Affaire “Noël Konan”: Reporters sans frontières dénonce la détention du journaliste et la juge illégale
Par Linfodrome - Affaire « Noël Konan ». Reporters sans frontières dénonce la détention du journaliste et juge cela illégale.
Reporters sans Frontières (RSF) dénonce la détention du journaliste Noël Konan le 13 juillet 2022 à Abidjan sur ordre du commissaire de police de Daoukro et appelle les autorités à respecter les sources d'information.
Pour avoir refusé de livrer sa source, le journaliste d’investigation ivoirien Noël Konan a été mis en garde à vue le 13 juillet 2022. Une procédure que décrie l’Ong Reporters sans frontières (Rsf). RSF dénonce ces méthodes et rappelle que la protection des sources est un important pilier de la liberté de la presse.
« La procédure contre Noël Konan a été biaisée dès le départ, puisque le journaliste a été gardé à vue alors que la loi l’interdit pour les délits de presse, a déclaré Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF. Les irrégularités qui ont entaché cette procédure ne sont pas de nature à rassurer les journalistes qui tentent de mener des enquêtes et de protéger leurs sources » indique une note de l’organisation.
Retour sur les faits
Pour rappel, le journaliste d’investigation freelance Noël Konan - qui a débuté au journal l'Eléphant Déchaîné et qui a participé à plusieurs enquêtes, dont celle des Fincen files, des documents ayant fuité du Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) et qui ont fait l'objet d'une enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), ou encore celles des Pandora Papers et des West Africa Leaks -a comparu libre le 18 juillet à Abidjan.
Au cours de la procédure contre lui pour des faits de diffamation, il a refusé de révéler ses sources, et a été gardé à vue pendant un jour.
Ils sont restés pendant deux heures à insister pour que je leur révèle mes sources…
Le 30 juin, au cours d’une audition à Daoukro, Noël Konan, faisant l'objet d’une plainte de la NSIA Banque pour diffamation, a refusé de révéler ses sources au commissaire de police et au chef d’agence locale de cette banque. Il a expliqué à RSF qu’ils avaient insisté pendant deux heures pour connaître ses sources.
« Le commissaire de police de Daoukro et le chef d’agence m’ont demandé de leur révéler mes sources d’information et leur intention. Ce que j’ai refusé. Ils sont restés pendant deux heures à insister pour que je leur révèle mes sources… C’est par la suite qu’ils m’ont obligé à partir avec eux au commissariat pour que j’y sois auditionné sans aucune assistance juridique, » a-t-il déclaré.
Après une deuxième audition à Abidjan le 13 juillet, Noël Konan, refusant toujours de révéler ses sources, a été gardé à vue jusqu’au lendemain.
En Côte d’Ivoire, la loi sur la presse dispose en son article 89 que la garde à vue, la détention préventive et la peine d'emprisonnement sont exclues pour « les infractions commises par voie de presse ou par tout autre moyen de publication, sous réserve de toute autre disposition légale applicable ». RSF considère que Noël Konan n’aurait jamais dû être gardé à vue.
En procès le 18 juillet, il a été condamné à payer une amende de plus de 4 500 euros (3 millions de francs CFA) pour diffamation. Il a interjeté appel.
La Côte d’Ivoire occupe la 37e place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi en 2022 par RSF.
Alain Zadi