Incarcération de Pulchérie Gbalet: JUSQU’A QUAND… ? Par Pr Dagbo Raphaël
Par Ivoirebusiness - Incarcération de Pulchérie Gbalet. JUSQU’A QUAND… ? Par Pr Dagbo Raphaël.
Jusqu’à quand les Ivoiriens devront-ils subir Monsieur Alassane Dramane
Ouattara, sa famille et tous ses obligés ?
Jusqu’à quand la Côte d’Ivoire devra-t-elle se situer en dehors du standard des libertés
minimales qui est celui des humains de notre siècle ? Pourquoi notre pays
est-il devenu, en l’espace de quelques années, le triste théâtre des
brutalités meurtrières de toutes sortes où la répression policière et
militaire est devenue la règle ?
Pourquoi la prison et les chefs
d’accusation préconçus et farfelus pour embastiller n’importe quel
citoyen sont-ils devenus la seule délibération du système judiciaire
ivoirien condamnant indistinctement les uns à la prison souvent sans
procès, et les autres à l’exil sans rémission ?
Jusqu’à quand l’obscurité qui s’est abattue sur ce pays ne
présentera-t-elle pas le moindre interstice d’espoir même rêvé ? Où
sont passées ces institutions aux ordres comme la CEDAO qui, hier encore
actionnaient à tout rompre l’Union Africaine pour que celle-ci défère à
l’ONU et maintienne ainsi la Côte d’Ivoire dans le cancan de la
domination sans partage à coup de résolutions infâmes et délirantes ?
Que faut-il de plus dans la terrible série innommable des horreurs pour
manifester un peu d’humanité ? Des têtes tranchées et transformées en
ballons de football ; des familles entières brûlées vives dans leur
sommeil ; des citoyens découpés ou tailladés au coutelas pour avoir voulu
simplement que la loi fondamentale du pays s’applique au cours de
l’élection reine… et j’en oublie des vertes et des pas mûres…
Que faut-il encore à cette fumeuse communauté dite internationale si active
hier pour multiplier les délégations corrompues et ouvertement
intéressées dépêchées en Côte d’Ivoire pour soutenir et imposer
l’insoutenable. Depuis 2011, des centaines de personnes croupissent dans
les geôles insalubres du régime installé à coup de bombardements aveugles
et dont l’on mesure aujourd’hui la cruauté bestiale. Le Monde qui
voulait exporter hier en Côte d’Ivoire « sa démocratie » attend-il
une implosion du pays que le Président Laurent Gbagbo avait voulu conjurer
en acceptant de s’humilier et les Ivoiriens avec lui ? Le passé récent se
confond hélas littéralement avec le présent encore plus obscurantiste que
jamais.
Pour s’être élevée contre la vie insoutenable de ses concitoyens en sa
qualité de présidente d’une association de la société civile, Madame
Pulchérie Gbalet est jetée en prison sans ménagement une fois de plus ;
une fois de trop. Son crime, avoir montré les limites de la gestion
catastrophique et pathétique de la conduite de notre diplomatie inutilement
méprisante et visiblement brouillonne quant à ces infortunés soldats
retenus au Mali et pour la mission desquels l’ONU elle-même a vertement
désavoué les autorités ivoiriennes.
Le crime de Madame Pulchérie Gbalet, c’est d’être allée là où sont
ces soldats dont le peuple de Côte d’Ivoire ne sait pas exactement quel
est leur statut dans cette expédition et le contenu réel de leur mission.
Cette jeune femme voulait comprendre ce qui vaut à son pays d’être
honteusement identifiée comme pays déstabilisateur de ses voisins. Comme
d’ordinaire, de fantaisistes chefs d’accusation lui ont été fabriqués
ainsi que savent si bien le faire les officines dédiées de l’Etat
ivoirien actuel pour tenter de légitimer son incarcération. Hélas pour
eux, cette manœuvre mille fois utilisée ne trompe plus personne.
Le plus surréaliste dans cette cabale, c’est qu’il s’en trouve
encore des personnes qui, évoquant la Côte d’Ivoire actuelle, parlent
d’Etat de droit de façon éhontée. Mais le premier devoir d’un Etat de
droit n’est-il pas d’agir selon l’exigence des droits des citoyens au
premier rang desquels celui d’avoir une opinion qui, dans le cas de celle
de Madame Pulchérie Gbalet est référencée aux sources des faits ?
Victor HUGO disait et je cite ; « soyons les serviteurs du droit et les
esclaves du devoir ». Non seulement cette jeune femme s’est soumise à son
devoir de citoyenne pour aller là où gisait la lumière, mais elle a voulu
simplement servir le droit à la Vérité pour ses compatriotes. N’ayant
pas cette vérité, ou plus exactement ne voulant pas l’avoir, certains
s’agitent dans les rues d’Abidjan et sur les réseaux sociaux croyant
défendre je ne sais quel honneur perdu de leur pays à travers ces soldats
détenus au Mali. Leur sort individuel peut émouvoir, mais sait-on les
motivations réelles de leur mission ?
C’est ici que nous convoquons la France dont un des anciens ministres des
affaires étrangères prêchait le droit « d’ingérence ». Face aux
agissements inhumains et d’un autre temps de celui qu’elle a installé et
qu’elle maintient à la tête des Ivoiriens, la France se bouche les
oreilles et le nez d’une part, et de l’autre, elle se ferme la bouche et
ses yeux en dehors de quelques rares députés humanistes.
Mais entendons-nous bien, il n’a jamais été question dans notre
entendement que la France vienne être la solution au problème dont elle a
été l’architecte assumé. Nous la rappelons simplement à ses
contradictions, elle qui ne jure que par la logique rationnelle. Cette
histoire des 49 personnes portant des tenues militaires frappées du drapeau
ivoirien n’a pas fini de déplier ses sombres ailes. Emprisonner Madame
Pulchérie Gbalet ne fait que raviver l’intérêt que cela suscite.
Au-delà de la fébrilité des autorités ivoiriennes qui tirent sur tout ce
qui bouge, leur pays attend impatiemment des explications pour une fois
vraies maintenant que L’ONU a clarifié sa position sur la non appartenance
des 49 infortunés à aucun contingent relevant de son autorité au Mali.
Voici ce qu’est devenu hélas notre pays. Il est l’otage d’un exécutif
autocratique et brutal qui est de toute évidence l’instrument de la
défense des intérêts régionaux de la France en Afrique de l'ouest. Ce
positionnement exacerbé condamne les citoyens ivoiriens à être montrer du
doigt et l’image du pays à être traînée dans la boue la plus crasse…
La question qui se pose aujourd’hui aux Ivoiriens est, me semble-t-il, la
suivante : JUSQU’A QUAND… ?
Raphaël DAGBO
Enseignant-chercheur en relations
internationales
Spécialité études stratégiques et
politiques de défense.