu d’une démocratie qui refuse d’exister sous Alassane Ouattara, et surtout avec des partis anti-démocratiques comme le PDCI de Bédié, qui est lui-même un potentat tribal, dans son refus de passer la main de son vivant.
Parce que le PDCI, qui est le bras politique du régime Ouattara aimerait jouer aujourd’hui au pompier-pyromane.
Lui qui a allumé le feu anti-Gbagbo dans son soutien indéfectible au candidat du RDR, avec l’espoir politicien de le pousser dehors (en utilisant le discours de l’ivoirité) une fois le pouvoir acquis, découvre l’ogre.
Aujourd’hui, il peine à se débarrasser du dictateur du nord crée par le RDR, alors il cherche encore un nouvel allié en faisant des jeux de phares au FPI qui semble mordre à l’hameçon, dans une démarche collective anti-Ouattara.
Le PDCI voudrait dans ce pas, utiliser le FPI, comme un escabeau de secours contre la dictature qu’il a installée, dans une vigueur anti-Gbagbo, jamais égalée. Alors il appartient au FPI de chercher les véritables raisons de la discorde qui oppose les alliés d’hier, avant de s’engager avec le diable…

Comment jugez-vous le traitement du dossier Gbagbo par la CPI ? Croyez-vous à une libération de Gbagbo ?

Bernard DOZA : Le dossier Gbagbo est faussé. On ne peut pas juger une seule partie au lendemain d’une bataille politique qui a opposé plusieurs belligérants. Et à ce niveau, je crois à une prochaine libération de Gbagbo, mais c’est le futur lieu de résidence qui me semble problématique.
Dans quel pays la France voudra-t-elle qu’il séjourne ? Car, c’est la France qui décide dans ce procès contre la Côte d’Ivoire, du combat anticolonial.

Que deviennent vos projets pour les actions de masses en Côte d’Ivoire?

Bernard Doza: Les projets pour la mobilisation des ivoiriens sur le terrain sont toujours en cours, car il faut combattre Alassane Ouattara sur plusieurs fronts.

Quotidien d’Abidjan: Je vous remercie.

Merci.

Propos recueillis par Le Quotidien