Attaque du meeting du Fpi par des militants Rdr : Ouattara rate son rendez-vous avec l’histoire

Publié le mardi 24 janvier 2012 | Le Temps - Immense espoir. L’annonce, au journal télévisé de 20h de la Rti, le jeudi 19 janvier, avait été faite avec beaucoup d’espoir. Le ministre

Alassane Dramane Ouattara.

Publié le mardi 24 janvier 2012 | Le Temps - Immense espoir. L’annonce, au journal télévisé de 20h de la Rti, le jeudi 19 janvier, avait été faite avec beaucoup d’espoir. Le ministre

d’Etat ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, a donné son feu vert pour que le Fpi, parti de Laurent Gbagbo, tienne son meeting de rentrée politique à Yopougon, place Ficgayo. Ce, avec promesse de sécuriser cette manifestation. C’est l’ex-ministre de la Défense, Michel Amani N’Guessan qui, au sortir de l’audience avec le ministre d’Etat, a fait la déclaration au nom de la délégation du Fpi, flanqué d’Hamed Bakayoko, le visage triomphateur. Dès lors, les observateurs de la vie politique ivoirienne ont crû rêver. Alassane Ouattara se serait-il résolu enfin à refaire de la Côte d’Ivoire ce pays démocratique qu’il avait été ? Un pays où la liberté de réunion et d’expression est une réalité ? La visite de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton aurait-elle eu un effet positif sur la gouvernance de Dramane Ouattara ? Le virus de la démocratie aurait fait une percée dans le système Ouattara ? En tous cas, l’impression était bonne, au rêve, à l’espoir, au sourire ; toute chose qui donnerait une bonne image au pouvoir en place. Puis, il s’est passé ce qui s’est passé. Des pro-Ouattara ont attaqué une foule tranquille, sans arme, rassemblée pour communiquer paisiblement sur leur parti, comme prévu. Des morts. Des blessés. Et les images de cette barbarie, avec une oreille déchiquetée, un cou tranché à l’arme blanche, des hommes et des femmes dans un bain de sang, ont fait le tour du monde. C’est la stupéfaction. Le désespoir. Le sanglot. Encore le sanglot. Le Rdr et ses leaders ne cesseront-ils donc jamais leurs méthodes violentes ? La Côte d’Ivoire, en cette année 2012, où elle tente de relever la tête, avait-elle besoin d’une telle dérive et de cette bêtise humaine ? Pour arriver au pouvoir, depuis le 19 septembre 2002, il a créé la rébellion du Mpci devenue Forces nouvelles. Pendant les huit années de présidence de Gbagbo, après l’éclatement de la rébellion et la partition du territoire national, alors que ce parti est majoritaire au gouvernement, il s’est employé à rendre le pays ingouvernable. La violence et le sang ont toujours dominé son action de revendication politique. Mais l’on avait espéré qu’une fois au pouvoir, Ouattara et ses hommes déposeraient les armes et opteraient pour un régime démocratique où le sang serait une denrée rare. Mais voilà que le naturel continue d’assombrir l’image de cette équipe politique.
Au regard de cette barbarie inutile contre le Fpi, on comprend que Hillary Clinton était fondée à faire injonction à Ouattara de laisser l’opposition travailler, de laisser les journalistes exercer leur profession. Elle était bien renseignée sur la vision et l’intention politique de son poulain. Même si nous pouvons dire qu’elle ne le découvre en réalité pas maintenant, mais que, aveuglé par ses intérêts chocolatiers, son pays l’avait soutenu pour qu’il obtienne le pouvoir en Côte d’Ivoire, Hillary Clinton a montré un agacement qu’il conviendrait de prendre au sérieux. Puisque « ses vérités » et « ses injonctions » ont franchi les portes du tête-à-tête entre les deux complices. Seulement, cette attaque sanglante du meeting du Fpi serait-elle la manifestation d’une comédie bien organisée en Abidjan et Washington ou alors une désobéissance ouverte de Ouattara vis-à-vis de ses soutiens extérieurs ? Veut-il prendre ses distances de ses partenaires et s’enfoncer dans la dictature, parce que persuadé que déjà au pouvoir, ils ne peuvent plus l’inquiéter ? Il y a là, quelque chose à comprendre. Et quand du côté du pouvoir, comme sans argument, il se dit que c’est le Fpi qui s’est auto-attaqué, on est malheureux. Quel intérêt a le Fpi, formation politique sans arme, ancrée sur l’alternance démocratique et donc pacifique, qui voit tous les jours ses militants malmenés, à provoquer des gens dont il connaît la capacité de nuisance ? Quel intérêt a-t-il à provoquer le Rdr quand on sait que déjà, après l’incident du Ficgayo, au quartier Sideci, à Yopougon où il y a une base des Frci, des partisans de Ouattara entrent dans les maisons, à la recherche des personnes ayant participé au meeting pour les battre ? En clair, le meeting a été un prétexte au Rdr et ses Frci pour recommencer la chasse aux pro-Gbagbo. C’est au regard de tout ce qui précède que nous regrettons qu’ Alassane Dramane Ouattara, ait manqué son rendez-vous si précieux avec l’histoire. S’il attache tout son espoir sur les Eléphants footballeurs, pour qu’ils lui apportent la coupe d’Afrique, c’est pour en tirer des dividendes politiques devant accélérer la réconciliation nationale. Mais en même temps, le voilà en train de miner par son intolérance vis-à-vis du Fpi, cette réconciliation appelée de tous ses vœux. Car que penseront de lui les familles endeuillées encore, pour rien et ces blessés et les leurs ? Que c’est un démocrate ?

