11 avril 2011 - 11 avril 2012 : Le Fpi dépeint un tableau noir pour la démocratie
Publié le jeudi 12 avril 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Bruno Gnaoulé-Oupoh dénonce le nouvel ordre politique mondial
C’est la bâtisse ayant servi de QG de campagne à Laurent Gbagbo à Attoban en 2010 qui a accueilli la cérémonie de commémoration du 11 avril du côté
du Fpi. Les cadres et militants du parti pour la plupart vêtus de noir ont suivi de bout en bout les activités concoctées à cet effet. Musique et danse dans le recueillement, mais surtout une conférence débat précédée de cinq minutes de silence.
Publié le jeudi 12 avril 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Bruno Gnaoulé-Oupoh dénonce le nouvel ordre politique mondial
C’est la bâtisse ayant servi de QG de campagne à Laurent Gbagbo à Attoban en 2010 qui a accueilli la cérémonie de commémoration du 11 avril du côté
du Fpi. Les cadres et militants du parti pour la plupart vêtus de noir ont suivi de bout en bout les activités concoctées à cet effet. Musique et danse dans le recueillement, mais surtout une conférence débat précédée de cinq minutes de silence.
Le ministre Sébastien Dano Djédjé président du comité d’organisation dans son discours d’ouverture a décrit une situation sans précédent dans l’histoire de la démocratie ivoirienne, s’agissant du 11 avril 2011, puis s’est félicité de ce que Laurent Gbagbo soit sorti vivant des décombres et des bombes. Pour lui, ce fut un « jour de délivrance et de soulagement ». Toute chose qui permet, dit-il, d’envisager avec optimisme le réarmement moral en vue de la lutte. Les universitaires du parti ont donné un cachet spécial par la présentation de deux exposés. Le premier a été fait par le professeur Adou Koffi. Celui-ci a présenté les faits d’avant le 11 avril 2011 dans leur agencement chronologique. Le deuxième exposé a été celui du professeur de lettres à l’Université de Cocody, Bruno Gnaoulé-Oupoh. ‘’Le nouvel ordre politique mondial et la démocratie en Côte d’Ivoire’’, tel a été le thème de sa conférence. Il a relevé l’impossible réalisation des ambitions démocratiques du continent africain dans le moule que constitue le nouvel ordre politique mondial (Nopm) avec comme maîtres à penser les puissances occidentales. Il définit le Nopm comme un concept géopolitique après la guerre froide. ‘’L’expression désigne alors l’alignement idéologique et politique des gouvernements et organismes mondiaux vers une certaine unipolarité, incarnée par les États-Unis’’. L’expression, dit-il, a été utilisée pour la première fois en 1990 par Georges Bush et désigne aussi la mondialisation économique dominée par la pensée unique libérale c’est-à-dire la prise de contrôle de l’économie mondiale par les élites conspirantes, notamment de la finance.
A travers le temps et à travers le monde, le conférencier présente les agissements néfastes de ce nouvel ordre fait de mépris des peuples dominés, de coups tordus à la démocratie et d’entraves aux libertés. Le tout, selon l’auteur, étant d’avoir le contrôle des ressources naturelles et de l’appareil de production des pays. Le Nopm, ajoute Gnaoulé Oupoh, c’est un parlement mondial incarné par l’Assemblée générale de l’Onu et une force armée : les soldats de maintien de la paix. Appliqué à la Côte d’Ivoire, voici ce qu’en dit le conférencier : ‘’C’est dans ce tourbillon avec comme centre de gravité les riches gisements miniers du golfe de Guinée, désormais dans le viseur des maîtres du nouvel ordre mondial que se sont retrouvés la Côte d’Ivoire, le régime de la refondation et son leader Laurent Gbagbo, élu démocratiquement président de la république de Côte d’Ivoire en octobre 2000. La coalition des intérêts d’une France rendue fébrile par l’activisme de la Chine, dans son pré carré, et ceux des Etats-Unis jaloux de leur suprématie mondiale, a conduit à la destitution de Laurent Gbagbo par le mécanisme D.R.A.P’’.
Le DRAP étant défini comme la stratégie utilisée pour instaurer le nouvel ordre. In extenso, il signifie selon le conférencier, Diabolisation - Rébellion - Arrestation – Positionnement. Mais Gnaoulé Oupoh termine par une note d’espoir. L’ordre ne peut être permanent, croit-il. Car, argue-t-il, comme tout système, il est né, il a grandi et il mourra. Tirant les analyses des bouleversements actuels, il relève : ‘’Le monde s’achemine donc, avec l’augmentation du nombre des pays émergents, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du sud, la Chine vers un nouvel équilibre des forces qui ne manquera pas de déboucher sur un changement du rapport des forces en faveur des puissances émergentes, qui, elles, n’ont pas de tradition coloniale, et impérialiste en Afrique’’.
