Alternance 2020 : Alassane Ouattara a sonné par anticipation le gong de départ. La “guerre” a donc commencé

Par Lg Info - Alternance 2020. Alassane Ouattara a sonné par anticipation le gong de départ. La “guerre” a donc commencé.

Il n’aurait pas dû le faire maintenant, il aurait pu attendre à quelques mois de 2020 ; mais hélas Alassane Ouattara a sonné par anticipation le gong de départ. Peut-être sans le vouloir, peut-être à dessein. Toujours est-il que dès son élection controversée, le président du Rdr a annoncé les couleurs au cours d’une interview avec les médias français (France 24 notamment) accourus pour célébrer sa victoire électorale à la présidentielle du 25 octobre 2015.
Alassane Ouattara a notamment proclamé deux décisions. A savoir sa volonté de « se retirer après deux ans » et sa volonté de créer un poste de vice-présidence de la République. Dès lors il ouvrait la boîte de pandore. Et bonjour les diablotins avec leurs longues fourchettes. Très ambitieux, ses ”bons petits” se sont mis à rêver d’un destin national. Les camps se créent dans l’ombre et des alliances se nouent et se dénouent dans la perspective de la succession au mentor. Quand est-ce que ces deux décisions prendront-elles formes ? Même si personne ”ne sait ni le jour, ni l’heure et doit veiller” pour parler comme l’évangéliste, chacun sait au moins ce qu’il veut et qui serait bien pour soit. Alassane Ouattara peut donc agir comme bon lui semble, mais quant à savoir des ambitions autour de lui, autant dire tout net qu’il se leurre en prétendant empêcher les ambitions de naître.
Soro Guillaume qui a été le chouchou du couple présidentiel pendant les moments de braises de sa rébellion sait désormais à quoi s’en tenir. Lui qui a été coiffé au poteau dans la désignation du Directeur national de campagne de Ouattara et qui s’est finalement retrouvé avec une part indigne de sa dévotion – Conseiller des deux directeurs de campagnes Gon Coulibaly (Rdr) et Ahoussou Jeannot (Pdci-Rda) – il est bien obliger d’employer la bonne vieille méthode de l’orphelin au moment du partage du gâteau familial.
Très jeune (il n’avait pas encore l’âge requis pour présider l’Assemblée national), mais en prétendant diriger la Côte d’Ivoire, Soro devient son propre parrain et son propre conseiller. Il sait qu’il n’a pas – disons plus – droit à l’erreur et Dieu seul sait combien il en a déjà commis durant ces dernières années. Le poste de président de l’Assemblée nationale qu’il occupe depuis la dernière législature pourrait lui échapper s’il n’y prend garde. Et même s’il parvenait à se faire élire député chez lui à Sinématiali, il devra encore et encore s’assurer qu’Alassane Ouattara ne mette pas à exécution son souhait de créer le poste de vice-président de la République. Ce qui lui compliquerait davantage la tâche et barrerait sa route vers le fauteuil présidentiel. Une place qu’il lorgne depuis qu’il a été Premier ministre de Laurent Gbagbo puis d’Alassane Ouattara.
A un micron du palais présidentiel, il lui devient dès lors impérieux de se maintenir à ce niveau. Sinon bonjour la vie ordinaire avec tous les risques qu’elle suppose. En effet, descendre de l’actuel piédestal où tous les rêves les plus fous sont permis serait pour lui un véritable drame. Soro doit nécessairement, soit se maintenir à son fauteuil de président de l’Assemblée nationale, soit ravir le perchoir suprême à tous ses adversaires. Sa survie politique ou même sa vie tout court en dépend. Son adversaire certes les moins capé en termes de responsabilités politiques, mais le plus tenace et le plus cadeauté du moment, Ahmed Bakayoko n’a jamais été aussi bien loti dans un pouvoir au sommet. De ”petit” ministre des Tics sous Laurent Gbagbo, le natif de Séguéla est depuis avril 2011, l’incontournable patron de la sécurité de Côte d’Ivoire. Être le chouchou du couple présidentielle et garder la haute main sur la sécurité de tout un pays est assez rare comme privilège de nos jours. Une position très enviable et très envié que même des ministres de l’Intérieur et de la sécurité, n’ont pu atteindre avant lui.

Ahmed Bakayoko peut s’honorer d’être de la graine d’un Koffi Léon, ancien ministre de l’Intérieur très introduit auprès du président Félix Houphouët-Boigny. Forcément étant dans tous les secrets d’État, mot lui a été soufflé dans le creux de l’oreille avant que son mentor Alassane Ouattara ne décide de parler publiquement de son retrait politique. Tous les deux ou même trois, Alassane Ouattara, Dominique Ouattara et lui Ahmed Bakayoko en ont certainement discuté auparavant au cours d’un déjeuner ou d’un dîner ou même d’une séance de travail diligemment convoquée.
C’est un autre privilège dont son ennemi juré qui a certes eu son temps de grâce, ne peut se prévaloir depuis 2012. C’est en effet à cette date que tout se serait véritablement gâté pour l’ancien chef rebelle, lorsque les États unis d’Amérique par la voix l’ancienne Secrétaire d’État Hillary Clinton exigeait la tête de Soro Guillaume à la Cpi, au cours d’un bref tête-à-tête avec Alassane Ouattara la tête de Soro Guillaume à la Cpi. Mais savoir que le temps joue contre soit peut être un atout pour quiconque veut le pouvoir présidentiel coûte que coûte. Et se savoir aimé à la fois du président de la République et de la première dame du pays n’est en soit une garantie pour celui qui ne sait pas apprécier et confond raison d’État et privilèges personnels. Les jeux sont ouverts avant l’heure. C’est un quitte ou double. Ouattara l’aura voulu ainsi.

Simplice Allard