ANGOVIA (Côte d’Ivoire) - Affrontements Baoulé - Burkinabé: Au moins 5 morts et plusieurs blessés. Bouaflé se vide de ses habitants

Par IVOIREBUSINESS - ANGOVIA; Les Burkinabé découpent les Baoulé à la machette pour la terre.

PHOTO: Populations fuyant Angovia après les affrontements Baoulé-Burkinabé.

Selon les informations en notre possession et confirmées par plusieurs sources, les baoulé et les burkinabé se tailladent depuis jeudi à la machette et s'affrontent au fusil à Angovia, village de 5000 habitants situé près de Bouaflé (environ 300 km au Nord-Est d'Abidjan, et non loin de Kossou) à propos des problèmes de terre. Ces affrontements, d'une rare violence, ont selon nos sources fait au moins 5 morts et des dizaines de blessés. Plusieurs maisons ont été incendiées, et les villageois d'Angovia se sont enfuis dans la forêt. Un jeune d'Angovia joint par IvoireBusiness relate les faits: "Les burkinabé ont égorgé quatre de nos parents à la machette. Nous les avons découverts hier. Dans la peur que les Burkinabé nous exterminent, nous avons tous fui du village pour nous réfugier à des dizaines de kilomètres."
Cet autre père de famille baoulé épuisé par la fatigue et la fuite à pieds déclare: « Nous avons peur de ce qui va se passer si nous restons. Nous préférons nous éloigner en attendant qu’il y ait la paix dans le village ».
« Depuis les affrontements, la nourriture se fait rare et il n’y a pas d’eau dans le village, c’est malheureux », lance une femme assise au bord de la route, ne sachant où aller.
Selon plusieurs sources jointes sur place, tout est parti d’une bagarre entre un jeune baoulé et un jeune burkinabè: « Tous les mardis, les jeunes érigent un barrage à l’entrée de la mine d’or située à Angovia. Tous les passants doivent payer la somme de 200 francs Cfa. C’est ainsi que mardi passé, un jeune burkinabè de passage a refusé de s'acquitter de la taxe. Il s’en est suivi alors une bagarre. Le lendemain, le jeune burkinabè serait mort des suites de ses blessures. En représailles, les Burkinabè seraient venus incendier la maison du président des jeunes et tout saccagé sur leur passage », a expliqué un des villageois.

Dans la nuit du jeudi, aux environs de 22 heures, la situation a dégénéré. Des tirs se sont faits entendre toute la nuit. Cela a duré jusqu’au petit matin.
A l'heure où nous mettons sous presse, la ville de Bouaflé et ses environs se vident comme une trainée de poudre.
Sur la route menant dans les localités de Bozi et Tombokro, l’on voyait des colonnes de villageois, baluchons sur la tête, fuyant le conflit, malgré le calme précaire qui règne dans le village.
Sur la grande route, des véhicules de marque KIA transportant des bagages de tous genres ainsi que des passagers roulaient en direction de la ville de Bouaflé.
ANGOVIA, VILLE FANTÔME
Plusieurs témoins ont constaté la fermeture des magasins, et les rues complètement vidées. Aucune âme vivante de visible.
Même ambiance de branle-bas chez les taxis et les camions qui démarraient tous en trombe et quittaient Angovia à toute vitesse.

Comme on l'a dit, un problème de terre est à l'origine de la rixe entre les deux communautés. Et une exploitation d’une parcelle de terre qui a fait l’objet de disputes entre les deux groupes ethniques a mis le feu aux poudres.

Avec à la clé, un bilan très catastrophique: Une centaine de maisons brulées, Angovia totalement déserté, les villageois en fuite dans la forêt, selon un témoin joint par IvoireBusiness.

Le calme est revenu après le déploiement des forces de sécurité ivoiriennes et de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).

La porte-parole de l'Onuci, Sylvie van den Wildenberg, a confirmé que des éléments de la mission onusienne sont venus en renfort vendredi. "L'Onuci déplore la violence, les pertes en vies humaines et les importants dégâts matériels" occasionnés, a-t-elle souligné.

Patrice Lecomte avec plusieurs témoins joints sur place