Alpha Blondy: «Ce que Houphouët pensait de Ouattara»
Le 11 février 2011 par Notre Voie - A la demande générale, nous vous reproposons en intégralité, l’interview-vérité que la star ivoirienne du reggae, Alpha Blondy, a accordé à son domicile à votre quotidien préféré Notre Voie
Le 11 février 2011 par Notre Voie - A la demande générale, nous vous reproposons en intégralité, l’interview-vérité que la star ivoirienne du reggae, Alpha Blondy, a accordé à son domicile à votre quotidien préféré Notre Voie
Avec un franc-parler décapant, l’artiste parle d’Alassane Ouattara et du RDR, de feu Houphouët-Boigny, Henri Konan Bédié ainsi que de Mme Dominique Nouvian Folleroux Ouattara. Sans oublier ses rapports avec le président de la République, Laurent Gbagbo.
Notre Voie : Alpha Blondy, dans une interview accordée au mensuel panafricain Afrique Magazine (AM) n° 270 de mars 2008, vous avez qualifié M. Alassane Dramane Ouattara de prestidigitateur et avez soutenu qu'il ne sera jamais président de la République de Côte d'Ivoire. Pourquoi vous attaquez-vous à ce leader politique ivoirien ?
Alpha Blondy : Souvenez-vous, à un moment donné de ma vie et de l'histoire de la Côte d'Ivoire, j'ai crânement défendu le cas Alassane Dramane Ouattara, le leader du Rassemblement des Républicains (RDR) et un des futurs candidats à l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire. J'avais dénoncé le fait qu'on le traite d'ivoirien lundi et d'étranger mardi. Et qu'à cause de cela, ce Monsieur que le PDCI a envoyé en Côte d'Ivoire ne pouvait pas être candidat à l'élection présidentielle. J'avais dit non ! Et aujourd'hui, il peut être candidat à la présidentielle. Ne voyez-vous pas que ce combat que j'ai mené a payé dans une certaine mesure ? Mais actuellement, les données ont changé et il me semble important de souligner les actes graves que M. Ouattara a posés. Il faut le dire, nous ne partageons pas sa façon de faire.
N.V. : Que lui reprochez-vous ?
A.B. : Il serait indécent de ne pas souligner que le premier coup d'Etat en Côte d'Ivoire (le 24 décembre 1999 qui a renversé le président Henri Konan Bédié, ndlr) a été fait par M. Ouattara...
N.V. : Comment le savez-vous ?
A.B. : Mais il l'a dit lui-même et les Ivoiriens en sont témoins. Il a dit : «Quand je frapperai ce régime moribond, il tombera». Il avait annoncé aussi aux Ivoiriens : «Je reviendrai à Noël». Donc il savait bien de quoi il parlait. Le 24 décembre 1999, il a effectivement frappé, le régime Bédié est tombé et il est revenu en Côte d'Ivoire.
Pour moi, le coup d'Etat était déjà un acte anti-démocratique. Et je dis que c'est ce coup d'Etat qui a ouvert la boîte de Pandore d'où sont sorties toutes les tentatives hebdomadaires de coups d'Etat qui ont abouti à la guerre, cause de la rébellion armée du 19 septembre 2002 suivie de la partition systématique du pays.
N.V. : Le général Robert Guéi, chef du CNSP, la junte militaire au pouvoir, avait pourtant indiqué, devant la nation, que le coup d'Etat de 1999 était l'œuvre des «Jeunes gens »...
A.B. : Je n'entre pas dans ce genre de masturbation.
N.V. : Vous n'y croyez pas ?
A.B. : Non ! Mais écoutez, lorsque la guerre a éclaté en septembre 2002, Alassane Ouattara a déclaré sur RFI - je l'ai bien écouté - qu'il n'était ni de près ni de loin mêlé à la rébellion. Mais j'ai regardé plus tard une vidéo où des rebelles égorgent un gendarme. Sur ce document (j'ignore comment l'on procède en matière de montage et de truquage), ce que Koné Zakaria (un des chefs rebelles, ndlr) dit est clair - je comprends bien le malinké. Il a dit : «Nous avons pris les armes, pas pour IB, mais pour Alassane Ouattara». Et que c'est lui qui leur envoyait 25 millions de FCFA par mois. Zakaria l'a dit. Si cette grave accusation était fausse, pourquoi M. Ouattara n'a-t-il pas apporté de démenti ?
