Coup d’État au Gabon : Ali Bongo en résidence surveillée, un de ses fils arrêté par les putschistes

Par Ouest-France - Coup d’État au Gabon. Ali Bongo en résidence surveillée, un de ses fils arrêté par les putschistes.

Les militaires qui tentent de renverser le pouvoir au Gabon ont placé le président Ali Bongo en résidence surveillée et interpellé l’un de ses fils. Ils l’ont annoncé en direct à la télévision d’État.

Son sort était incertain après l’annonce, mercredi matin, par des militaires, de la « fin du régime en place » au Gabon. Le président Ali Bongo Ondimba, dont la réélection avait été annoncée quelques heures plus tôt (avec 64 % des voix), se trouve « en résidence surveillée, entouré de sa famille et de ses médecins », selon un communiqué lu à la télévision d’État par les putschistes.

Ces militaires du Comité de transition et de restauration des institutions (CTRI) affirment par ailleurs avoir arrêté l’un des fils d’Ali Bongo, notamment pour « haute trahison ».

Plusieurs proches d’Ali Bongo arrêtés
Noureddin Bongo Valentin, fils et proche conseiller du chef de l’Etat, a été interpellé, au même titre que Ian Ghislain Ngoulou, directeur de cabinet d’Ali Bongo, Mohamed Ali Saliou, son directeur de cabinet adjoint, Abdul Hosseini, un autre conseiller de la présidence, Jessye Ella Ekogha, conseiller spécial et porte-parole de la présidence ainsi que les numéros un et deux du tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG) d’Ali Bongo.

Ils sont arrêtés notamment pour « haute trahison contre les institutions de l’Etat, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiants », a précisé un colonel de l’armée.

Sur d’autres images diffusées par la télévision d’État, les putschistes ont porté en triomphe le chef de la garde présidentielle, Brice Oligui Nguema, présenté comme le nouvel homme fort du Gabon par certaines sources.

La France « condamne » le coup d’État en cours
« La France condamne le coup d’État militaire en cours au Gabon », a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, à l’issue du conseil des ministres.

Ali Bongo, 54 ans, avait été élu en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé le Gabon pendant plus de 41 ans.

Omar Bongo était l’un des plus proches alliés de la France dans l’ère post-coloniale et Ali est un habitué à Paris, où sa famille possède un vaste portefeuille immobilier qui fait l’objet d’une enquête de la part des magistrats anti-corruption.

Après le coup d’État au Niger, la France doit-elle intervenir ?
Emmanuel Macron s’était, lui, rendu au Gabon en mars dernier à l’occasion du Sommet sur les forêts, une visite perçue par certaines personnalités de l’opposition comme un soutien à Bongo avant la présidentielle.

Lors d’un discours à Libreville, le président français avait toutefois nié toute ambition d’intervention en Afrique, affirmant que l’ère de l’ingérence était « révolue ».

400 soldats français au Gabon
Lundi, devant les ambassadeurs réunis à Paris, Emmanuel Macron a évoqué l'« épidémie » de coups d’État dans la région francophone d’Afrique, défendant sa politique de fermeté à l’égard des militaires au Niger. La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, avait, elle, estimé début août qu’il s’agissait du « coup d’État de trop.
Face au sentiment anti-français grandissant au Sahel en particulier, avec le départ des militaires du Mali et du Burkina, la France avait lancé une réorganisation de sa présence sur le continent, l’objectif étant de réduire sensiblement le nombre de ses forces militaires prépositionnées.

Au Gabon, environ 400 soldats sont encore déployés en permanence, dont certains dans la capitale Libreville, selon le ministère des Armées.

Avec AFP