Germain Séhoué (gs05895444@yahoo.fr

Les Frci désormais snippers et tueurs encagoulés à Abidjan

Publié le mardi 24 janvier 2012 | Le Temps
Cette propagation de la haine à un moment où le Rdr, parti au pouvoir, et les ex-rebelles osent parler de «réconciliation nationale» interpelle, une fois de plus, l’opinion internationale et les partenaires au développement sur la situation sécuritaire réelle en Côte d’Ivoire. L’attaque contre le meeting pro Gbagbo a clairement montré que la situation sécuritaire s’est aggravée. Les libertés et la démocratie sont confisquées et le pays reste, plus que par le passé, «une destination à risque où il vaut mieux ne pas s’aventurer», d’après les investisseurs européens. Le pouvoir tue les militants de l’opposition en armant ses partisans. Une journaliste de France 24, répétons-le, a été agressée et menacée de mort, pour avoir voulu couvrir la mobilisation de l’opposition. Les Frci n’ont pas été démantelées, comme on nous l’a fait croire. Désormais, ces ex-rebelles ont une mission plus pernicieuse. Ils sont des tueurs encagoulés qui se dissimulent parmi la population, pour se renseigner sur les militants de l’opposition dans le but de les rechercher et de les faire disparaître tout en maquillant les crimes. Leur rôle rappelle celui de certaines unités de la police de l’occupant allemand, pendant la seconde guerre mondiale. Le pouvoir Ouattara les a reconverties pour infiltrer la population, afin de créer un Etat de terreur en son sein. Pis, ces Frci sont devenues des snippers masqués qui tirent sur les militants de l’opposition lors de leur manifestation pacifique, depuis les toits des immeubles. Ils ont gardé leurs armes. Contribuant ainsi à la prolifération des armes légères et de guerre. Ce qui met en danger les populations civiles. Le taux de braquages, de cambriolages et d’agressions meurtrières à l’arme à feu ne cesse de grimper. Les Ivoiriens ne sont pas en sécurité sous Ouattara. Les personnes et les biens sont sous une menace diffuse et constante. Des ex-rebelles ont déposé le treillis des Frci pour se fondre de façon perfide, au sein de la population, avec ordre de «mettre hors d’état de nuire les partisans du président Laurent Gbagbo». Le pouvoir Ouattara n’entend guère écouter les appels à instauration d’un Etat véritable de droit et démocratique où les libertés seront respectées. Il ne connaît qu’un seul langage, celui de la violence, de la force et des armes.

K.K.M