N.V. : Que voulez-vous finalement insinuer ?
A.B. : M. Ouattara est largement le commanditaire de la rébellion, you know. Je ne suis pas Jack Bauer (personnage principal d'une série policière américaine à la télé, NDLR) mais c'est M. Ouattara qu'on connaît. Qui ne dit mot consent. Même, à un moment donné, Guillaume Soro s'est un peu énervé devant le refus de M. Ouattara d'assumer.
Je signe et je persiste qu'Alassane Ouattara est à l'origine du coup d'Etat de 1999 qui a entraîné la guerre. Il est à l'origine de tous les problèmes que nous vivons aujourd'hui. Depuis qu'il est venu dans ce pays, nous avons rompu avec la tranquillité et la sérénité. Celui qui a tiré le plus grand profit de l'Ivoirité, c'est bien Alassane Ouattara. Il en a fait un fonds de commerce. Le PDCI, sa famille politique de départ, ne voulait pas de lui pour deux raisons principales.
N.V. : Lesquelles ?
A.B. : Première raison, lorsque Alassane Ouattara est arrivé en Côte d'Ivoire en 1990, il n'aurait pas dû sortir avec Dominique Nouvian-Folléroux (son épouse actuelle, NDLR).
N.V. : Vous y allez fort !
A.B. : Oui mais lui, il n'a pas hésité. Moi, je relate les faits. Je fais un décryptage, you know. A l'époque, je sortais avec Patricia, la fille d'un Européen qui travaillait à la présidence. Elle m'a confié ceci, après la nomination d'Alassane Ouattara : «Attention votre Premier ministre-là est en train de prendre un virage dangereux. Parce que Dominique est en quelque sorte la «Go» du président de la République, Félix Houphouët». Comprenez-vous le sens de ce message de Patricia ? Je pense qu'Alassane Ouattara pouvait s'offrir toutes les filles d'Abidjan, sauf celle-là. Ce qu'il a fait, c'est comme si tu couchais avec ta propre mère. Parce que le président Houphouët était son père politique et spirituel. Et quand tu as fini de coucher avec ta mère, n'aies pas la prétention de ravir à ton père son fauteuil. Or, Ouattara a fait tout cela. C'est ce que le PDCI n'a jamais osé dénoncer aux yeux du monde. Voilà pourquoi beaucoup se sont contentés de le traiter d'étranger. Ce qui l'a d'ailleurs arrangé car il en a fait son fonds de commerce.
N.V. : Quelle est la seconde raison ?
A.B. : Il voulait niquer M. Konan Bédié. Quand le président Houphouët est mort, beaucoup de cadres du PDCI ont regardé Alassane Ouattara bizarrement. Ça murmurait qu'après avoir couché avec Dominique par calcul politique...
N.V. : Avez-vous un problème avec Mme Dominique Ouattara ?
A.B. : Non, pas du tout, je respecte Dominique. Seulement, je voulais dire qu'elle n'est pas la seule personne qu'Alassane Ouattara a bernée. Mais elle n'est pas dupe. Dominique avait perdu son mari dans des conditions tragiques. Et M. Ouattara a profité de la blessure de cette dame - je vous le dis parce je le pense sincèrement - pour déployer son calcul politicien. Il s'est servi d'elle pour son ambition.
N.V. : Vous dites là des choses terribles ?
