Côte d’Ivoire: Un mort et une vingtaine de blessés à Bouaké. Le siège du RDR attaqué par les mutins. Bouaké et Korhogo toujours aux mains des mutins.
Par IvoireBusiness - Bouaké et Korhogo toujours aux mains des mutins. Un mort et une vingtaine de blessés à Bouaké. Le siège du RDR attaqué par les mutins
Bouaké (Côte d’Ivoire) - La mutinerie de soldats déclenchée depuis vendredi à Bouaké et qui s'est repandue à Abidjan, Korhogo, Man, Daloa, Bondoukou, etc...pour obtenir des primes promises par le Président Alassane Ouattara, a provoqué la mort d’un homme blessé par balle à Bouaké, ville toujours contrôlée par les mutins, lesquels contrôlent également Korhogo, la grande ville du nord de la Côte d'Ivoire.
L’homme, gravement blessé par balle samedi à Bouaké, est décédé dimanche au Centre hospitalier universitaire, a annoncé sa famille.
"Issouf Diawara (...) est finalement mort des suites de ses blessures par balle. Je suis un homme effondré. Sachez que je suis seul aujourd’hui après la mort de mon grand frère", a affirmé à l’AFP son jeune frère Souleymane Diawara.
La victime avait été atteinte d’une balle par des soldats mutinés qui s’étaient rendus au siège d’anciens rebelles non intégrés dans l’armée, appelés les "démobilisés", qui avaient aux mêmes réclamé des primes lundi, selon des témoignages.
Des tirs étaient entendus dimanche à Bouaké où le siège du RDR, le parti d'Alassane Ouattara, a été attaqué par les soldats mutins en colère, et les militants du parti copieusement molestés.
"Ils (les mutins) s’attaquent désormais à tout ce qui ressemble de près ou de loin au parti. Nous évitons même de porter des habits à l’effigie du président", a confié Salif Koné, un militant du parti.
Par ailleurs, une vingtaine de personnes ont été blessées, dont six par balle, dimanche à Bouaké et des habitants frappés à Korhogo.
Une personne serait décédée des suites de ses blessures a-t-on également appris de sources proches de sa famille.
Les mutins, qui réclament le versement de reliquats de primes, tiraient dimanche en l’air à Bouaké et patrouillaient dans les quartiers, passant parfois à tabac des habitants, selon l'AFP citant des témoins.
Une femme et cinq hommes ont été atteints par des tirs dimanche et étaient soignés au CHU de Bouaké, a constaté un journaliste de l’AFP.
Une quinzaine d’autres personnes, molestées, ont été légèrement blessées et admises à l’hôpital.
Samedi, des mutins impliqués dans ce mouvement avaient tiré sur deux personnes, à Bouaké et à Korhogo, les blessant gravement.
Dimanche, les mutins ont notamment pris position autour du rond point de la préfecture de police dans le centre-ville de Bouaké, et ont tiré en l’air pour empêcher la tenue d’un rassemblement de protestation contre leurs actions, a constaté l’AFP.
"Les tirs continuent. Les mutins empêchent les gens de sortir", a confié un habitant sous couvert d’anonymat.
A Korhogo (nord), quatrième ville du pays, une situation similaire prévalait. Des habitants ont tenté de manifester mais ont été dispersés par les mutins qui ont tiré en l’air et frappé plusieurs personnes blessant au moins l’une d’entre elles, a constaté un journaliste de l’AFP.
- Habitants frappés, rançonnés -
Dimanche à Bouaké, les mutins contrôlaient toujours les corridors Nord et Sud situés sur le principal axe routier du pays qui relie la capitale économique Abidjan au nord du pays.
La circulation sur cet axe routier stratégique restait difficile: après avoir bloqué la circulation samedi, les mutins rançonnaient dimanche tous les véhicules.
La veille, des négociations avec le commandement militaire de Bouaké ont échoué. Samedi, l’un des mutins avait lancé à l’AFP qu’ils étaient "prêts à en découdre" avec l’armée loyaliste si elle intervenait.
Vendredi, un important dispositif loyaliste avait été déployé à Abidjan, obligeant les mutins d’Abidjan à se retrancher. Mais aucun mouvement d’ampleur de militaires loyalistes n’a été détecté aux abords de Bouaké dimanche.
Une large partie de ces rebelles - qui ont soutenu le président Alassane Ouattara lors de la crise de 2010-2011 contre l’ex président Laurent Gbagbo, a ensuite été intégrée à l’armée. C’est ce contingent de 8.400 hommes qui a lancé la mutinerie de janvier.
Ancienne "capitale" de la rébellion ivoirienne, qui contrôla la moitié nord du pays entre 2002 et 2011, Bouaké a été l’épicentre du mouvement des mutineries en janvier.
Les mutins qui ont lancé ce nouveau mouvement de grogne réclament les reliquats des primes promises par le gouvernement après ces mutineries de janvier qui ont ébranlé le pays.
A l’époque, ils avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) pour chacun d’eux (des sommes importantes pour le pays), et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.
Eric Lassale avec AFP