FIF/Serge Bilé réconforte Didier Drogba: « Merci de nous avoir fait rêver ». « Merci d’avoir suscité de l’espoir”

Par Ivoirebusiness - FIF/Serge Bilé réconforte Didier Drogba: “Merci de nous avoir fait rêver ». « Merci d’avoir suscité de l’espoir”.

LU POUR VOUS

Mon cher Didier Drogba, tu dois être surement triste et incrédule d’avoir échoué à devenir président de la Fédération ivoirienne de football, alors que tu voulais te mettre au service de ton pays. Les votants t’ont préféré Yacine Idriss Diallo. Bravo au vainqueur et félicitations à toi, car tu n’as pas démérité.

Tu partais avec un gros avantage, celui d’avoir fait une immense carrière internationale encensée par le monde entier. Mais tu partais aussi avec un inconvénient bien plus grand encore, c’est d’être issu d’une diaspora africaine qui a réussi et dont ce continent ne veut pas ou à petites doses, sauf quand elle expédie des Western Union.

Si tu te souviens, la première fois que j’ai parlé spontanément de toi sur les réseaux sociaux en avril 2020, c’était pour dire ceci : « Je me demande ce que Drogba est allé faire dans cette galère ››. Certains n’avaient pas compris et m’avaient pris à partie, alors que je ne faisais que confesser mon ressenti lié à ma propre expérience et à mon observation minutieuse depuis des décennies des réalités ivoiriennes.

En 2002, j’avais été pressenti pour prendre la direction de la télévision ivoirienne (RTI) mais subodorant ce qui m’attendait j’avais refusé par deux fois avant finalement de céder à d’amicales pressions et d’accepter d’aller voir sur place ce à quoi cela pourrait m’engager. Une fois à Abidjan, j’avais remis un projet et bâti une sorte de shadow cabinet. Puis j’avais attendu. Rien n’était venu, même pas une confirmation officielle. Au final, les membres de mon équipe éventèrent mon projet. Ils se déversèrent sur moi dans les journaux pour me salir et s’assurer que je ne viendrais pas bousculer leurs habitudes.

Oui Didier, ce pays se méfie de ses propres enfants, dès lors qu’ils se sont fait un nom ailleurs et qu’ils échappent au système. Ce qui est surprenant c’est que ces pratiques se perpétuent dans une Côte d’Ivoire dirigée par un homme qui a lui-même souffert par le passé du même rejet parce qu’il arrivait également de l’étranger, et dont plusieurs d’entre nous, sans être ses partisans, avaient défendu la candidature, pour le principe, contre vents et marées, comme on l’a fait pour toi quand ça coinçait.

Mais si ça peut te rassurer, Didier, on se remet vite d’un tel choc et on devient philosophe en s’enorgueillissant d’être indépendant et de pouvoir distribuer les bons et les mauvais points en toute liberté. Merci en tout cas de nous avoir fait rêver et d’avoir suscité un formidable espoir sur place et dans la diaspora, où beaucoup s’interrogent régulièrement sur l’opportunité de retourner s’installer et s’investir à Abidjan.

Moi je ne me pose plus la question. A presque 62 ans, je prends bientôt ma retraite. Je rentre vivre au pays et jouer au ballon avec mes amis d’enfance à Cocody. Alors permets-moi, si je te croise sur un terrain ou dans un maquis, permets-moi de te serrer la main pour la première fois et de te dire toute mon admiration.

En attendant, bravo encore à Yacine Idriss Diallo et souhaitons le meilleur pour le football ivoirien.

Serge Bilé