A.B. : On me qualifie de fou, non ? Mais un fou, il sait beaucoup de choses, you know ! Le mariage de M. Ouattara avec Dominique, relève d'un calcul politicien. Il prétend que Houphouët lui a donné l'ordre de prendre cette femme. Mais il a oublié que c'est parce qu'il a couché avec elle que «le Vieux» s'est fâché et la lui a cédée. Un proche d'Houphouët - et non des moindres - m'a confié que «le Vieux» en a pleuré. Parce qu'il ne pouvait pas s'imaginer que quelqu'un qu'il a fait venir auprès de lui de bonne foi puisse lui planter le couteau dans le dos. Son entourage en été malade aussi. C'est de là qu'est parti le débat sur la filiation de Ouattara. Aujourd'hui, nous disons qu'Alassane Ouattara est certes un Ivoirien mais il y a un problème.
N.V. : Quel problème encore ?
A.B. : Tu peux être un Ivoirien mais si tu as grandi à Bobodioulasso, où est le problème ? Ses frères ont grandi à Dimbokro, dans le centre de la Côte d'Ivoire. Mais lui, il a grandi du côté de la Haute Volta, c'est-à-dire dans la région de Bobodioulasso. Même quand il parle le malinké, son accent est de Bobodioulasso. Il ne faut pas en avoir honte ! Mais il semble tellement perturbé par cela. Et il raconte à sa femme Dominique que je suis son cousin. Parce que nous sommes tous deux nés à Dimbokro. Je ne suis pas son parent. Il n'a pas besoin de forcer des liens de parenté avec moi pour prouver qu'il est Ivoirien. Dans tous les cas, on ne couche pas avec la femme de son papa. Mais il l'a fait.
N.V. : Pourquoi est-ce maintenant que vous en parlez ?
A.B. : Excusez-moi, chaque chose en son temps ! Un jour ou l'autre, Dominique Folléroux se réveillera. Alassane Ouattara pense que M. Sarkozy va l'imposer aux Ivoiriens parce qu'il a été tout simplement le témoin de son mariage. C'est peut-être vrai que le président français est son ami, mais attention !
N.V. : N'est-il pas envisageable que M. Sarkozy veuille donner un coup de pouce à son ami en difficulté ?
A.B. : M. Sarkozy pourrait aider la Côte d'Ivoire en tant qu'Etat mais pas M. Ouattara en tant qu'individu. Parce que les intérêts de la France sont plus grands que ceux de Messieurs Sarkozy et Ouattara. Quand je dis qu'Alassane Ouattara ne peut pas être président de Côte d'Ivoire, c'est parce qu'il a fait couler trop de sang, de larmes. Il a fait briser trop de vies d'innocents. Je pense sincèrement ce que je dis. Depuis le coup d'Etat de 1999, avez-vous vu se bousculer des personnalités comme Ahoua N'Guetta, Essy Amara, enfin tous les repères de tous bords politiques confondus ? Savez-vous pourquoi ? Parce que la chaîne référentielle a été brisée. En outre, les généraux Palenfo et Coulibaly se sont également éclipsés et ont vu leurs vies respectives brisées parce qu'on leur colle une étiquette de RDR déçus. Même moi qui vous parle...
N.V. : Justement, il y a quelques années, vous avez proclamé que vous êtes un militant du RDR...
A.B. : J'ai déjà reconnu dans un mensuel panafricain qu'Alassane Ouattara a roulé tout le monde dans la farine. On dit que M. Gbagbo est un boulanger. D'accord, mais je dis que M. Ouattara est un hyper-boulanger. C'est le propriétaire des Grands Moulins d'Abidjan (rires). Et moi, je suis un chanceux parmi ceux que M. Ouattara a roulés dans la farine.
