Affaire "enquêtes préliminaires" contre Gbagbo et ses proches: Ne faut-il pas aussi enquêter sur les massacres de Duekoué, les pillages et assassinats des FRCI?
Publié le mercredi 27 avril 2011 | IVOIREBUSINESS
Selon la télévision pro-Ouattara TCI, le gouvernement d’Alassane Ouattara a ouvert mardi dernier des "enquêtes préliminaires" contre
Publié le mercredi 27 avril 2011 | IVOIREBUSINESS
Selon la télévision pro-Ouattara TCI, le gouvernement d’Alassane Ouattara a ouvert mardi dernier des "enquêtes préliminaires" contre
le Président ivoirien capturé Laurent Gbagbo et ses proches.
Cette décision me semble totalement inopportune pour la simple raison que les armes ne se sont pas encore tu en Côte d’Ivoire. Hier à Yopougon, les combats entre les FRCI de Ouattara soutenus par Licorne et les Fds restées fidèles à Gbagbo ont fait près de 100 morts. Yopougon se vide de ses habitants. Les pillages et les assassinats ont lieu par les Frci de Ouattara, qui tuent en toute impunité tous les partisans de Gbagbo, notamment les bété, son ethnie.
Le président du FPI, Pascal Affi N’guessan, a été la semaine dernière battu à coups de crosse, emprisonné au Golf puis déporté à Katiola, pour avoir tenu une conférence de presse au siège de l’Onuci-Pergola, devant les casques bleus. Les villages du pays sont attaqués, pillés puis incendiés par les hommes de Ouattara, qui se paient sur la bête.
L’enquête préliminaire du Président Ouattara devrait, dans un souci d’équité et de réconciliation, concerner toutes les exactions, et non celles d’un seul clan. Car les hommes de Ouattara commettent en ce moment la majorité des exactions et se comportent comme si la prise du pouvoir par leur mentor marquait l’avènement des djoula au pouvoir.
Le ministre Patrick Achi, porte-parole du gouvernement de Ouattara, devrait de bonne foi annoncer que les procédures d’enquêtes préliminaires concernent non pas uniquement Gbagbo et son clan, mais également Alassane et son clan.
S’il ne le fait pas, la réconciliation prônée par Alassane Ouattara ne serait que pure leurre.
C’est d’ailleurs l’impression qui se dégage de plus en plus dans les chancelleries africaines et occidentales, où l’amateurisme des hommes de Ouattara commence à gêner de plus en plus.
En effet, on ne peut pas ouvrir des enquêtes fut-elles préliminaires, alors que le pays est à genoux. L’économie est à terre et l’insécurité totale. En outre, presque personne n’a encore repris le chemin du travail, et les salaires ne sont pas encore payés. La réouverture des banques tarde à se faire.
Diriger un pays, ce n’est pas faire des règlements de compte personnels. C’est plutôt avoir une vision et des priorités.
Aujourd’hui la priorité des priorités, c’est la sécurité. Tout le monde est armé, il n’y a plus de police ni de commissariats. Presque tous les barrages sont tenus par les FRCI de Ouattara qui sont loin de se comporter comme une force républicaine. Certains parmi eux ne savent ni lire ni écrire et peuvent tuer tous ceux qui ne sont pas pro-Ouattara.
La priorité c’est aussi payer les deux mois d’arriérés de salaires des fonctionnaires. Ensuite, permettre à tous les ivoiriens d’enterrer dignement leurs morts, avant de lancer un appel à la reprise du travail en rétablissant sans délai tous les acquis démocratiques (partis politiques, presse, syndicats, etc…).
Lancer un appel solennel à la réconciliation nationale de tous les ivoiriens sans distinction de bord politique, ethnique, ou religieux.
Libérer le Président Gbagbo et son épouse pour qu’ils participent à cet éventuel appel à la réconciliation nationale.
En 2001, le Président Gbagbo avait fait chercher Ouattara et Bédié de France pour leur permettre de participer aux débats sur la réconciliation nationale.
Après, on pourra lancer toutes sortes d’enquêtes préliminaires qu’on voudra.
Mais ces enquêtes, nous insistons, devront concerner les deux camps, Ouattara et Gbagbo.
Christian Vabé