Affaire Bourgi "J'ai vu Chirac et Villepin compter les billets: Villepin"Tout cela n’est que fariboles"

Le 12 septembre 2011 par leJDD.fr - Joint samedi soir, l’ancien Premier ministre affirme au JDD qu’il "dérange".

Dominique de Villepin.

Le 12 septembre 2011 par leJDD.fr - Joint samedi soir, l’ancien Premier ministre affirme au JDD qu’il "dérange".

Dominique de Villepin s’esclaffe. À entendre les accusations de Robert Bourgi, l’ancien Premier ministre confie : "J’ai une grande capacité à anticiper les mauvais coups. Vous ne me gâchez pas du tout la fin de mon après-midi." À quatre jours du jugement en appel de l’affaire Clearstream, Villepin établit immédiatement un lien.
A-t-il touché de l’argent en espèces, comme l’accuse l’avocat de la Françafrique? "Tout cela n’est que fariboles et écrans de fumée. Je n’ai jamais cessé, depuis 1993, de me mobiliser contre les réseaux de quelque nature que ce soit, en vue d’une moralisation de la vie politique dans le cadre fixé par Jacques Chirac", martèle-t-il au téléphone. "On voit bien aujourd’hui combien ces actions dérangent", ajoute-t-il.
Il y voit la main de l’Élysée
Y voit-il une connexion avec le livre à charge écrit par Pierre Péan contre son ami, l’homme d’affaires Alexandre Djourhi? "Je n’en ai aucune idée. On voit bien surtout les inquiétudes se lever à quelques jours du jugement dans l’affaire Clearstream ou encore l’évolution d’autres affaires comme Karachi." Sans le dire, Villepin y voit la main de l’Élysée. Ce qui reste à prouver. Même si, entre Villepin et Sarkozy, la haine est tenace. Longtemps, le chef de l’État a rêvé de pendre à un "croc de boucher" son rival. Après la relaxe du premier procès Clearstream, le Président a jugé plus sage de mettre sa vengeance en sourdine et de se retirer d’une affaire qui ne lui valait que des mauvais coups.
Il a mesuré aussi qu’au fond Villepin n’avait plus les moyens de le gêner politiquement. Trop seul. Trop emporté. Trop orgueilleux pour se lancer dans une aventure présidentielle qui s’achèverait, selon le mot de Brice Hortefeux, entre "1 et 2%". Difficile pourtant d’effacer quinze ans de haine pure. Car une guerre sans merci oppose Sarkozy à Villepin depuis le jour - en 1994 - où le premier est passé chez Édouard Balladur alors que le second est resté fidèle à Chirac. Depuis, tous les coups sont permis entre eux. Villepin ironise sur le "nabot". Sarkozy tape sur le "grand con". Leur haine a culminé avec l’affaire Clearstream. Laquelle sera jugée en appel… mercredi prochain. Villepin espère une seconde relaxe.
Bruno Jeudy - Le Journal du Dimanche
dimanche 11 septembre 2011