Mon ami H., le comédien Camara Yêrêfê, en a été tellement victime qu'il en est mort. On raconte que je n'ai rien fait pour lui jusqu'à ce qu'il trouve la mort. Mais qu'ils me font pitié, les colporteurs de ces rumeurs ! Je vais vous dire la vérité. Lorsque la SICOGI de Yopougon voulait expulser H. pour une location-vente impayée à hauteur de 3 millions FCFA, c'est vers moi qu'il a couru. Je partais pour une tournée à l'étranger et je n'avais pas de la liquidité sur moi. Je lui ai alors signé un chèque de 3 millions FCFA. Je précise qu'on a appelé Ibrahim dit «photocopie», le frère cadet de M. Alassane Ouattara, pour lui poser le problème de H. qui a fait la prison, qui a perdu son boulot à la télé à cause de son militantisme au RDR... On m'a répondu que lorsque qu'on donne de l'argent à H., il le dilapide. Au vu de cette attitude du RDR à son égard, j'ai interpellé H. en ces termes : «Petit frère, fais attention à toi ! Ces gens vont t'utiliser pour rien. Chaque fois que y a drap, tu viens me dire : Elvis (l'autre surnom d'Alpha Blondy), on m'a blessé, on a blessé mon fils... Et je demande : est-ce qu'un seul enfant d'Alassane a été égratigné ? Une façon de te demander de faire attention et de te dire que moi-même qui te parle, ils ont envoyé des militaires chez moi en 1999 sans que je n'y comprenne rien. N'oublie donc pas d'où on vient». J'ai dit tout cela à H. Depuis ce jour, on se fréquentait davantage, on mangeait du poisson à la braise ensemble... Un jour, il m'a encore dit que des militaires l'ont blessé à la tête. Pour le tirer de ce guêpier et lui permettre de reprendre ses activités professionnelles, j'ai décidé de lui remettre une caméra que j'ai achetée à 20 millions FCFA. Je lui ai même demandé de changer sa façon de militer. Je lui ai expliqué que c'est parce que les gens du RDR parlent trop. Je lui expliquais aussi comment j'étais souvent félicité, à ma grande surprise, pour des sacs de riz et autres que j'aurais offerts à des militants du RDR.
N.V. : Et que se passait-il en réalité ?
A.B. : Ma secrétaire d'alors, Koné Ténin (aujourd'hui membre du cabinet de la ministre Jeanne Peuhmond, NDLR) était militante du RDR ; mon manager Koné Dodo était du RDR et ils le sont aujourd'hui encore. Au départ, ils ont nié mais plus tard, Ténin l'a reconnu. Ténin était tellement passionnée qu'il suffisait de critiquer M. Alassane Ouattara, pour qu'elle étouffe. Je connais Ténin, je la respecte ; elle a fait un choix que je respecte. En revanche, Koné Dodo m'a trahi dans sa passion, non pas pour le RDR, mais pour M. Alassane Ouattara qui est en réalité le problème et non le RDR car Alassane veut faire de ce parti une sorte de secte.
Koné Dodo m'a trahi en me disant que des gens l'ont chargé de venir encaisser de l'argent auprès de moi pour financer la rébellion. Moi, je lui ai dit que je préférerais faire des dons à la Croix Rouge pour des actions humanitaires en faveur de ceux qui en avaient besoin dans l'urgence. Il en était tellement passionné que je le suspecte aujourd'hui d'avoir détourné au profit de la rébellion une partie des recettes de 35 millions de FCFA engrangés lors de ma tournée de 2003. Aujourd'hui, Koné Dodo se trouverait à Boundiali, hypertendu, à moitié paralysé. Pendant ce temps, que fait le RDR pour lui ? Que fait pour Koné Dodo, M. Alassane Ouattara qui, paraît-il, est propriétaire de 22 avions et 212 bateaux ? Fohi ! Rien ! Actuellement Dodo ne vit qu'avec l'aide que lui apporte son fils.
N.V. : Quels sont aujourd'hui vos rapports ?
A.B. : Koné Dodo m'appelle parfois. Il me demande de l'appeler à mon tour. Seulement, c'est moi qui me sens gêné. Ah, lui aussi a été tellement aveuglé ! Mais je pense qu'un jour, il se réveillera car, tout comme Ténin, il admirait beaucoup M. Zémogo Fofana (personnalité politique, transfuge du RDR qui a créé l'ANCI, son parti).
N.V. : Vous auriez abandonné également Aldo Moro, Affri Loué et bien d'autres de vos proches malades...
