Affaire « Laurent Gbagbo : entre non-dits et contre-vérités » : Koné Katinan allume Financial Afrik

.Par Ivoirebusiness - Affaire « Laurent Gbagbo : entre non-dits et contre-vérités ». Koné Katinan allume Financial Afrik.

Le ministre Koné Katinan, porte-parole du PPA-CI.

Abidjan, le 29 octobre 2021

A l’attention du directeur de publication du journal Financial Afrik

Objet : Droit de réponse à Albert Savana

Monsieur le Directeur de la publication

Dans un article intitulé « Laurent Gbagbo : entre non-dits et contre-vérités », publié dans le journal Financial Afrik paru le jeudi 28 octobre 2021, Monsieur Albert Savana a porté une critique sur l’interview que son Excellence le Président Laurent GBAGBO, ancien Président de la république de Côte d’Ivoire et Président du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), a accordée à la chaîne de télévision France 24.
La présente est faite en guise de droit de réponse à ce article.

En effet, le moins que l’on puisse dire, au regard des énormes contre-vérités contenues dans cet article, est que monsieur Savana, en lui accordant le bénéfice de la bonne foi, ignore tout sur l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Ce droit de réponse s’alignera sur la trame de l’article en question.
Pour contester le panafricanisme du Président Laurent GBAGBO, l’auteur de l’article lui attribue la
« conception » et la « promotion » de « l’ivoirité ».
Cette affirmation est totalement fausse en ce que le concept de l’ivoirité est apparu en Côte d’Ivoire dans les années 90, notamment en 1993 après le décès de feu le Président Félix Houphouët Bobigny alors que le Président Laurent GBAGBO était dans l’opposition. Pour contester ce concept, le FPI, l’ancien parti fondé par le Président Laurent s’était même allié au RDR de l’actuel Chef de l’Etat qui était en conflit ouvert avec le Chef de l’Etat d’alors, le Président Henri KONAN Bédié. Il convient également de rappeler à monsieur Savana que la « charte du nord », le premier document qui prétendait défendre la cause des ressortissants du Nord a été publié en 1991, du vivant du Président Houphouët-Boigny. C’est donc le bilan de la politique de ce dernier qui était ainsi contesté. Par ailleurs, il n’est pas inutile de rappeler qu’en Côte d’Ivoire, jamais les immigrés non naturalisés n’ont participé officiellement à la moindre élection depuis 1960. Il est intellectuelle malhonnête de présenter la situation comme relevant de la volonté du Président Laurent GBAGBO qui aurait retiré le droit de vote aux immigrés.

Le second point sur lequel monsieur Savana s’appuie pour contester son panafricanisme tient de ce que, selon lui, le Président Laurent GBAGBO ne respecte pas « les institutions multilatérales dédiées à cette cause ».  Pour étayer sa thèse, monsieur Savana lui attribue en partie l’échec de l’arbitrage de la CEDEAO au début de la guerre civile de 2002. Sur ce point, l’auteur de l’article avance encore une énorme contre-vérité.
Tous ceux qui ont la moindre connaissance de cette histoire savent très bien que, alors que les négociations conduites par feu le Président Gnassingbé Eyadema du Togo étaient sur le point d’aboutir, la CEDEAO a été dessaisie de façon surprenante de ce dossier qui s’est retrouvé à Linas Marcoussis, en France. La facilité avec laquelle le gouvernement français de l’époque avait dépouillé la CEDEAO de son pouvoir d’arbitrage dans ce dossier est la preuve de la faiblesse desdites institutions. Ce n’est donc pas le Président Laurent GBAGBO qui  n’avait pas respecté la CEDEAO. C’est plutôt celle-ci qui ne s’était pas respectée.
Relativement à la position que le Président Laurent GBAGBO a affirmée sur le CFA, l’auteur de l’article y voit une sorte de volteface démagogique de sa part parce qu’il n’avait rien entrepris dans le sens d’une sortie de son pays de ce système.
Sur ce point, nous invitions l’auteur de l’article à lire la décision rendue par la CPI devant laquelle a comparu le Président Laurent GBAGBO. Campant le contexte de la crise politico-militaire qu’a connue le pays, les juges ont clairement dit, dans leur jugement d’acquittement, que les faisceaux d’informations et de preuves qui leur ont été présentées par l’accusation concourent à la thèse que tout a été mis en œuvre, notamment par « l’ancienne puissance coloniale », pour empêcher le Président Laurent GBAGBO de travailler dès sa prise de pouvoir. Tout se trouve dans cette opinion des juges qui est revêtue de la vérité que lui confère l’autorité de la chose jugée.
Pour contester la position de réconciliateur et d’homme de paix du Président Laurent GBAGBO, monsieur Savana rend responsable celui-ci de la guerre civile. Il l’accuse d’être arrivé au pouvoir par une
« élection frauduleuse », laquelle élection avait été organisée par Robert Guéi comme l’affirme bien monsieur Savana. Mais comment peut-on paraître sérieux avec une telle affirmation ?
En effet, comment peut-on attribuer au Président Laurent GBAGBO le caractère frauduleux d’une élection qui a été organisée et contrôlée de bout en bout par son adversaire ? Hélas Monsieur Savana ne nous aide pas à comprendre ce mystère puisque lui-même ne l’explique pas.
L’autre élément caractéristique de la méprise de monsieur Savana sur l’histoire politique ivoirienne est relative à ce qu’il appelle les reports illégaux par le Président Laurent GBAGBO des élections de 2005. Il lui suffit de relire la Constitution ivoirienne du 1er Août 2000 pour se rendre compte que cette Constitution interdisait l’organisation d’élection lorsque l’intégrité territoriale du pays est menacée. Or, monsieur Savana reconnaît lui-même dans son article que le pays était divisé en deux. Donc le pays avait perdu son intégrité territoriale. En reportant les élections sur décisions du Conseil Constitutionnel, le Président Laurent GBAGBO était dans la parfaite légalité. Ce sont ceux qui le poussaient à organiser ces élections qui étaient dans l’illégalité.
Là où il y a un sérieux doute sur la bonne foi de l’ignorance de monsieur Savana est son affirmation très grave selon laquelle la gendarmerie, proche du Président Laurent GBAGBO, avait commis des massacres au Nord contre les populations civiles.
En effet, seule une mauvaise foi manifeste peut conduire monsieur Savana à ignorer, ce qui est notoirement connu, que ce sont plutôt plusieurs dizaines de gendarmes désarmés et leurs familles qui avaient été massacrés par les forces militaires de la rébellion à Bouaké. Sa bonne foi est également douteuse lorsqu’il ignore le massacre des centaines de civils ivoiriennes non armés par l’armée française, tirant à bout portant sur eux en 2004 devant l’hôtel ivoire. Dès lors, il est loisible de comprendre l’omission volontaire par monsieur Savana de tous les efforts qu’avait déployés le Président Laurent GBAGBO pour résoudre pacifiquement la crise ; lesquels efforts l’avaient conduit à nommer Monsieur Soro Guillaume, Chef visible de la rébellion comme Premier ministre et l’actuel Président de la République candidat à titre exceptionnel. Ce sont les faits historiques établis qui sont à la portée des esprits honnêtes qui recherchent la vérité.
Au total, tout dans l’article de Monsieur Savana est faux et nécessite, par conséquent, une correction.
C’est à cette fin que répond la présente mise au point que nous vous prions de faire publier en guise de droit de réponse à l’article ci-dessus rappelé.

Dans cette attente, veuillez agréer, monsieur le directeur de la Publication, l’expression de ma considération.
Le ministre Justin Katinan Koné
Porte-Parole du PPA-CI