Etats Unis : Le Sénat américain bloque une aide de près de 100 milliards d'euros pour l'Ukraine et Israël
Par France 24 - Le Sénat américain bloque une aide de près de 100 milliards d'euros pour l'Ukraine et Israël.
Le chef du camp républicain au Sénat, Mitch McConnell, s'adressant aux journalistes, le 5 décembre 2023 au Capitole, à Washington (États-Unis). © Stephanie Scarbrough, AP.
Malgré l'insistance du président Joe Biden, le Sénat américain n'est pas parvenu mercredi à valider une aide de plus de 106 milliards de dollars (environ 98 milliards d'euros) pour l'Ukraine et Israël, le camp républicain réclamant en échange un durcissement de la politique migratoire des États-Unis.
Le Sénat américain a échoué, mercredi 6 décembre, à s'accorder sur l'octroi d'une grande enveloppe de plus de 106 milliards de dollars (environ 98 milliards d'euros) comprenant des fonds pour l'Ukraine et Israël.
L'opposition républicaine a refusé de soutenir ce texte au cœur de tractations très acrimonieuses, réclamant des concessions significatives sur la politique migratoire des États-Unis en échange de leurs voix.
Cet échec est une déconvenue pour Joe Biden, qui avait exhorté quelques heures plus tôt à l'approbation de ces fonds lors d'un discours très solennel.
Leur blocage serait "le plus beau cadeau" offert au président russe Vladimir Poutine, avait-il prévenu, en affirmant que le maître du Kremlin, s'il parvenait à s'emparer de l'Ukraine, "ne s'arrêtera(it) pas là".
Le président démocrate a clairement évoqué l'hypothèse d'une attaque russe contre un pays membre de l'Otan, ce qui déclencherait l'entrée en guerre des États-Unis et donc des "soldats américains combattant les soldats russes". Une situation qui n'existe pas actuellement et que Washington ne souhaite pas, a-t-il insisté.
Les États-Unis sont actuellement le pays fournissant le plus important soutien militaire à Kiev. Le Congrès a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis l'invasion russe en février 2022. Mais la promesse du président démocrate Joe Biden de continuer à appuyer financièrement l'Ukraine est sérieusement mise en péril, un scénario catastrophe pour Kiev, dont la contre-offensive à l'été n'a pas apporté les gains territoriaux espérés.
Joe Biden prêt à des "compromis importants"
Les responsables ukrainiens martèlent qu'il leur faut davantage d'armement pour éviter que les frappes russes ne plongent des millions de personnes dans le noir cet hiver, comme l'an dernier. Mais les élus conservateurs, pourtant encore nombreux à soutenir l'Ukraine en public, conditionnent cette aide à un net durcissement de la politique migratoire face aux arrivées de migrants à la frontière avec le Mexique.
Le président démocrate s'est d'ailleurs dit prêt mercredi à des "compromis importants" sur ce point, afin d'obtenir un soutien des deux chambres au Capitole. Les négociations se poursuivent.
En attendant, Washington a annoncé mercredi une nouvelle aide militaire à Kiev, d'un montant limité de 175 millions de dollars ponctionné sur les réserves de l'exécutif. Le détail inclut des équipements de défense antiaérienne, des missiles et des munitions d'artillerie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui devait s'adresser aux membres du Congrès en visioconférence mardi mais a annulé son intervention à la dernière minute, est finalement intervenu lors d'une téléconférence entre les dirigeants des pays du G7.
Vladimir Poutine compte sur l'"effondrement" du soutien occidental à l'Ukraine, a-t-il affirmé, admettant que l'armée russe avait "augmenté la pression de manière significative" sur le front.
"La Russie n'espère qu'une chose : que l'unité du monde libre s'effondre l'année prochaine. La Russie pense que l'Amérique et l'Europe feront preuve de faiblesse et ne maintiendront pas leur soutien à l'Ukraine au niveau approprié", a déclaré le président ukrainien.
Anticipant le risque de lassitude du grand allié américain, le président Zelensky s'était rendu à Washington en personne en septembre, rencontrant Joe Biden mais aussi des élus du Congrès avec lesquels il a eu de longs échanges.
Sa visite n'avait toutefois pas eu l'effet escompté : embourbé dans une série de crises internes ayant mené à la destitution du précédent chef de la chambre basse, le Congrès n'avait finalement pas validé de nouveaux fonds pour son offensive.
Contrairement à la plupart de ses pairs démocrates, le sénateur Bernie Sanders, socialiste revendiqué, a voté contre l'enveloppe soumise au vote mercredi, exprimant de "vives inquiétudes" sur le fait d'envoyer des fonds au "gouvernement d'extrême droite" du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Avec AFP