A.B. : J'avais proposé à Aldo Moro (paix à son âme) de travailler avec H. pour la réalisation de sketches qu'ils devaient commercialiser. Mais Aldo Moro (ancien cameraman à la RTI) m'a dit que son rêve, c'était de découvrir la Jamaïque. Je l'ai envoyé en Jamaïque. Quant à Eugène Affri Loué (paix à son âme), il était condamné à mort, je n'y pouvais rien. Pinto, quant à lui, est superviseur au Café de Versailles (le restaurant chic bâti par Alpha Blondy). Vous pouvez le lui demander. Il n'a jamais été victime d'un grave accident de la circulation avec ma voiture sans que je ne sois au courant. (Pinto dément devant nous avoir fait un accident avec un véhicule de Blondy). «Ancien» (un regretté collaborateur d'Alpha) est mort d'insuffisance rénale. Lorsque j'ai arrêté de fumer de la drogue, j'ai dit à tous ceux qui fumaient comme moi de rester à carreau pour ne pas que je replonge. «Ancien» était devenu entre temps le manager du groupe Adjam Tala Rockers. On s'est perdus de vue. Un jour, lorsque je l'ai vu à Grand-Bassam, j'ai découvert une loque humaine. Une autre fois, il a fait venir des jeunes gens chez moi pour me solliciter de l'aide, alors qu'il était en instance d'être hospitalisé au CHU de Treichville. Plus tard, j'ai appris que ces jeunes se sont volatilisés dans la nature avec l'argent que je leur avais remis. Après, il s'est levé lui-même de son lit d'hôpital pour me trouver à Grand-Bassam. Il avait besoin d'argent. Je lui en ai donné. C'est à Yohou Yolande dite «Yoyo Rasta», une grande amie, que je remettais de l'argent pour secourir «Ancien». Un jour, à la veille d'une tournée, il m'a dit : «Si on ne se revoit plus... » Je lui ai répondu : «Arrête, ne me parle pas de ta mort... (Alpha Blondy se met à pleurer. Après une pause, il poursuit ses propos)... Alassane Dramane Ouattara est dangereux pour la Côte d'Ivoire. Pourquoi, en le disant, on doit être menacé de mort ?
N.V. : Avez-vous été menacé de mort ? Par qui ?
A.B. : Bien sûr, j’ai été menacé de mort après la publication de mon interview à Afrique Magazine. On m’a appelé sur le téléphone fixe et sur le portable pour me menacer de mort. Un individu est même venu me voir pour me conseiller de boire le pipi du matin de ma mère car, selon lui, je suis un malade mental. Menacer un malade mental ? Menacer un fou ?
N.V. : Avez-vous porté plainte contre X ?
A.B. : Non, je ne porterai pas plainte.
N.V. : Pourquoi ?
A.B. : Parce que je sais que Dieu le fera à ma place. Ecoutez, M. Alassane Ouattara ne fait rien pour que Dieu ne puisse pas mener mon combat. Tant de sang versé, tant de vies humaines anéanties. Savez-vous pourquoi il n’y a pas eu les 100 000, 200 000 voire 300 000 spectateurs que j’attendais à mon FESTARRR, le 30 décembre 2007 ? C’est à cause de cette guerre que M. Ouattara a enclenchée en Côte d’Ivoire. Où est-ce que les FANCI ont recruté leurs nouveaux soldats ? C’est parmi les “bramogos” (fans) d’Alpha Blondy. Où est-ce que les Forces nouvelles ont puisé leurs soldats ? C’est dans les “bramogos” d’Alpha Blondy. Quand l’on a sacrifié la vie de mes «bramogos» pour des ambitions politiques personnelles, il ne faut pas demander le miracle aux quelques survivants.
N.V. : Quels sont aujourd’hui vos rapports avec la France ?
A.B. : Moi, je n’ai pas de problème avec la France. J’ai dit simplement que je condamne fermement la France pour ce qu’elle a fait en novembre 2004 devant l’Hôtel Ivoire à Cocody et sur les deux ponts d’Abidjan. Son armée a tué des Ivoiriens qui manifestaient tranquillement pour la souveraineté de leur pays. La France, c’est quand même nous. C’est inacceptable. Maintenant que l’on dise que moi, j’ai choisi mes morts, c’est faire de la désinformation. Qu’on arrête cela. J’ai dit qu’on a passé le temps à parler de 9 soldats français qui auraient été tués à Bouaké par les FANCI mais qu’on n’a pas parlé des autres morts de la ville. C’est ce que j’ai toujours dit, ok ? Donc qu’on arrête de tout déformer tout le temps.
