Scandale : Le Canada refuse le visa à Yemi Aladé
Par Radio Canada- Scandale. Le Canada refuse le visa à Yemi Aladé.
Yemi Alade, qui devait se produire dimanche en clôture du Festival international Nuits d’Afrique, sera remplacée par l’artiste zambienne Sampa the Great. La vedette nigériane et son groupe se sont fait refuser leur visa d’entrée au pays par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRRC).
Pour des raisons hors de notre contrôle, ce n’est pas Yemi Alade qui fera la clôture du festival, mais bien Sampa the Great, une autre étoile, tout aussi brillante, de la jeunesse africaine, a écrit le Festival international Nuits d’Afrique vendredi dans un communiqué.
Selon Suzanne Rousseau, directrice générale du Festival international Nuits d’Afrique, ce sont d’abord les membres du groupe de Yemi Alade au Nigéria qui se sont fait refuser leur visa, demandé en Afrique. La demande de la chanteuse, déposée deux jours plus tard en France (où elle se trouvait), a elle aussi été rejetée. Puis le dossier a été renvoyé de France en Afrique.
Les musiciens de Yemi sont au Nigéria. Souvent, elle tourne seule, puis se joint à des artistes en Europe et aux États-Unis, mais cette fois-ci, elle voulait vraiment amener son équipe africaine. C’est là que ça a compliqué les choses, explique Mme Rousseau.
Suzanne Rousseau prétend qu'IRRC aurait refusé ces demandes de visa en raison de la crainte que les artistes s’établissent à long terme au Canada, et ne retournent pas dans leur pays.
Les artistes envoient pourtant tout, y compris leurs informations de comptes bancaires, pour prouver qu’ils vont revenir dans leur pays d’origine et qu’ils ont quelque chose qui les attache à leur pays, précise Mme Rousseau.
Et Yemi, c’est tellement évident qu’elle ne va pas rester au Canada, car elle est régulièrement en tournée à l’étranger.
Elle affirme que l'équipe de Yemi Alade a fait une nouvelle demande de visa le 12 juillet, pour la chanteuse seulement, mais qu'elle se bute depuis à un silence radio de la part d’IRRC, malgré l’intervention de la députée libérale fédérale d’Outremont, Rachel Bendayan.
Contacté par Radio-Canada, IRRC a affirmé ne pas pouvoir donner de détails sur le cas particulier de Yemi Alade, en raison de la législation sur la protection de la vie privée.
En raison des lois sur la protection des renseignements personnels, nous ne pouvons formuler de commentaires sur les détails d’un cas sans le consentement signé de la personne concernée, a affirmé dans un courriel Isabelle Dubois, conseillère en communications à IRRC.
Les demandes du monde entier sont examinées de façon uniforme et en fonction des mêmes critères. Les demandes de visa sont étudiées au cas par cas, selon les renseignements présentés par le demandeur.
Une demande pour le Nigéria traitée au Kenya
Suzanne Rousseau explique que les demandes de visa étranger provenant du Nigéria, et de plusieurs autres pays africains, sont traitées par un centre de réception des demandes de visa situé à Nairobi, au Kenya.
Quand j’ai vu que la demande se faisait à Nairobi – ce n’est même pas dans leur propre pays –, je savais que ça viendrait alourdir le processus. Et cette année encore, avec la COVID, les procédures sont beaucoup plus longues, résume-t-elle.
La directrice du festival est habituée à la complexité des processus de demandes de visa, surtout pour des artistes venant d’Afrique, mais elle avoue que la situation a empiré. Depuis cinq ou six ans, c’est très difficile. Il y a beaucoup d’étapes, il y a des longueurs; c’est très compliqué, affirme-t-elle.
Si on voulait suivre les règles à la lettre, il faudrait commencer six mois à l’avance, alors que les contrats ne sont pas signés et que les tournées ne sont pas confirmées.
Un remplacement au pied levé
À la dernière minute, l’équipe du Festival international Nuits d’Afrique a trouvé une digne remplaçante pour Yemi Alade en la personne de Sampa the Great, rappeuse zambienne repérée par l’étiquette britannique Ninja Tune en 2019. L’artiste est actuellement en tournée aux États-Unis et donnera un concert à New York samedi soir.
Suzanne Rousseau affirme qu’elle continuera de suivre le dossier de Yemi Alade, qu’elle aimerait voir se produire à Montréal dans les prochains mois. On ne lâche pas, parce que nous, on fait des spectacles à l’année. Et on veut vraiment la présenter à Montréal, même si ce n’est pas dans le cadre du festival.
Quant au problème de fond, elle croit que les différents festivals du Canada et des États-Unis pourraient s’organiser ensemble pour trouver une manière de faciliter la venue des artistes de l’international, particulièrement d’Afrique.
Elle pense qu’on pourrait s’inspirer de l’Europe et de son visa Schengen, qui est un visa court séjour permettant à une personne de voyager dans tous les pays de l'espace Schengen, lequel comprend 26 pays.
Charles Rioux