Belgique: Le roi des Belges annonce son abdication

Le Monde.fr avec AFP | Le roi Albert II a annoncé son abdication, mercredi soir.

PHOTO: AFP Eric Lalmand.

Bruxelles - Dans un discours diffusé sur les chaînes de radio-télévision nationales, le roi des Belges, Albert II, a annoncé à 18 heures, mercredi 3 juillet, qu'il abdiquerait le 21 juillet, jour de la fête nationale en faveur en faveur de son fils, le prince héritier Philippe. Celui-ci montera alors sur le trône pour devenir le 7e chef de l'Etat belge.

Le roi Albert avait le matin même fait connaître sa décision aux principaux ministres du gouvernement de coalition dirigé par le socialiste wallon Elio Di Rupo. Immédiatement alertés, divers médias avaient annoncé l'abdication. Celle-ci faisait, depuis des mois, l'objet de diverses supputations. Seule la date de la décision du roi restait une véritable inconnue.

Dans son discours, le roi a évoqué son "émotion" et indiqué que son âge – "Je suis dans ma 80e année" – et sa santé ne lui permettaient plus d'exercer sa tâche comme il le voudrait. Il a indiqué son refus de se maintenir "à tout prix", par respect des institutions et de ses concitoyens, a-t-il précisé. "Après 20 ans de règne, j'estime venu le moment de passer le flambeau à la génération suivante", a-t-il poursuivi.

LE RENONCEMENT VOLONTAIRE PAS DANS LA CONSTITUTION

Tentant de lever des doutes, il a insisté sur le fait que le prince héritier Philippe, 53 ans, était "bien préparé" et avait "toute [sa] confiance". Se disant serein sur l'avenir du pays, le roi a rendu hommage à sa population, "riche, énergique, généreuse", estimant que son pays était dès lors "en de bonnes mains".

Albert II a également estimé, dans une allusion probable à certaines critiques portées récemment contre le fonctionnement et le coût de l'institution monarchique, que celle-ci devait "évoluer avec son temps".
Le chef de l'Etat a annoncé un discours d'adieu pour le 20 juillet et sa participation aux traditionnelles cérémonies de la fête nationale "avec le nouveau souverain".

Le renoncement volontaire d'un roi est, en Belgique, une pratique tellement rare que la Constitution ne l'évoque pas. Seul le décès d'un chef de l'Etat est envisagé, avec une période d'interrègne limitée à dix jours, pendant lesquels le gouvernement assume seul les pouvoirs.

Le premier ministre, Elio Di Rupo, a pris la parole après Albert II pour évoquer "le sens de l'écoute et du dialogue, la sincérité, le courage et la lucidité" d'un monarque qui a, dit-il, "conquis le cœur des Belges" en 20 ans de règne. Le futur roi Philippe aurait, quant à lui, déjà fait la preuve de son "sérieux" et de son "grand sens des responsabilités", selon M. Di Rupo.

Jean-Pierre Stroobants