N.V. : Maintenez-vous toujours votre position selon laquelle l’armée française basée à Abidjan (le 43ème BIMA) doit partir ?
A.B. : Mais bien sûr. Moi, je voterai pour le candidat à la présidentielle prochaine qui promettra de faire partir l’armée française et de nous faire passer d’une indépendance virtuelle à une indépendance réelle. Voyez-vous, je ne nourris aucune haine envers qui que ce soit mais je ne supporte pas l’injustice.
N.V. : Etes-vous toujours à couteaux tirés avec l’ambassadeur de France à Abidjan, André Janier ?
A.B. : Récemment, quand j’étais hospitalisé à la PISAM, il m’a joint sur mon portable pour me souhaiter prompt rétablissement. Il m’a même annoncé qu’il m’inviterait à partager un repas dès que je serais rétabli. Mais je préfère attendre après ma tournée en Amérique.
N.V : Et la polémique sur votre titre d’ambassadeur de la paix de l’ONUCI ?
A.B. : Jusqu’à ce qu’on me le signifie officiellement par écrit, comme ça été le cas lorsqu’on me nommait, il y a un peu plus de deux ans, je demeure messager de la paix pour l’ONUCI. C’est d’ailleurs à ce titre que je tire la sonnette d’alarme pour prévenir tout risque de regain de violence en Côte d’Ivoire.
N.V. : Que répondez-vous à ceux qui affirment que vous êtes le principal auteur de la Charte du Nord rédigée en 1990 ?
A.B. : Je n’ai jamais écrit cette sale Charte du Nord. J’ai fait un tract, bien au contraire. On m’a dit que la Charte du Nord contient plus de 200 pages mais ce qu’ils ont publié (dans le quotidien Le Patriote, ndlr) ne tient pas sur un feuillet. Pourquoi sont-ils malhonnêtes jusqu’à ce point !
N.V. : Dans votre tract publié en 1990, vous meniez le combat de M. Ouattara. Comment expliquez-vous ce changement de position radicale de votre part aujourd’hui ?
A.B. : J’ai changé parce que M. Ouattara a touché à la Côte d’Ivoire. Ça, je ne saurais l’accepter. Il a posé des actes qu’il ne devrait pas. Je vous l’ai déjà suffisamment dit. On nous a tous bernés avec cette histoire d’ivoirité parce qu’en réalité, seul Alassane Ouattara en est le plus grand bénéficiaire. Je me souviens qu’en 1990, on est venu me voir pour me dire que les Bété disent que s’ils prennent le pouvoir, ils vont égorger tous les gens du Nord.
N.V. : Qui est venu vous le dire ?
A.B. : Je préfère taire les noms mais ils se reconnaissent. Des gens sont venus me voir à l’immeuble Nanan Yamousso (Abidjan-Treichville) que j’habitais à l’époque. La mère d’un de mes enfants, Valerie Yébarth était témoin. Ceux qui me pourfendent, parlent de quoi ? J’aimerais bien qu’Alassane Ouattara nous parle des circonstances de la mort de Félix Houphouët- Boigny en 1993.
N.V. : Vous devez en savoir quelque chose…
A.B. : Non, c’est lui qui doit en savoir quelque chose. C’est lui qui pourra nous éclairer. Ça, c’est d’un. De deux, il y a un petit truc que je voudrais savoir. Vous souvenez-vous de la défunte femme policière Simone Gbahé ? Vous souvenez-vous de sa révélation faite dans Soir Info, dans laquelle, elle soutenait qu’un coup d’Etat se préparait contre le président Bédié ? Ne trouvez-vous pas bizarre qu’elle soit morte sans avoir pu rencontrer Bédié alors qu’elle le désirait ? C’est une question que je me pose. En somme, Simone avait bel et bien averti qu’un coup d’Etat se préparait contre Bédié mais…
N.V. : Et qui préparait ce coup d’Etat ?