S. Débailly
Jeannette Koudou (sœur cadette de Laurent Gbagbo) : “Comment maman et moi sommes sorties d’Abidjan”
Dans sa chasse aux partisans du président Gbagbo après le 11 avril 2011, Alassane Dramane Ouattara n’a pas épargné la mère de Laurent Gbagbo. Jeannette Koudou, ex-directrice générale de l’Agefop et sœur cadette de Laurent Gbagbo, avec qui la vieille Gado Marguerite est actuellement en exil au Ghana, raconte comment elles ont pu sortir d’Abidjan.
Agée officiellement de 88 ans (elle pourrait en avoir largement plus), la vieille Gado Margueritte, mère du président Laurent Gbagbo, vit présentement en exil à Accra, capitale du Ghana. Elle a été contrainte, à son âge avancé, à ce pénible sort par le pouvoir Ouattara après le coup d’Etat perpétré par la France contre Gbagbo, le 11 avril 2011. Les deux maisons de maman Gbagbo, l’une à Gnaliépa, le village de son mari, dans la sous-préfecture de Ouragahio, et l’autre à la Riviera-Palmeraie (Abidjan) ont été pillées et saccagées par les forces armées pro-Ouattara.
Maman Gbagbo était à Abidjan au moment de l’arrestation de son fils, le président Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, par l’armée française. C’est une semaine plus tard que sa fille, Jeannette Koudou, l’a fait sortir d’Abidjan en direction du Ghana afin d’échapper aux massacres perpétrés par les hommes de Ouattara. «Après l’arrestation du président Gbagbo par l’armée française et l’installation de Ouattara au pouvoir, ses hommes procédaient au pillage des résidences des pro-Gbagbo et à leur arrestation avec une violence indescriptible. C’est alors que des éléments des Forces de défense et de sécurité (Fds) qui assuraient notre sécurité nous ont demandé de sortir d’Abidjan. Mais comment traverser la ville d’Abidjan pour aller à Bingerville prendre une barque comme le faisaient nombre de nos citoyens qui fuyaient la barbarie des hommes de Ouattara ? Telle était la grande question. Mais il fallait prendre le risque. Nous n’avions d’ailleurs pas le choix», soutient Jeannette Koudou que nous avons rencontrée, il y a quelques semaines, au Ghana. Elle était avec sa maman, sa nièce qui s’occupe de la vieille et deux autres personnes. «Notre chance a été que le véhicule qui nous transportait était précédé de celui d’un Français qui est un beau-frère. C’est lui qui nous ouvrait le chemin à chaque barrage des Frci (forces armées pro-Ouattara, ndlr). Quand on arrivait à un barrage, il descendait de son véhicule, donnait un peu d’argent aux Frci et leur demandait de nous laisser passer. Il faut aussi faire remarquer que ceux qui étaient dans ces barrages ne nous connaissaient certainement pas. Cela nous a aussi facilité la tâche», poursuit-elle.
A écouter Jeannette Koudou, tout semblait vraiment préparé par Dieu pour faciliter leur sortie de l’enfer entretenu par les forces armées pro-Ouattara. Elle poursuit son récit : «Quand nous sommes arrivés à Bingerville, il n’y avait plus que 5 places disponibles dans la barque comme si c’était nous qu’elle attendait. Nous sommes donc montés et aussitôt la barque a démarré. Deux gendarmes nous attendaient à Noé. Ce sont eux qui ont facilité notre traversée de la frontière. Nous avons emprunté les minicars Ford qui font la ligne Elubo-Accra. Nous sommes arrivés à Takoradi où Sylvanus Kla (ex-directeur général de l’Atci, ndlr) nous a accueillis. C’est lui qui a mis sa voiture 4X4 et son chauffeur à notre disposition pour nous déposer à Accra où nous avons été recueillis par des âmes généreuses qui, jusqu’à ce jour, s’occupent très bien de nous. Et, comme vous le constatez, la vieille se porte très bien et elle est même en possession de toutes ses facultés puisqu’elle joue à l’Awalé. La seule chose, c’est qu’elle ignore que son fils est à La Haye.
Ainsi donc, depuis le 17 avril 2011, la mère du président Gbagbo, fuyant les forces armées pro-Ouattara, est en exil à Accra (Ghana). Une vieille illettrée qui ne sait rien de la politique et qui, par conséquent, ne représente aucun danger pour le pouvoir Ouattara, est contrainte à l’exil. Et pourtant, quand Nabintou Cissé, la mère d’Alassane Dramane Ouattara, a été rappelée à Dieu, il y a quelques années, ses obsèques ont été honorées par la participation financière et la présence effective du président Gbagbo, alors au pouvoir, aux côtés de la famille éplorée. Telle est la vraie nature des deux hommes : Gbagbo et Ouattara.
Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr (Envoyé spécial au Ghana)