A.B. : Qui a fait le premier coup d’Etat en Côte d’Ivoire, en 1999 ? Qui était le financier de la guerre dont Koné Zakaria a parlé ?
N.V. : Faites-vous allusion à M. Alassane Ouattara ?
A.B. : Bien sûr, puisque c’est lui qui a commandité le premier coup d’Etat. Aujourd’hui, quand je vois l’acharnement avec lequel la presse proche de lui s’attaque à ma modeste personne jusqu’à vouloir ma mort, je suis amené à me poser encore de nombreuses questions. Mais, qu’ils soient tous rassurés, je n’ai pas encore dit mon dernier mot.
N.V. : Vos détracteurs soutiennent que c’est parce que le président de la République, Laurent Gbagbo, vous donne beaucoup d’argent que vous vous acharnez sur M. Ouattara. Qu’en dites-vous ?
A.B. : Pour être poli, je vais vous dire simplement ceci : le président Houphouët m’avait donné de l’argent mais ils ne s’étaient pas plaints ; le président Bédié m’avait aussi donné de l’argent par rapport à ma Caravane de la Paix en 1995 mais ils ne s’étaient pas plaints non plus. Pour l’organisation de mon FESTARRR en décembre 2007, j’ai écrit à tout le monde pour solliciter de l’aide financière : ambassades, partis politiques, etc. Quand je montais le projet avec John Jay (animateur-télé, ndlr), on avait fait un devis de 300 millions FCFA. Ça traînait, faute de moyens. Et, suite à l’attentat contre l’avion du Premier ministre Guillaume Soro, le 29 juin 2007, j’ai reporté le festival. Après, j’ai décidé de le faire tout seul. C’est alors que Charles Blé Goudé m’a dit : “Ecoute, le président Gbagbo voulait nous donner sa contribution. C’est le moment d’aller le voir”. Je lui ai répondu : “Ok, on va profiter de l’occasion pour faire d’une pierre deux coups, c’est-à-dire l’inviter. S’il nous donne quelque chose, Dieu merci ; s’il ne nous donne rien, Dieu merci, you know”. Voilà ! A l’heure où je vous parle, je dois encore la somme de 16 millions à des entreprises qui ont travaillé avec moi.
N.V. : L’on raconte que le chef de l’Etat vous a effectivement remis la somme de 300 millions FCFA pour l’organisation du FESTARRR. Est-ce vrai ?
A.B. : A tous ceux qui soutiennent que le président de la République m’a donné 300 millions FCFA et que de cette somme, j’ai tiré 100 millions FCFA pour l’offrir à Charles Blé Goudé, je leur demande d’arrêter l’intox et la désinformation. Il faut simplement qu’ils comprennent que ce que le président Gbagbo m’a donné n’a pas de prix, c’est de la considération. Je ne savais même pas qu’il y avait un coup d’Etat qui se préparait contre lui dans cette période, comme on me l’a signifié plus tard, mais le Président a pris le risque de venir à mon invitation jusqu’à Grand-Bassam. Il a été le seul à m’honorer et pourtant, j’ai invité tous les leaders politiques, les partis politiques et leurs organisations de jeunesse. Même les Forces Nouvelles étaient attendues, à commencer par leur secrétaire général, le Premier ministre Guillaume Soro. Je me rappelle que le commandant Wattao m’a appelé pour s’excuser parce qu’il y avait “gbangban” à Bouaké (attaques de la ville par les hommes d’IB, ndlr). Ça c’est le respect, je vous le répète. Et ça n’a pas de prix.
N.V. : Si l’on vous comprend bien, vos relations avec le président Laurent Gbagbo ne sont pas fondées sur l’argent ?
A.B. : Les gens voient tout en terme d’argent. Je n’ai aucune intention de me vanter mais moi, je vais vous dire que ça va. Je n’ai pas de problème de ce côté-là.
N.V. : Les personnalités qui n’ont pas répondu à votre invitation au FESTARRR vous ont-elles donné les raisons de leur absence ?
A.B. : Moi, j’ai fait le pas qu’il fallait parce que je tenais à tuer la guerre. Mais ce n’est pas bien grave. Je comprends mes jeunes frères KKB du PDCI, Karamoko Yayoro du RDR, Blé Guirao de l’UDPCI. Ils ont subi des pressions de part et d’autre. Pour moi, le FESTARRR a été un grand succès.
N.V. : Vos contradicteurs prétendent que vous avez bénéficié de la générosité de M. Ouattara du temps de la bonne entente…
A.B. : Je n’ai jamais demandé de l’argent à M. Ouattara. Il n’y a jamais eu ça entre lui et moi. En revanche, je connais M. Adama Tounkara (actuel maire d’Abobo, ndlr) depuis New York. Ce dernier et moi, on s’est vu à l’époque par deux fois, il m’a donné 50 dollars. Quand on raconte que M. Alassane Ouattara est un multimilliardaire et qu’il distribue de l’argent, c’est faux. Moi, je peux aller où je veux avec mes 10 FCFA. Ma vie n’est pas en danger, à moins que M. Ouattara en décide maintenant autrement. Car lui, il est toujours tapi dans l’ombre pendant que les enfants des autres sont en première ligne au front, donc leur vie en péril en permanence, you know.
N.V. : D’où tirez-vous cette conviction que M. Ouattara est derrière chaque coup tordu contre les Ivoiriens alors que lui-même le nie tous les jours ?
A.B. : Mais M. Ouattara, c’est Kacou Anouanzè, c’est-à-dire l’homme-araignée ! Il est très rusé. De plus, dès que ça chauffe, il saute au mur puis disparaît. Voilà pourquoi j’aimerais dire ceci aux Ivoiriens: “Dès que ça pète encore en Côte d’Ivoire, n’hésitez pas à neutraliser M. Alassane Dramane Ouattara. Attention, je n’ai pas dit de le tuer, je dis bien neu-tra-lisez-le ! Car, envoyez les enfants des autres à l’abattoir, il aime bien ça. Son rêve ethnique est égal à la guerre ethnique. Chez lui, le Bété, le Guéré…, est un ennemi, le Bousmani (le peuple de la forêt) est un ennemi. Ne vous laissez plus distraire, mes frères Ivoiriens : Alassane Ouattara est notre problème. Eux, ils ont appelé au meurtre contre ma personne mais moi, non. Je n’en ferai pas autant en retour. Car je crois en Dieu. Ouattara, lui, il n’a pas de respect pour la vie que Dieu nous a donnée.
N.V. : Vous dites qu’il ne peut pas être président, mais pour gagner, il est en tandem avec le président du PDCI, Henri Konan Bédié…
A.B. : Lorsqu’un traître vient vers toi, ça se sent immédiatement par son premier bonjour. En effet, M. Bédié ne pouvait pas échapper à M. Ouattara. Aussitôt que ce dernier est venu en Côte d’Ivoire, M. Bédié était dans son collimateur. Chronologique-ment, le président Houphouët est la première victime de M. Ouattara, Dominique, la deuxième, et le président Bédié, la troisième. Quant au Président Gbagbo, il l’a échappé belle. Rappelez-vous qu’en février 1992, lors d’une manifestation au Plateau, M. Ouattara a fait tirer sur M. Gbagbo. M. Ouattara était alors Premier ministre de Côte d’Ivoire. Il ne faut pas l’oublier, dans les mœurs des Ivoiriens, tuer n’existe pas vraiment. Mais dans les calculs politiques de M. Ouattara, le crime figure en bonne place. Les Dioula disent que “tout ce qui arrive à un cadavre dans une tombe, ce n’est pas la faute aux asticots ; il faut accuser la mort”. Dans la crise ivoirienne, MM. Gbagbo, Bédié, Guéi, Soro et Wattao ne sont que des asticots. Et la mort, c’est M. Alassana Ouattara. Voilà pourquoi, je pense qu’il est nécessaire qu’on le neutralise afin qu’il ne nuise plus à la Côte d’Ivoire.
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